Un théâtre qui veut sortir du théâtre

Un théâtre qui veut sortir du théâtre

Entretien avec Theu Boerman

Le 21 Oct 1995
Manuscrits de Werner Schwab.
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Article publié pour le numéro
Werner Schwab-Couverture du Numéro 49 d'Alternatives ThéâtralesWerner Schwab-Couverture du Numéro 49 d'Alternatives Théâtrales
49
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MIKE SENS : Selon toi, d’où vient la langue orig­i­nale de Wern­er Schwab ?

Theu Boer­mans : C’est un mélange de deux choses. D’abord, prenons par exem­ple une phrase, pour dire quelque chose, et changeons les verbes en adjec­tifs : on inverse alors leur fonc­tion et on obtient la même chose qu’avec un tableau dans lequel on découpe les yeux pour les coller ailleurs. C’est sim­ple­ment un principe artis­tique. La bouche on la colle là, alors on obtient un effet comique car on voit quelqu’un qui a la bouche sur le front. C’est ce que Scb­wab fait avec la langue. Ensuite, la musique, la mélodie. Par­fois les acteurs ou les enfants s’a­musent à dire n’im­porte quoi, des con­ner­ies qui veu­lent dire quelque chose ; je peux m’imag­in­er que Schwab tra­ver­sait la forêt en se par­lant à lui-même, comme ça, et qu’il a dévelop­pé ain­si un lan­gage spé­ci­fique. Mais pour moi, c’est avant tout une tech­nique de pein­ture util­isée pour la langue, comme lors d’une impro­vi­sa­tion, tout en veil­lant à ce que le proces­sus ne devi­enne pas triv­ial, mais qu’il dégage des valeurs uni­verselles. Que la vie soit la mort et la mort la vie. Comme dans cer­taines tirades de Madame Peste­feu1 dans EXTERMINATION ; ou le per­son­nage de Marie dans LES PRÉSIDENTES, où le débouchage des toi­lettes est en fait une métaphore de la vie entière. Il faut voir l’inévitable en face, et l’ac­cepter. Tout le sens vient de là. Schwab four­nit la matière, le tra­vail con­siste ensuite à en dégager le sens. J’aime quand il résiste, quand son écri­t­ure est opaque. C’est pourquoi il con­tin­ue à faire par­tie du réper­toire du Trust. Quand on aura un peu oublié sa mort, on s’at­ta­que­ra sans doute aux COMÉDIES ROYALES. A présent, Schwab est déjà un clas­sique qu’il faut mon­ter et remon­ter. Il n’y a pas telle­ment de bonne lit­téra­ture dra­ma­tique !

M. S.: Le théâtre de Schwab est sou­vent qual­i­fié de théâtre pop­u­laire. N’est-il pas éton­nant que quelqu’un de sa généra­tion se soit intéressé au théâtre pop­u­laire ?

T. B.: Les DRAMES FÉCAUX de Schwab sont écrits dans la tra­di­tion autrichi­enne du théâtre pop­u­laire. C’est une tra­di­tion que nous ne con­nais­sons pas aux Pays-Bas. Je pense que c’est tout sim­ple­ment dû à ses orig­ines. Il par­le en con­nais­sance de cause. On ne peut pas choisir ce genre, si l’on ne vient pas de là.

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Theu Boermans
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