La vitalité du Royal Court de Londres

Non classé

La vitalité du Royal Court de Londres

Le 1 Juil 1999

A

rticle réservé aux abonné.es
Article publié pour le numéro
Écrire le théâtre aujourd'hui-Couverture du Numéro 61 d'Alternatives ThéâtralesÉcrire le théâtre aujourd'hui-Couverture du Numéro 61 d'Alternatives Théâtrales
61
Article fraîchement numérisée
Cet article rejoint tout juste nos archives. Notre équipe le relit actuellement pour vous offrir la même qualité que nos éditions papier. Pour soutenir ce travail minitieux, offrez-nous un café ☕

POURQUOI Ie Théâtre du Roy­al Court qui existe depuis 1956 est-il aujour­d’hui seule­ment et si soudaine­ment au cœur du débat théâ­tral européen ? On peut désor­mais voir ses pro­duc­tions dans les plus grandes cap­i­tales, et en mai dernier, le jury du prix Europe pour le Théâtre de Taormi­na Arte lui a décerné le prix « Nou­velles Réal­ités » — d’une valeur de 20 000 euros. Com­ment expli­quer que le Roy­al Court jusque là auréolé d’une recon­nais­sance mod­este soit aujour­d’hui dans toutes les bouch­es ?

La réponse la plus évi­dence est que le Roy­al Court a décou­vert ces cinq dernières années toute une série de jeunes auteurs donc les pièces one obtenu un suc­cès immé­di­at : ANÉANTIS de Sarah Kane, SHOPPING AND FUCKING de Mark Raven­hill, et THE WEIR (Le bar­rage) de Conor McPher­son, THE BEAUTY QUEEN OF LEENANE de Mar­tin McDon­agh, EAST IS EAST(récemment adap­té avec suc­cès au ciné­ma) de Ayub Khan-Din. On n’avait pas con­nu une telle vital­ité de l’écri­t­ure théâ­trale en Grande-Bre­tagne depuis les années 1950. Mais para­doxale­ment cette explo­sion d’én­ergie survient au moment où le Roy­al Court est tech­nique­ment sans lieu : ses vieux bâti­ments de Sloane Square sont en cours de restau­ra­tion, il a donc été con­traint d’in­ve­stir deux théâtres du West End de Lon­dres. Mais l’ex­il n’en a qu’aigu­isé son goût de l’aven­ture.

Reste la ques­tion : pourquoi tant de bonnes pièces sont-elles nées pré­cisé­ment ces cinq dernières années ? Je pense que les raisons sont tout à la fois pra­tiques et poli­tiques. La rai­son pra­tique est que le nou­veau directeur du Roy­al Court, Stephen Daldry, qui a suc­cédé à Max Stafford-Clark en 1993, a décidé de revenir aux principes du père fon­da­teur de la Mai­son, George Devine : créer le plus grand nom­bre pos­si­ble de pièces et don­ner la pri­or­ité aux nou­velles voix. Mal­gré un bud­get prévu pour seule­ment huit créa­tions par an, Daldry n’en a
mon­té pas moins de vingt. Il y est par­venu en se faisane spon­soris­er par la Jer­wood Foun­da­tion et en copro­duisant cer­tains spec­ta­cles avec le Roy­al Nation­al The­atre Stu­dio. SHOPPING AND FUCKING de Mark Raven­hill a été présen­té en asso­ci­a­tion avec une com­pag­nie itinérante, Out of Joint, dirigée par Max Stafford-Clark. La trilo­gie de Mar­tin McDon­agh sur l’Ir­lande rurale était égale­ment une copro­duc­tion avec la Druid The­atre Com­pa­ny du Pays de Galles. Invités toutes les deux ou trois semaines à voir un nou­veau spec­ta­cle, les cri­tiques vin­rent nom­breux, ce qui généra un sen­ti­ment d’ef­fer­ves­cence créa­tive.

Mais la rai­son pour laque­lle tant de bonnes pièces one émergé au milieu des années 1990 quand beau­coup d’autres pays se plaig­naient de famine artis­tique, tient pour beau­coup à la spé­ci­ficité de la Grande-Bre­tagne. Dans les années 1980, le pays con­nut — peut-être devrait-on
dire subit — une révo­lu­tion sociale, le Thatch­érisme. La rentabil­ité comme ultime critère de valeur morale. La pri­vati­sa­tion sauvage des ser­vices publics (gaz, eau, élec­tric­ité). La main- mise sur les médias — surtout la presse et la télévi­sion — par de grands cap­i­tal­istes comme Rupert Mur­doch. L’en­tre­prise indi­vidu­elle était encour­agée et la notion de respon­s­abil­ité com­mune tournée en déri­sion : selon le mot célèbre de Mm,Thatcher, « La société n’ex­iste pas. » Mais les dra­maturges qui one émergé dans les années 1990, bien qu’é­tant en un sens les enfants de Thatch­er, ont rejeté caté­gorique­ment les valeurs de la décen­nie passée.

A

rticle réservé aux abonné.es
Envie de poursuivre la lecture?

Les articles d’Alternatives Théâtrales en intégralité à partir de 5 € par mois. Abonnez-vous pour soutenir notre exigence et notre engagement.

S'abonner
Déjà abonné.e ?
Identifiez-vous pour accéder aux articles en intégralité.
Se connecter
Accès découverte. Accès à tout le site pendant 24 heures
Essayez 24h
Non classé
Partager
Michael Billington
Michael Billington est journaliste au Guardian. Il fait partie du jury du Prix Europe pour...Plus d'info
Partagez vos réflexions...
La rédaction vous propose
Mon panier
0
Ajouter un code promo
Sous-total

 
Artistes
Institutions

Bonjour

Vous n'avez pas de compte?
Découvrez nos
formules d'abonnements