Il n’y a pas de vraie vie dans la fausse.

Il n’y a pas de vraie vie dans la fausse.

Le 20 Juin 1991
Agathe Alexis, Christian Ruché. ÉPAVE. Photo Alain Donot
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Mettre en scène aujourd'hui-Couverture du Numéro 38 d'Alternatives ThéâtralesMettre en scène aujourd'hui-Couverture du Numéro 38 d'Alternatives Théâtrales
38
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I

Revivre,
au début,
là où l’en­fance n’a pas encore com­mencé,
quelque part entre le pre­mier souf­fle et le pre­mier cri,
ou bien juste avant la fin quand cette vie fausse se brise.
Un vent se lève
qui par­le aux arbres
feuille par feuille.

II

Écrire sur le tra­vail de Chris­tian Schiaret­ti, est dif­fi­cile pour moi. Cela peut sur­pren­dre ; ce n’est sûre­ ment pas la matière qui manque. Comme le dit un proverbe alle­mand : « Quand le cœur est bien rem­pli, la bouche débor­de ». Et voilà. Le cœur est bien rem­pli, — la tête aus­si -, et pour­tant la bouche ne débor­de pas. Serait-ce le trop-plein qui pose pro­blème. Sans aucun doute. Mais c’est aus­si par pudeur et par dis­cré­tion que les mots hési­tent à venir. Un jour nos chemins se sont croisés, dans cette ca­ve à char­bon théâ­trale, notre forteres­se-oubli­ette : l’Atalante.
Tout être humain est com­plexe : le tra­vail de Chris­t­ian Schiaret­ti a beau­coup de facettes, j’en con­nais seule­ment quelques unes. Chaque fois que j’ai tra­vail­lé avec lui, j’en ai dé­couvert d’autres. D’ailleurs, cha­cun de nous a ses soli­tudes ; elles sont tout autant néces­saires à la créa­tion que le tra­vail en équipe, sinon il n’y a pas de bon théâtre.
Il y a un temps pour par­ler, il y a un temps pour le silence : je suis in­capable de mêler ma voix aux bavardages médi­a­tiques. Con­traire­ment à cer­taines idées reçues le dra­maturge n’est pas la concierge intel­lectuelle du théâtre. J’e­spère que ces lignes ne me démen­tiront pas.
Il y a un temps pour le silence. Je le garderai quand cela me sem­ble con­ven­able. Le théâtre se fait avec des êtres humains ; il est frag­ile, pré­caire, il est fait comme eux. Dans sa forme la plus pure c’est un « exper­i­men­tum mun­di », une expéri­men­ta­tion du monde ; il est utopique parce qu’il est rad­i­cal. Le cou­vrir de mors inadéquats tend à le détru­ire. D’ailleurs la dis­tance encre l’échec et la réus­site y est fine comme une lame de rasoir. Et le silence est néces­saire pour que nous puis­sions danser sur cette lame. C’est ce que j’ai appris en tra­vail­lant avec Chris­t­ian. Et puis il y a le silence qui con­fine à l’énigme, à ce qui ne peut être per­cé ni saisi par la parole, sauf par celle de la poésie… peut-être. C’est le silence de la créa­tion, creuser où se fondent l’art de la mise en scè­ne, l’art du texte et l’art du comé­di­en pour don­ner nais­sance à l’œu­vre théâ­trale. C’est ce silence-là qu’on entend dans les moments essen­tiels des répéti­tions. On l’en­tend. Le silence et la ten­dresse de Chris­t­ian sont l’expres­sion con­séquence de sa rad­i­cal­ité.
Il y a un temps pour la parole, une parole claire, sincère, con­science, une parole qui dénonce, qui met en douce et qui est hos­tile à roue faux com­pro­mis. Chris­t­ian pos­sède le don de cette parole. C’est un enne­mi juré de toute mys­ti­fi­ca­tion. Il se refuse à entour­er sa pra­tique d’une aura que l’évo­lu­tion his­torique a détru­ire de­puis longtemps — heureuse­ment. Et si quelque part on com­mençait à lui vouer un cer­tain culte qui dans la plu­part des cas relèverait plutôt du mar­ket­ing cul­turel, ce culte rat­erait sa cible : il est tout sim­ple­ment inadé­quat. Nous allons donc par­ler, de Chris­t­ian, de son tra­vail. Et d’une manière sobre. Cela est con­forme à son esprit.
Il y a la vérité du silence, il y a la vérité de la parole. Entre ces deux pôles jail­lit une petite étin­celle, de temps en temps : la vérité.

III

Votre des­tin est assuré tou­jours
vous étiez sûrs de vos affaires aus­si
quand vous êtes mon­tés
dans ces camions
aux grandes croix rouges pein­turlurées
pour pren­dre la douche
der­rière le bosquet de hêtres
vous-mêmes aus­si
quand vous trou­viez
le moyen opti­mal
de vous trans­former en marme­lade.

IV

Celui qui con­naît le tra­vail de Chris­t­ian Schiaret­ti, est frap­pé par une qual­ité con­stante : sa recherche patiente et intense d’une écri­t­ure scé­nique juste. Elle cor­re­spond à une exi­gence fon­da­men­tale qui découle de la dialec­tique sub­tile et com­plexe entre la forme et le con­tenu telle qu’elle a été décrite par Adorno : il faut que la forme d’une œuvre soit
« son con­tenu sédi­men­té ». Cette exi­gence est aus­si bien d’or­dre éthique que d’or­dre esthé­tique.
Par­lons de l’ex­i­gence éthique. Le con­stat de Brecht que la conversa­tion sur les arbres con­fine au crime parce qu’elle inclut tant de silence sur tant de crimes, est plus val­able que jamais. Mais on fait tout pour noy­er ce con­stat dans un flot d’im­ages et de paroles. La sur­face lisse de la réal­ité est trompeuse ; les gouf­fres restent ca­chés jusqu’au dernier moment. Telle est l’ex­péri­ence fon­da­men­tale de notre siè­cle qui a trou­vé son point — provi­­soire­ment- cul­mi­nant à Auschwitz et Hiroshi­ma. Se méfi­er du faux sem­blant de la réal­ité, com­pren­dre que les apoc­a­lypses com­men­cent toutes petites, à peine per­cep­ti­bles, c’est ce que Chris­t­ian a appris très tôt. C’est la con­science de cette réal­ité qui le force à la justesse et c’est en ce sens que celle-ci est une exi­gence éthique et non seule­ment une exi­gence for­melle. De tout temps, il a été dif­fi­cile de faire des images adéquates à son époque ; le « men­tir vrai » de l’art théâ­tral a sou­vent cédé le pas à l’es­thétique de l’emballage. Ne pas trou­ ver la forme juste, c’est men­tir. Cette vérité rad­i­cale de l’art qui ne tolère pas la médi­ocrité, se trou­ve au­jourd’hui démen­tie par la mon­tée des pra­tiques théâ­trales qui font de l’em­ballage une valeur en soi, non pas par­ ce que les faiseurs de théâtre en ques­tion seraient des inca­pables, mais par­ ce qu’ils ont con­sciem­ment capit­ulé devant la com­plex­ité con­tra­dic­toire de la réal­ité qui les entoure. Appelons cela tri­om­phe de la rai­son cynique, eux ils con­tin­ueront à l’ap­pel­er « post­ mod­ernisme ». La réduc­tion de l’art théâ­tral à son pur aspect culi­naire lui donne le goût du « fast food ».
Tout ce que je con­nais du tra­vail de Chris­t­ian Schiaret­ti, est inspi­ré de la démarche con­traire. Le but de sa pra­tique de met­teur en scène est d’obtenir pour le con­tenu de chaque œuvre une artic­u­la­tion formelle en pro­fondeur, artic­u­la­tion qui s’é­tend jusqu’au moin­dre détail. C’est à tra­vers cette artic­u­la­tion que les effets scéniques, le jeu des comé­di­ens et le texte se con­stituent en une unité qui est plus que la somme des moyens es­ thé­tiques employés. Pour Chris­t­ian l’ar­tic­u­la­tion et l’u­nité sont fonc­tion de la vérité qu’il s’ag­it de trou­ver sur la scène. L’esthé­tique est fonc­tion de l’éthique : c’est ce qui explique son in­ tran­sigeance, sa haine vis­cérale à l’é­gard d’un théâtre qui cache sa futi­lité en mul­ti­pli­ant les effets. Un tel théâtre ment, et parce qu’il ment, il devient monot­o­ne, aus­si impor­tante que soit la quan­tité ou la qual­ité des moyens employés

Jean-Marc Bory, Serge Maggiani.
LE LABOUREUR DE BOHÊME. Photo Gérard Richard
Jean-Marc Bory, Serge Mag­giani. LE LABOUREUR DE BOHÊME. Pho­to Gérard Richard

On ne devient pas artiste quand on n’est pas arti­san. Et on ne devient pas homme de théâtre en pour­suiv­ant une car­rière rec­tiligne : « Dieu écrit droit en lignes courbes », dit un proverbe por­tu­gais. Le chemin qui a mené Chris­t­ian à la mise en scè­ne est tout sauf rec­tiligne. Cer­tains élé­ments dans sa biogra­phie me rap­pellent la tra­jec­toire de ce jeune ou­vrier, per­son­nage prin­ci­pal du grand roman de Peter Weiss : L’ESTHÉTIQUE DE LA RÉSISTANCE. Issu d’un milieu ouvri­er, il s’est mis à étudi­er et à s’ap­proprier avec acharne­ment une cultu­re qui ne lui était pas for­cé­ment des­tinée, en y cher­chant les vérités qui le porteraient plus loin, vers la sienne pro­pre qui ne sera jamais celle d’un bour­geois. Et parce qu’il a tou­jours été con­scient de la néces­sité du savoir, il a étudié à l’u­ni­ver­sité la philoso­phie et la lit­téra­ture. Pour­tant, il reste « métèque » comme il a l’habi­tude de dire, étranger dans son pays même. Sa mar­gin­al­ité n’est pas un jeu nar­cis­sique mais l’ex­pres­sion con­stante d’une atti­tude cri­tique.
Un jour à l’Ata­lante je l’ai vu tra­vailler avec son père. Ils étaient en train de con­stru­ire les décors métal­liques pour ROSEL et DOUCE NUIT. Chris­t­ian avait un chalumeau à la main et il soudait le métal avec la mê­me patience, le même acharne­ment tran­quille, la même con­cen­tra­tion se­reine qu’il mon­tre quand il étudie un texte ou quand il dirige les comé­di­ens. S’il dit de lui-même qu’il est d’abord arti­san, ce n’est pas un vam­mot, c’est la vérité.
Met­teur en scène, ouvri­er, tech­ni­cien, scéno­graphe, comé­di­en, péd­a­gogue, — aus­si jeune qu’il est, Chris­t­ian a une pro­fonde con­nais­sance des pos­si­bil­ités matérielles du théâ­tre : c’est un arti­san poly­va­lent qui a fait son appren­tis­sage sou­vent d’une manière douloureuse. Il est dif­fi­cile de cir­er la char­rette en marge des ins­titutions, mais pour avoir suivi aus­si des chemins mar­gin­aux, je pense que cette expéri­ence a été indis­pens­able. Elle nous donne une endurance, une soif de lib­erté qui ne mour­ront pas cane que nous garderons le sou­venir de nos orig­ines.
Il est temps de par­ler du lieu de nos angines artis­tiques com­munes : l’Ata­lante. C’est là, dans ce théâtre minus­cule situé dans les sous­ sols du Théâtre de [‘Ate­lier que Chris­t­ian a dévelop­pé, au fil de ses mis­es en scène, sa con­cep­tion du théâtre, tout comme Agathe Alex­is et Alex­is Barsacq la leur, tout comme moi la mienne. Est-ce au hasard qu’on doit notre ren­con­tre) Quant à moi, pau­vre chleu en rade, je ne le sais pas. Mais il est sûr que mal­gré la diver­sité de nos orig­ines, nos points de départ étaient proches. Chez tous ceux qui ont fait par­tie de l’équipe, il y avait le même désir d’ex­péri­menter le monde en osant expéri­menter sur le plateau, la même volon­té de lut­ter con­tre une pra­tique théâ­trale affadie par les com­pro­mis et les com­pro­mis­sions mon­daines, la même inten­tion de sauve­ garder les dimen­sions sociales, poli­tiques, éthiques du théâtre. Nous étions pau­vres, beau­coup d’en­cre nous le sont tou­jours, mais cette pau­vreté a été notre richesse : elle nous a oblig­és à être ingénieux. C’est la ruse de la rai­son. On aurait bien voulu y faire aus­si du théâtre pour les pau­vres, mais les pau­vres ne sont pas venus. Nous n’avons peut-être pas assez employé de rus­es pour les faire venir. En cout cas nous n’avons pas échap­pé au dilemme fon­da­men­tal qui car­ac­térise de celles entre­pris­es : l’Ata­lante était notre bas­tion, mais aus­si notre ghet­to, un lieu qui neu­tral­i­sait les effets de notre tra­vail. Ou comme le dis­ait Chris­t­ian dans une inter­view accordée à une revue de théâtre alle­mande : « l’Ata­lante est mon lieu de résis­tance, mais je ne sais pas très bien à quoi je résiste. Tout est si mou. »
Pour­tant, rien au monde ne nous coupera de ce lieu. Il est comme le petit creux de mes deux mains jointes : je souf­fle dedans et j’ai chaud.

Né le 28 août 1955.

Études uni­ver­si­taires de 1973 à 1980 :

Licence de Philoso­phie.
Maîtrise de Philoso­phie sous la direc­tion de F. Chatelet, sujet :
« Cul­ture et con­tre-cul­ture et sous­-cul­ture »
Licence de Let­tres, Uni­ver­sité de Cen­si­er Paris III, cours de B. Dort, J. Las­salle, A. Pavis, A. Tissier, R. Mon­od.
Maîtrise d’É­tudes Théâ­trales dirigée par B. Dort, sujet :
« Con­ser­va­toire nation­al, quel pro­jet théâ­tral)».

For­ma­tion théâ­trale de 1975 à 1983 :

Assis­tance tech­nique et admin­is­tra­tive au Fes­ti­val d’Au­tomne à Paris.
Per­ma­nent au Théâtre École de Mon­treuil, ani­ma­teur, comé­di­en, met­teur en scène et ges­tion de la troupe, organ­i­sa­tion de stages pour adultes.
Respon­s­able d’ate­liers pour enfants, et action d’é­d­u­ca­tion théâ­trale dirigée vers les enseignants de la Seine Saint­ Denis.
Organ­i­sa­tion d’échanges cul­turels avec d’autres villes français­es et étrangères.

Audi­teur libre au Con­ser­varoire Nation­al Supérieur d’Art Dra­ma­tique de Paris, classe d’An­toine Vitez, Jacques Las­salle, Claude Régy.

Enseignant au C. D. N. de Reims, direc­tion Jean-Pierre Miquel.
Enseignant au Théâtre Nation­al de Stras­bourg.
Cocréa­teur de l ‘École-Théâtre « La Belle de Mai » , Mai­son de la Cul­ture de Créteil.
Assis­tant de J. C. Grinevald, D. Romand, A. Béni­chou.

Écri­t­ures, adap­ta­tions :

Adap­ta­tions divers­es de Vit­rac, Artaud, Lor­ca.
Écri­t­ure : LA NUIT DU TAUREAU, 1982, LA TERRASSE, 1984, LE SERMENT D’ALDEBERT, 1985, LÉON LA FRANCE, HARDI VOYAGE VERS L’OUEST AFRICAIN, 1989.

Mis­es en scène :

1983
Créa­tion d’ARI­AKOS de Philippe Minyana, au Théâtre du Quai de la Gare, Paris.

1984
Créa­tion de MONSIEUR VITRAC, d’après R. Vit­rac, à la Mai­son de la Cul­ture de Créteil.
Réal­i­sa­tion à la demande de la Mai­son de la Cul­ture de Créteil, d’un spec­ta­cle d’élèves : LA CHUTE, d’après LE MOINE d’A. Artaud ; décor et mise en scène de C. Schiarec­ci.

1985

Créa­tion de la Com­pag­nie Chris­t­ian Schiaret­ti.
Créa­tion du JOURNAL D’UN CHIEN, d’après Oskar Paniz­za, au Théâtre de l’Ata­lante, Paris. Ce spec­ta­cle est sélec­tion­né au print­emps 85 par le Fes­ti­val Inter­na­tion­al de Parme, joué dans plus de vingt villes, il est accueil­li au Théâtre Nation­al de Stras­bourg, à l’au­tomne 85.

1986
Mise en espace de SAPPA de Stéphan Schutz, Rose des Vents, C.A.C. de Vil­leneuve d’Asq.

1987
AJAX-PHILOCTÈTE de Sopho­cle, La Rose des Vents, Vil­leneuve d’Asq.

1988
ROSEL d’Har­ald Mueller à l’Ata­lante, tournée nationale et inter­na­tionale.
ROSEL, film.

1989
LE ROMAN DE FAUVEL d’après Ger­vais Du Bus, Théâtre du Crous — Reims.

ÉPAVE d’Har­ald Mueller, Théâtre de la Tem­pête, Paris.

GÉNÉRATION DÉSINVOLTE d’après Alfred de Mus­set, Théâtre en Acte Paris.

LÉON LA FRANCE, HARDI VOYAGE VERS L’OUEST AFRICAIN de Chris­t­ian Schiarec­ci et Philippe Merci­er, C.D.N. Angers, Paris et tournée nationale.

1990 :

LE LABOUREUR DE BOHÊME de Johannes von Saaz, C.D.N. de Reims, T.G.P. de Saine-Denis, tournée nationale. ESQUISSE POUR UN CHŒUR EUROPÉEN de Jean-Pierre Sar­razac. Mise en espace. Fes­ti­val d’Av­i­gnon

1991 :
MÉDÉE d’Euripi­de à Saine-Quentin en Yve­lines puis à la Comédie de Reims.

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