Depuis quelques années, sous la direction de Philippe Quesne, le Théâtre Nanterre-Amandiers est devenu « le bastion de plasticiens-scénographes » qui « explorent les rives du genre fantastique et de la culture pop », soulignait une journaliste de Libération en avril 20191. De Théo Mercier à Suzanne Kennedy en passant par Gisèle Vienne, ils ont en commun un goût pour des dispositifs animés et des figures inanimées.
Avec Philippe Quesne : « L’art contemporain a clairement remis à l’ordre du jour les créatures les plus bizarres2. »À Nanterre, poupées, masques et mannequins s’invitent dans les installations des sculpteurs-performeurs Clédat & Petitpierre ou dans les créations de l’écrivain de plateau Joël Pommerat (du pantin de Collodi aux robots de Contes et Légendes).
Les scènes de l’artiste Philippe Quesne sont également peuplées de présences non humaines. Étants animaux, végétaux, presqu’humains, cohabitent dans ses drôles d’îlots de vie ou de survie. Dans La Nuit des taupes, ses interprètes entièrement masqués s’étaient habitués à la cécité des bêtes souterraines. Avec Farm Fatale, c’est l’imaginaire des épouvantails qu’ils ont épousé. Pour cette création 2018, entrée au répertoire du Kammerspiele de Munich, Philippe Quesne a réuni trois acteurs de la troupe allemande et deux de ses fidèles comédiens.
Dans un no man’s land et un futur proche, cinq fermiers activistes collectent des bruits du passé avant leur disparition définitive. Dans un décor épuré, bâche blanche, bottes de paille et fourche équipée de micro…
Les cinq épouvantails agricoles captent des chants d’oiseaux, interviewent une abeille !