Sarah Vanhee nous lance des signes que nous pourrions attraper par la main

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Portrait

Sarah Vanhee nous lance des signes que nous pourrions attraper par la main

Le 24 Déc 2020
Sarah Vanhee dans Oblivion, mise en scène Sarah Vanhee, création novembre 2015 à Campo Victoria (Gand). Photo Bernhard Müller
Sarah Vanhee dans Oblivion, mise en scène Sarah Vanhee, création novembre 2015 à Campo Victoria (Gand). Photo Bernhard Müller

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Sarah Vanhee dans Oblivion, mise en scène Sarah Vanhee, création novembre 2015 à Campo Victoria (Gand). Photo Bernhard Müller
Sarah Vanhee dans Oblivion, mise en scène Sarah Vanhee, création novembre 2015 à Campo Victoria (Gand). Photo Bernhard Müller
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 132 - Bruxelles, ce qui s'y trame
142
« Tu as déjà travaillé ? », photo de Mathilde Maillard dans le cadre de son projet de réflexion et performance Club Travail.
« Tu as déjà tra­vail­lé ? », pho­to de Mathilde Mail­lard dans le cadre de son pro­jet de réflex­ion et per­for­mance Club Tra­vail.

Après une longue péri­ode de recherche théorique et de ter­rain, le nou­veau pro­jet de Sarah Van­hee, Bod­ies of Knowl­edge (BOK), qu’elle mène de front avec ses col­lègues Flo­re Her­man et Nadia Mharzi et en col­lab­o­ra­tion avec de nombreux·ses acteur·rice·s locaux·les, pren­dra place à l’intérieur d’une tente nomade qui sera instal­lée les prochains mois dans dif­férents quartiers de Brux­elles, annonçant « this is a place for learn­ing togeth­er ». BOK s’attache à l’idée que les cir­con­stances dans lesquelles on partage les savoirs sont aus­si impor­tantes que le con­tenu-même des savoirs qui s’échangent. Sarah Vanhnee fait par­tie de ces artistes brux­el­lois­es qui ques­tion­nent sans cesse le rap­port à la dom­i­na­tion (patri­ar­cale, colo­niale et autres) qui se niche dans chaque mot, rela­tion, sit­u­a­tion, qu’elle appa­raisse dans un con­texte quo­ti­di­en, artis­tique ou péd­a­gogique. Elle se/nous demande : “com­ment nous par­lons-nous ? com­ment parta­geons-nous nos idées, nos con­nais­sances ?” Et puisqu’elle nous invite sans cesse à nous empar­er de ses réflex­ions, en ces temps incer­tains où nous mar­chons sur des œufs cassés que nous ne sen­tons plus car un virus invis­i­ble nous a coupé l’odorat et le touch­er, je nous invite à pren­dre les pro­jets que Sarah Van­hee mène depuis 2007 comme des signes psy­cho-anar­cho-mag­iques en esquis­sant un horo­scope de la sai­son à venir, comme si une sta­giaire en for­ma­tion chez Rob Brezs­ny con­tem­plait les états du spec­ta­cle vivant pour débous­sol­er le futur.

HOROSCOPE 2021

BÉLIER

Bod­ies Of Knowl­edges (2020) est un pro­jet aux mille facettes qui se pense comme un safe space. La prise en compte de la façon dont chacun·e pour­ra s’exprimer à l’intérieur est pri­mor­diale. Pour se faire, le pro­jet se repense sans cesse, n’hésitant pas à chang­er sa struc­ture pour accueil­lir les besoins des nouveaux·elles arrivant·e·s. Aujourd’hui, de nom­breuses struc­tures, notam­ment péd­a­gogiques, inci­tent à l’analyse cri­tique des insti­tu­tions, mais pour autant ne l’appliquent que rarement à elles-mêmes. La force des pro­jets de Sarah réside notam­ment dans cette capac­ité à inté­gr­er les out­ils de l’analyse cri­tique dans le pro­jet-même afin de ten­ter de faire appa­raître et de dés­ac­tiv­er les enjeux de pou­voirs présents dans les gestes comme dans le lan­gage. 

Cher.e Béli­er, je t’invite à imag­in­er pour cette année à venir les out­ils d’autocritique qui te per­me­t­tront d’appliquer à toi-même ce que tu ques­tionnes chez les autres. Des portes inat­ten­dues, douce­ment et curieuse­ment intro­spec­tives devraient s’ouvrir à toi. N’hésite pas à impli­quer des herbes, des fruits et des feuil­lages dans la fab­ri­ca­tion de ces out­ils.

GÉMEAUX

Quand je dis­cute avec des artistes de leurs « pro­jets », en arrière-pen­sée je me demande sou­vent : « Mais est-ce qu’iel va bien ? Est-ce qu’iel ne tra­vaille pas trop en ce moment ? » Je m’interroge sou­vent sur le fait que les artistes qui tra­vail­lent sur les con­di­tions éthiques d’organisation du tra­vail ne sem­blent pas appli­quer ces con­di­tions à elleux-mêmes. Iels frô­lent sou­vent le burn-out et, mal­gré qu’iels les dénon­cent, ne sem­blent pas résis­ter aux charmes des con­di­tions (sou­vent) déplorables qui vont de pair avec le fait d’être un.e « pro­lé­taire intellectuel.le », pour repren­dre le terme d’Emma Gold­man. 

Je t’invite, Gémeaux, à te pos­er cette ques­tion : « Est-ce que je me respecte autant que je respecte mon tra­vail ? », et je te pro­pose de choisir une per­son­ne de ton entourage à qui tu deman­deras d’être ta mar­raine ou ton par­rain professionnel.le afin qu’iel veille à ta san­té men­tale pour l’année qui s’en vient.

TAUREAU

Dans Bod­ies of Knowl­edge (2020), Sarah Van­hee invite des indi­vidus sans exper­tise par­ti­c­ulière dans une tente nomade, instal­lée à dif­férents endroits de Brux­elles, pour partager un savoir, quel qu’il soit, sans que celui-ci soit lié à sa fonc­tion offi­cielle. L’une des idées sur laque­lle s’appuie Bod­ies of Knowl­edge est le con­cept de « sen­tipen­sar » ou « sens­ing­think­ing » dévelop­pé par la pro­fesseure mex­i­caine Xóchitl Ley­va Solano et qui con­voque « d’autres pra­tiques de la con­nais­sance », qui peu­vent par exem­ple pren­dre la forme d’une pra­tique physique. 

Tau­reau, quelles sont les con­nais­sances « sen­tipen­sar » que tu aimerais partager dans un futur proche ? C’est le moment de not­er sur un papi­er ayant déjà servi six choses, six choses que tu serais heureux.se de partager prochaine­ment avec ton entourage et de les con­sid­ér­er comme des savoirs qui impor­tent.

CANCER

Pen­dant un an de vie et de tra­vail, Sarah Van­hee a essayé de ne rien jeter. De novem­bre 2014 à novem­bre 2015, elle a gardé toutes les traces de sa vie, matérielles et dig­i­tales, des spams aux vête­ments usés jusqu’aux mau­vais­es idées. Elle a con­sid­éré chaque chose comme quelque chose. Puis elle a essayé d’écouter ce que cha­cune de ces choses avait à lui dire. Et elle a trans­for­mé tout cela en une per­for­mance inti­t­ulée Obliv­ion. Dans sa nou­velle pièce, “Warm up”, l’artiste québé­coise Mykalle Bielin­s­ki s’impose comme con­trainte de fab­ri­quer un spec­ta­cle unique­ment avec l’énergie qu’elle peut pro­duire sur scène.

 « Imag­ine un endroit où tu te trou­verais reconnecté·e à tout ce que tu as jeté, sup­primé, effacé, mis à la poubelle. Objets, pen­sées, rela­tions » nous dit Sarah. Et imag­ine que c’est toi, cher.e Can­cer, qui devrais génér­er l’énergie pour fab­ri­quer tout ce que tu pos­sèdes. Quelles choses garderais-tu du passé et du présent ?

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Sarah Vanhee
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Mathilde Maillard
Mathilde Maillard est travailleuse, autrice, performeuse, cheffe de famille, opératrice-thérapeutique, chanteuse-chorale, militante. Elle travaille sur...Plus d'info
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