ALTERNATIVES THÉÂTRALES : D’où est né le désir d’éditer des auteurs de théâtre ?
Émile Lansman : Je n’ai jamais eu vocation d’éditeur. Ce sont les circonstances de la vie gui m’ont amené, après une carrière d’enseignant doublée d’un intérêt « actif » pour le théâtre et la littérature de jeunesse, à côtoyer davantage le milieu professionnel des arcs de la scène. D’abord en tant que chroniqueur pour un quotidien belge et pour diverses revues francophones, ensuite comme responsable de la programmation dans une grosse maison de la culture belge, et enfin en tant que coordinateur de l’association interprovinciale théâtre-éducation, Promotion Théâtre, dont je suis toujours le secrétaire général aujourd’hui.
C’est en animant, sur le terrain, les activités de cette association gue j’ai ressenti le besoin impérieux de trouver des textes d’auteurs d’aujourd’hui susceptibles d’être montés au sein de ces ateliers théâtraux de jeunes. Un bref cour d’horizon de ce gui se jouait dans le théâtre professionnel et (donc) se publiait m’a fait comprendre qu’il y avait peu de place pour des textes mettant en jeu de nombreux personnages. Nous avons lancé un concours réservé aux auteurs belges ; nonante-trois personnes nous one envoyé un texte. Parmi ces auteurs, très peu étaient connus du « milieu ». J’ai ainsi pris conscience qu’il n’y avait pratiquement plus d’éditeur de théâtre en Belgique et ai donc décidé de créer, en 1989, ma propre maison. Le projet était de publier une fois ou deux par an, sous forme de mécénat, de jeunes auteurs belges à gui je pourrais ainsi donner un modeste coup de pouce.
Cinq ans plus tard, nous avons fêté notre centième publication. Fin 1998, nous en sommes à deux-cent-cinquante textes d’auteurs de près de quarante nationalités, de l’Afrique à l’Amérique du Nord en passant par la Chine et, bien sûr, la France et la Belgique. Sans parler des études et essais gui regroupent près de deux cents collaborations des quatre coins du monde.
L’originalité de notre démarche réside dans crois dimensions : une volonté de publier au moins quarante pour cent de pièces sur lesquelles il n’y a aucun projet de création ; une présence active sur de nombreux fronts (littérature dramatique, théâtre professionnel, mais aussi amateur et scolaire, théâtre-éducation, théâtre jeunes publics, danse, francophonie … ); l’absence de tout ghetto, que ce soie sur le plan des genres théâtraux, de l’origine et de la notoriété des auteurs, ou des publics plus spécifiquement visés. Ce gui ne nous enrichit sans douce pas, budgétairement parlant, mais nous permet de nous prévaloir de la « découverte » (avec une série de partenaires, donc Beaumarchais) de « nouveaux » auteurs parmi lesquels se trouvent peut-être les Shakespeare et Molière de demain.
Ne venons-nous pas en effet de recenser plus de quatre-vingt auteurs donc nous avons publié la première oeuvre dramatique en français ? Quand ce n’est pas la première oeuvre tout court !
A.T.: Qu’est-ce gui émerge, pour vous, dans le paysage des auteurs dramatiques ?
Voyez-vous certaines tendances se dessiner ? Quels aspects privilégiez-vous dans les oeuvres que vous retenez ?