Chanson : inspiration et écriture dans des spectacles de Johanny Bertet des Sea Girls

Parole d’artiste
Cabaret

Chanson : inspiration et écriture dans des spectacles de Johanny Bertet des Sea Girls

Le 13 Nov 2023
Vincent Martin, Bassem Ajaltouni, Prunella Rivière, Delphine Simon, Judith Rémy, Agnès Pat’ dans Les Sea Girls – La Revue, mise en scène de Philippe Nicolle, création 2015 à la Halle aux Grains-Scène Nationale de Blois. Photo Christian Fany.
Vincent Martin, Bassem Ajaltouni, Prunella Rivière, Delphine Simon, Judith Rémy, Agnès Pat’ dans Les Sea Girls – La Revue, mise en scène de Philippe Nicolle, création 2015 à la Halle aux Grains-Scène Nationale de Blois. Photo Christian Fany.
Vincent Martin, Bassem Ajaltouni, Prunella Rivière, Delphine Simon, Judith Rémy, Agnès Pat’ dans Les Sea Girls – La Revue, mise en scène de Philippe Nicolle, création 2015 à la Halle aux Grains-Scène Nationale de Blois. Photo Christian Fany.
Vincent Martin, Bassem Ajaltouni, Prunella Rivière, Delphine Simon, Judith Rémy, Agnès Pat’ dans Les Sea Girls – La Revue, mise en scène de Philippe Nicolle, création 2015 à la Halle aux Grains-Scène Nationale de Blois. Photo Christian Fany.
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 143 Cabaret - Althernatives Théâtrales
150 – 151

En 2019, Johan­ny Bert, met­teur en scène et inter­prète, m’a com­mandé, ain­si qu’à d’autres, des chan­sons pour son spec­ta­cle-cabaret Hen. La demande était vaste, le per­son­nage mar­i­on­net­tique offrant une lib­erté de ton et d’action presque sans lim­ites. Je souhaitais par­ticiper à ce champ des pos­si­bles sans tabous. L’idée m’est venue très vite d’une ode au cli­toris. J’ai com­mencé à fre­donner dif­férents airs, et le tan­go s’est imposé.

L’écriture d’une chan­son naît, pour moi, de la mélodie. Une fois le thème choisi, c’est d’abord quelques notes ou un rythme qui me don­nent la struc­ture, le texte s’y love. Le sujet guide les mots, mais tou­jours en musique. Puis un jeu de ping- pong s’engage. Le mot aura tou­jours le dernier mot, car c’est surtout de cela qu’il s’agit. J’aime cet exer­ci­ce de style dans lequel je peux com­par­er le cli­toris à une queue, à une fleur, par­ler de son par­fum, inclure la ques­tion du genre. Comme me l’a fait remar­quer un ami com­pos­i­teur, j’utilise sou­vent un vocab­u­laire qui ne devrait pas appa­raître dans une chan­son, ici : ori­fice.
C’est la deux­ième fois que j’écris un tan­go.
Le pre­mier « Tan­go et saucis­son » est apparu dans le spec­ta­cle des Sea Girls La Revue (mis en scène de Pierre Nicolle). Le tan­go se danse à deux, quel que soit le genre de son·sa parte­naire, quelque­fois seul et, parce qu’il y a quelque chose de lan­goureux et d’exo- tique dans cette musique, les mots peu­vent être crus, voire incon­grus. C’est ce con­traste que je recherche. Cette dis­tance per­met de ne pas se pren­dre au sérieux, quitte à aller jusqu’au clin d’œil un peu potache : « un doigt reste tou­jours un doigt ».
La chan­son écrite pour le cabaret a cela de par­ti­c­uli­er qu’elle peut jux­ta­pos­er le dra­ma­tique avec le loufoque, le ridicule avec le beau, le ten­dre avec le cru­el. Plus le con­traste est grand, plus le rire sera grinçant. Elle reste surtout au ser­vice de l’artiste qui s’en empare. Dans ce cas pré­cis, Hen. Après un cun­nilin­gus explosif fait par un pro­jecteur posé sur la scène, Hen inter­prète ce titre en se démem­brant, devenant presque une œuvre cubiste.
Cli­tan­go appar­tient, avec humil­ité, à la longue liste des chan­sons qui utilise ce genre musi­cal : Le Tan­go neurasthénique (Georgus/P. Chagnon, inter­prète Georgus), 1922 ; Y avait un thé­tan­go (C. L Pothier/C. Borel-Clerc inter­prète Alib­ert), 1927 ; Le Tan­go stupé­fi­ant (H. Cor et P. Olive/R. Car­cel inter­prète par Marie Dubas), 1936 ; Les Joyeux Bouch­ers (B. Vian/J. Wal­ter), 1954 ; Le Tan­go des cocus (B. Big/J. Swit­ten inter­prète A. Boul­mé), 1970 ; Lumière tan­go (Boby Lapointe), 1971, et telle­ment d’autres.

Clitango

C’est le tango du clitoris
Au chaud dans le creux de mes cuisses
Il est dans son écrin de chair
Parfois caché, parfois offert

C’est le tango des lits mouillés
Après une nuit endiablée
Je suis fontaine, je suis ruisseau
Vas-y plonge-toi dans mes eaux
C’est le tango du clitoris
De mon ravissant appendice
Qui se gonfle, se gorge de sang
Quand tu le lèches longuement
C’est le tango de l’érection
D’un tout petit bout de mon con
Si tu l’excites un tant soit peu
Il se dressera comme une queue

C’est le tango du clitoris
Au milieu d’un bouquet d’iris
Mes lèvres sont comme des pétales
Dont les effluves te régalent

J’accueille tous les genres en somme
Les trans, les pans, les femmes, les hommes
Et s’ils sont les deux à la fois
Un doigt reste toujours un doigt
C’est le tango du clitoris
Goûte-moi c’est un vrai délice
L’orgasme arrive je le sens
C’est bon, encore, non, non… attends

C’est le tango de la jouissance
Il n’y a pas de coïncidence
Oublie un peu les orifices
Vas-y, dévore mon clitoris

N. B. Vous remar­querez que fréquem­ment, dans les chan­sons qui utilisent un genre musi­cal pré­cis, tan­go, java, valse, rock…, le terme est sou­vent util­isé dans le titre de la chan­son : C’est La Java bleue (G. Koger‑N. Renar/V. Scot­to), Invi­tan­go (J. M Rivière/G. Bour­geois), La Valse à mille temps (J. Brel), Jail­house Rock (Jer­ry Leiber/Mike Stoller), ce qui est plus rare dans le réper­toire actuel.

Parole d’artiste
Cabaret
Johanny Bert
Prunella Rivière
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