Qu’est-ce que vous faites ensemble ?
À la base de Mariedl, il y a trois porteuses de projets (Selma Alaoui, Émilie Maquest et Coline Struyf). Nous partageons nos processus artistiques et mutualisons nos moyens de production ; nous associons nos forces pour penser et produire des projets. L’idée est de partager et confronter nos rêves, nos ambitions, nos questionnements. Notre activité principale est la création de spectacles, en partenariat avec des institutions théâtrales. Dans notre structure, la « direction artistique » se traduit par l’idée de « cellule artistique », c’est-à-dire d’un groupe de travail et de réflexion qui constitue un noyau central. C’est de là que part le rayonnement de la compagnie. Cette « cellule » décide des directions à prendre, du type d’activités à développer et des objectifs à remplir. Depuis 2018, Aline Defour nous a rejointes, en tant qu’administratrice et coordinatrice de production.
Comment vous êtes-vous
trouvées ?
Nous avons toutes les trois étudié à l’INSAS. Sous l’impulsion de Selma Alaoui nous avons collaboré à un premier spectacle Anticlimax dont elle faisait la mise en scène. Cette première collaboration a vu la naissance d’un projet d’association : Mariedl, du nom de l’héroïne idéaliste et combative d’Anticlimax, qui transforme sa vulnérabilité en puissance et rêve de sauver le monde à grands coups de flots verbaux et poétiques.
Que refusez-vous ?
Qu’affirmez-vous ?
Mariedl n’a ni manifeste ni dogme, si ce n’est celui d’être au plus près de nos désirs et de nos questionnements – qui évoluent avec le temps et le monde dans lequel nous vivons. Nous avons la volonté de nous interroger de front sur les histoires à désirer, les utopies à fabriquer, les révoltes à exprimer pour exalter la beauté des altérités, les accidents de destins, des hors-champs. Incarner au plateau un monde en devenir. Nous refusons le défaitisme. Nous tendons à mettre en œuvre des projets qui donnent la place de rêver à des alternatives.
Quels sont vos objectifs ?
Peut-être notre maxime pourrait-elle être : « Faire de cet espace de création qui est le nôtre un endroit de liberté pour celles·ceux qui le font et celles·ceux qui viennent le voir. »
Comment travaillez-vous ?
Voilà plus de dix ans que nous tentons de faire grandir un agencement qui s’affranchit du modèle type de la compagnie, c’est – à‑dire du groupe dirigé par un metteur en scène-chef de troupe. Nous concevons la création théâtrale comme l’association de personnes aux talents complémentaires, considérant l’administration, la production, la technique, le jeu, la mise en scène comme les facettes indissociables d’un tout. D’ailleurs, le travail de Mariedl n’a jamais été univoque. Si nos processus appartiennent à une dynamique profondément semblable, nos résultats ne craignent pas d’être désassortis. Nous fuyons l’uniformité lisse parce qu’elle nous renvoie trop peu à la réalité que nous traversons : celle d’un monde complexe, tout autant désarmant que passionnant.
Comment se prend une décision ?
Au maximum de façon collégiale. Si nous n’arrivons pas à nous mettre d’accord, c’est la porteuse du projet qui prend la décision finale. Pendant le déroulement des répétitions, il est techniquement difficile de prendre toutes les décisions collégialement. Là encore, c’est la directrice artistique du projet à qui appartient le final cut – sachant que les autres conservent toujours un droit de veto.
Quelle est la vie organique
du groupe ? Qui entre, qui sort ?
(comment se vit la fidélité)
Il y a un noyau Mariedl présent depuis la fondation, qui effectue un travail de fond quotidien en administration, production, orientation artistique. Mais les équipes évoluent selon les projets : nous avons des collaborateurs ponctuels tant sur le plan technique qu’artistique. Bien sûr, certaines personnes travaillent à nos côtés depuis le début. D’autre part, nous cultivons chacune notre indépendance, en travaillant pour d’autres compagnies (comme comédienne, dramaturge ou conseillère artistique). C’est une manière de garder un imaginaire et un enthousiasme renouvelés. Ainsi, chaque saison, la configuration et l’organisation de Mariedl évoluent : nous réajustons ensemble notre mode de fonctionnement.
Le texte complet de l’entretien avec mariedl est à retrouver sur www.alternatives theatrales.be