L’invitation : POURAMA POURAMA de Gurshad 
Shaheman

Compte rendu
Performance

L’invitation : POURAMA POURAMA de Gurshad 
Shaheman

Le 21 Déc 2020
Gurshad Shaheman. Photo Jeremy Meysen.
Gurshad Shaheman. Photo Jeremy Meysen.
Gurshad Shaheman. Photo Jeremy Meysen.
Gurshad Shaheman. Photo Jeremy Meysen.
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 132 - Bruxelles, ce qui s'y trame
142

Poura­ma Poura­ma 1, pre­mière forme longue de Gur­shad Sha­he­man, artiste asso­cié au Théâtre Les Tan­neurs, est à la fois un grand souf­fle de l’intime et un ques­tion­nement de ses puis­sances : que sig­ni­fient cette con­fi­ance et cette ten­dresse ? Com­ment oser les faire exis­ter en soi, mal­gré la perte et la trahi­son ? Et de quelle manière ce jeu du proche, du com­plice et du dis­tant opère-t-il avec sa famille, ses amants, un pub­lic, des clients ? 

Nous pas­sons le plus clair de nos vies à osciller entre le plus secret de notre être et celui que nous livrons à la mise en scène sociale, et il est donc naturel d’une cer­taine manière que le spec­ta­cle com­mence sans avoir tout à fait l’air d’en être un : dans une salle vidée de ses gradins et de son plateau, les spectateur.rice.s sont invité.e.s à met­tre un masque en car­ton à l’effigie d’un homme, dont appren­dra plus tard que c’est le père du per­formeur, et à s’asseoir par terre, puis à pren­dre un verre de vod­ka à un bar où sert un Gur­shad Sha­he­man masqué égale­ment. Il va ensuite se met­tre au milieu du pub­lic, debout par­mi les spectateur.rice.s assis.es. Il regarde droit devant lui alors qu’apparaissent sur un grand écran les mots « Touch Me ». Quand un mem­bre du pub­lic le touche, une phrase reten­tit. Il ne faut guère longtemps pour qu’un ou une spec­ta­tricene vienne lui tenir longue­ment la main, pos­er sa tête con­tre son épaule ou le ser­rer dans ses bras. La voix préen­reg­istrée du per­formeur nous dévoile alors le réc­it de son enfance pen­dant que sont pro­jetées des pho­tos de famille. On y voit par exem­ple un petit garçon de qua­tre ans en culotte courte dans le désert, un fusil à la main. Il nous racon­te l’Iran en guerre des années 80, un père ingénieur mis­sion­né au front, dur et inac­ces­si­ble, qui rejette la sen­si­bil­ité de son fils et ne le touche jamais, une mère, des tantes et surtout une grand-mère aimantes, des rêves de robes ros­es et la soli­tude implaca­ble de l’enfant incom­pris, de l’enfant gay, de celui qui ne pour­ra jamais, et il le sait, répon­dre aux attentes pater­nelles.

Aucune expéri­ence d’exil n’est la même et pour­tant elles se ressem­blent sou­vent : l’apprentissage d’une nou­velle langue, de nou­velles cou­tumes, de nou­veaux paysages, le récon­fort apporté par celles et ceux qui con­nais­sent, même mal, la cul­ture d’origine ; la très grande vul­néra­bil­ité, la perte, l’étourdissement, la désori­en­ta­tion, l’enthousiasme aus­si .

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Caroline Godart
Caroline Godart est dramaturge, autrice et enseignante. Elle accompagne des artistes de la scène tout...Plus d'info
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