Contrairement au théâtre dit pour adultes, l’édition de textes de théâtre jeune public s’est surtout développée depuis la fin des années 1980. Cette date récente s’explique sur le plan historique : que ce soit en France ou en Belgique francophone1, le théâtre jeune public connaît une période de « renouveau » à la fin des années 1960 et surtout pendant les années 1970, sur la base d’un travail réalisé à partir du plateau, souvent sous la forme de créations collectives2.
En effet, les artistes qui s’engagent à cette période dans le théâtre jeune public ont une nouvelle vision du théâtre à destination de la jeunesse. Celle-là s’inscrit dans une démarche d’exigence artistique de qualité, et l’instauration d’un rapport avec les jeunes qui se trouve libéré de toute forme de paternalisme ou d’autoritarisme (dans la foulée des nouvelles idées brassées lors de Mai 68)3. Les textes théâtraux pour la jeunesse de l’époque ne leur convenant pas (car jugés trop moralisateurs ou infantilisants), elles et ils ont entrepris de créer leurs propres histoires, à partir du plateau.
En Belgique francophone, nous sommes à l’époque des premières créations du Théâtre Isocèle, du Théâtre de Galafronie, d’Agora Théâtre, de la Compagnie de la Casquette, des Ateliers de la Colline, ou encore de la Compagnie Gare centrale4, entre autres, qui créent à partir d’expérimentations au plateau et non sur la base d’un texte préexistant5. En France, à la même période, entre 1978 et 1981, les centres dramatiques nationaux pour l’enfance et la jeunesse sont créés6 et le chercheur Nicolas Faure souligne que le théâtre jeune public français de cette période « se construit notamment en réaction contre le théâtre institutionnel, au répertoire figé7 ».