Les Yamabushi ont plusieurs visages

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Entretien avec Murobushi Kô

Le 7 Avr 1985
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Article publié pour le numéro
Le butô et ses fantômes-Couverture du Numéro 22-23 d'Alternatives ThéâtralesLe butô et ses fantômes-Couverture du Numéro 22-23 d'Alternatives Théâtrales
22 – 23
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Pour qui s’imag­ine que tous les danseurs de butô croupis­sent dans le dénue­ment le plus ascé­tique pour l’amour de leur art, le stu­dio de danse d’Ari­adonê — qui est aus­si le logis de Car­lot­ta Ilke­da, « danseuse étoile » de la troupe, et de son choré­graphe Murobushi Kô — con­stitue un ras­sur­ant démen­ti : c’est une sobre demeure tra­di­tion­nelle, tapie en retrait d’un élé­gant por­tail, au fond d’une impasse dans le quarti­er d’Oomori, L’ai­sance vol­u­bile de Murobushi ne con­traste pas moins avec la réserve de sphinx der­rière laque­lle il lui arrive de se retranch­er en Europe : dans son décor fam­i­li­er et en con­fi­ance avec son inter­prète, Murobushi est le plus adorable des bavards…

Murobushi Kô : La pre­mière chose qui m’a attiré vers les yam­abushi1 est qu’ils ne sont pas vrai­ment des religieux : mi-prêtres, mi-hommes dans le monde, ils ont cette posi­tion inter­mé­di­aire et ambiguë qui est, pour moi, l’essence même du butô égale­ment — cette façon d’être qui fait de la danse un point de ren­con­tre et un trait d’u­nion entre deux mon­des, l’hu­main et le non-humain ou, comme on dis­ait anci­en­nement, le monde des hommes et la sphère divine des kami.

De la quan­tité d’é­tudes socio-cul­turelles qui ont été récem­ment con­sacrées aux yam­abushi, je retiens qu’ils sont avant tout des mes­sagers, des médi­a­teurs entre les dieux et les hommes, comme Her­mès dans la mytholo­gie grecque — et comme lui aus­si sus­cep­ti­bles de col­porter la vérité aus­si bien que le men­songe !2 Mi-pro­fanes, mi-religieux, les yam­abushi ont plusieurs vis­ages : inter­mé­di­aires entre les dieux et les hommes, le ciel et la terre, la mon­tagne et la val­lée — mais ils peu­vent aus­si réu­nir plusieurs com­mu­nautés, plusieurs pays entre eux -, ce sont eux encore qui présen­tent les offran­des humaines aux esprits, inter­cè­dent pour les miko3 avant la pos­ses­sion, et tous ces rôles ont quelque chose d’ex­trême­ment butôesque. Mon pre­mier con­tact avec les yam­abushi remonte à 1968 — la grande époque où on lisait Fou­cault et s’oc­cu­pait de décon­stru­ire des struc­tures dev­enues trop nettes. J’é­tais étu­di­ant, mais je voulais être un non-étu­di­ant4 et un non-tra­vailleur, sans place dans la société, vivant ma vie au grand air.

Daniel De Bruy­ck­er : En hinin ?5

M.K. : C’est le mot qu’u­tilisent les yam­abushi pour sig­ni­fi­er leur non-appar­te­nance, leur indépen­dance de tout. C’est une notion fon­da­men­tale de la tra­di­tion artis­tique japon­aise — déjà dans le nom de Zea­mi, le fon­da­teur du nô, la par­tie ami ren­voie à cette notion d’homme sans attach­es, de nomade6 -, la con­no­ta­tion néga­tive étant un phénomène net­te­ment plus récent :au sens où les yam­abushi utilisent encore le terme, il s’ag­it bien plus d’un super­man (mais au sens pop­u­laire plutôt que niet­zschéen).

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Murobushi Kô
Murobushi Kô, dirige, en association avec Carlotta lkeda, la troupe féminine de butô Ariadonè, qui...Plus d'info
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