C’est l’histoire… d’un lieu où se racontent plein d’histoires. Alors que l’été va vers son terme, on y arrive curieux1, les sens en alerte, avide de découvertes, prompt à ouvrir de multiples portes sur autant d’horizons singuliers, surprenants, riches et variés ; heureux de retrouver ce qui ressemble à une famille. Le cœur un peu serré aussi, en pensant à tous ces créateurs qui viennent jouer, sinon leur vie, du moins celle de leur spectacle et des saisons à venir. Après de longs mois, des années parfois, de création, de réflexion, de recherche et d’éclosion.
Ces créateurs le savent, l’endroit est incontournable. Passage obligé pour espérer rencontrer celles et ceux à qui ils ont pensé tout ce temps et à qui ils veulent, avant tout, s’adresser : les enfants et les adolescents. Alors, ils acceptent de jouer devant des adultes uniquement ! Car ces professionnels feront office de sésame.
Dans ce lieu, il faut se frayer un passage dans des allées consacrées annuellement à une immense foire. En bord de fleuve, on y circule entre les sons tonitruants d’attractions en tout genre pour rejoindre le silence et la pénombre des salles. Inventées, pour la plupart. Aménagées dans des écoles, occultées et réorganisées pour accueillir chaque création avec le plus de soin possible. Le lieu de retrouvailles, de drinks, de séances plus officielles, est, lui aussi, un espace aménagé ad hoc : une cour d’école transformée en bar, en cantine extérieure, en zone de cérémonie avec un podium d’accueil potentiel de ministres pour les moments plus formels et en dance floor pour les plus informels. Non loin de là, un internat est mis à disposition pour celles et ceux qui ne reprendront pas la route, n’iront pas à l’hôtel ou en chambre d’hôtes.
Dans cet endroit comme il n’en existe nulle part ailleurs, les festivaliers qui n’en sont pas, puisqu’il ne s’agit pas d’un festival, peuvent découvrir jusqu’à six, voire sept représentations par jour. S’ils décident de tout voir, ils repartiront de là, après huit jours, avec les traces d’une quarantaine de spectacles dans les mirettes, la tête et le cœur.
On ne ressort jamais de cet endroit-là tout à fait pareil. On y grandit toujours un peu. On mesure à quel point la création artistique peut toucher, secouer, transformer… On se redit combien le sens est grand de faire se rencontrer cette création-là et les plus jeunes.
Cet endroit s’appelle les « Rencontres Théâtre jeune public ». Elles se déroulent à Huy depuis 1985 (sauf en 1987, où elles se déroulèrent à Arlon, et en 2020, où elles furent annulées en pleine crise sanitaire). Elles avaient pris leurs quartiers, successivement, dans plusieurs villes wallonnes avant de s’ancrer dans la cité mosane2. La Province de Liège a décidé de consacrer du temps, de l’énergie et de l’argent pour les accueillir au mieux, été après été, au lendemain des festivités du 15 août3.
Le temps d’une semaine, l’événement réunit les professionnels du secteur autour de quelque 150 représentations, avec environ 13 000 places, occupées majoritairement par des programmatrices et programmateurs (dont une quarantaine en provenance de l’étranger et de Flandre), des artistes, des représentants des pouvoirs publics, des journalistes… Dans une dizaine d’espaces intérieurs ou extérieurs aménagés partiellement ou totalement.