En tant que productrice, j’ai la chance de voir évoluer l’artiste Lucile Choquet et d’être au plus près de sa pensée et de son travail artistique. Ma perspective n’est donc pas critique mais plutôt descriptive, résolument « de l’intérieur », intimement mobilisée par la pertinence de son geste. Le 14 février 2020 a eu lieu à La Bellone la première expérimentation publique de la pièce Jusque dans nos lits de Lucile Choquet. Elle faisait suite à une résidence de dramaturgie de deux semaines où elle explorait au plateau les questions que sous-tendent une dramaturgie féministe décoloniale intersectionnelle. Cette recherche, en mouvement et à ses débuts, est à suivre dans son évolution, et de nombreuses étapes et rendez-vous sont d’ailleurs aujourd’hui programmés. Ceci étant dit, ses fondements dramaturgiques nous apparaissent déjà avec une grande clarté.
« Comment aimer lorsque l’on grandit dans la haine de soi ? Je m’appelle Lucile Saada Choquet, je suis une femme noire, adoptée, artiste et précaire. Je fais l’expérience d’une colère féministe antiraciste et anticapitaliste. Ma pratique artistique interroge cette colère politique et les conditions de son énonciation.
Comment déployer sa joie lorsque
vous vous trouvez à l’intersection de
plusieurs systèmes de domination ?1