Vyasa
un âge noir s’approche les sages ne l’ignorent pas et peu de choses survivront mais on m’a raconté cette histoire écoute bien avant que nous partions
Tous se disposent à écouter Vyasa
Vyasa
il y a longtemps toutes les créatures avaient péri ce monde n’était plus qu’une mer un marécage gris brumeux froid un vieil homme restait seul épargné par la destruction il s’appelait Markandeya il marchait il marchait dans l’eau glauque épuisé ne trouvant nulle part un asile un être vivant l’esprit désespéré et la gorge pleine d’angoisse soudain sans savoir pourquoi il s’arrêta il se retourna et il vit un arbre surgi dans le marais un figuier et au pied de cet arbre un enfant souriant très beau
L’adolescent prend place et joue la scène avec Vyasa.
Vyasa
Markandeya s’arrêta essouflé chancelant ne comprenant pas la présence de cet enfant
Adolescent
et l’enfant lui dit : je vois que tu cherches le repos entre dans mon corps
Vyasa
le vieil homme sentit en lui subitement un grand dédain pour une longue vie humaine l’enfant ouvrit la bouche un vent se leva très fort et Markandaya se sentit attiré emporté vers cette bouche il y entra malgré lui tout entier et tomba dans le ventre de l’enfant arrivé là en regardant autour de lui il vit un ruisseau des arbres des troupeaux il vit des femmes qui portaient de l’eau une ville des rues des foules des fleuves oui dans le ventre de l’enfant il vit la terre entière calme et belle il vit l’océan il vit le ciel immense il marcha longtemps pendant plus de cent ans sans jamais atteindre la fin de ce corps puis un vent se leva de nouveau il se sentit aspiré vers le haut il sortit par la bouche même de l’enfant et il le vit sous le figuier
Adolescent
l’enfant le regarda en souriant et lui dit : j’espère que tu es reposé maintenant
Adaptation du Mahabharata, texte de Jean-Claude Carrière