Marionnettes à l’opéra

Marionnettes à l’opéra

Le 15 Nov 2000
A l’avant-plan Pénélope file la laine dans la couverture-costume d’Ulysse Guillaumette Laurens, chanteuse, Adrian Kohler, acteur-manipulateur. À l’arrière-plan Ulysse, alité est soutenu par Scott Weir, chanteur, Basil Jones, acteur-manipulateur et les musiciens. Photo Herman Sorgeloos.
A l’avant-plan Pénélope file la laine dans la couverture-costume d’Ulysse Guillaumette Laurens, chanteuse, Adrian Kohler, acteur-manipulateur. À l’arrière-plan Ulysse, alité est soutenu par Scott Weir, chanteur, Basil Jones, acteur-manipulateur et les musiciens. Photo Herman Sorgeloos.

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A l’avant-plan Pénélope file la laine dans la couverture-costume d’Ulysse Guillaumette Laurens, chanteuse, Adrian Kohler, acteur-manipulateur. À l’arrière-plan Ulysse, alité est soutenu par Scott Weir, chanteur, Basil Jones, acteur-manipulateur et les musiciens. Photo Herman Sorgeloos.
A l’avant-plan Pénélope file la laine dans la couverture-costume d’Ulysse Guillaumette Laurens, chanteuse, Adrian Kohler, acteur-manipulateur. À l’arrière-plan Ulysse, alité est soutenu par Scott Weir, chanteur, Basil Jones, acteur-manipulateur et les musiciens. Photo Herman Sorgeloos.
Article publié pour le numéro
Le théâtre dédoublé-Couverture du Numéro 65-66 d'Alternatives ThéâtralesLe théâtre dédoublé-Couverture du Numéro 65-66 d'Alternatives Théâtrales
65 – 66
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« Cela peut paraître étrange mais c’est comme si la présence ajoutée
des mar­i­on­nettes inten­si­fi­ait la clarté de la musique. Plutôt que de pos­er une bar­rière sup­plé­men­taire entre le spec­ta­teur et le chanteur, elle agit comme un révéla­teur ».
William Ken­tridge.

L’in­flu­ence du bun­raku sur le théâtre mod­erne en occi­dent n’a cessé de grandir au cours des dernières décen­nies. Ce n’est pas un hasard.  Une ren­con­tre s’est opérée entre cette tra­di­tion japon­aise et l’art du théâtre tel qu’il se pra­tique ici mar­qué par l’héritage brechtien et toutes les formes de dis­tan­ci­a­tion qui por­tent son empreinte.

Comme dans le bun­raku, de plus en plus de spec­ta­cles de mar­i­on­nettes pra­tiquent la manip­u­la­tion à vue oblig­eant le spec­ta­teur à partager son regard entre la mar­i­on­nette et le mar­i­on­net­tiste, entre le per­son­nage et celui qui l’anime, « entre la fic­tion et la manière dont cette fic­tion est créée ».1

Le tra­vail du met­teur en scène William Ken­tridge asso­cié à la Hand­spring Pupett Com­pa­ny s’inscrit dans cette approche qu’ils vont appli­quer à l’opéra dans la vision nou­velle qu’ils ont don­né d’IL RITORNO D’ULISSE IN PATRIA, de Clau­dio Mon­tever­di créé à Brux­elles en mai 1998 dans le cadre du Kun­sten­fes­ti­val des Arts.2

C’est à par­tir d’une idée cen­trale sim­ple et forte que le spec­ta­cle va se con­stru­ire. IL RITORNO D’ULISSE est une sorte de « nas­tos », mot grec pou­vant sig­ni­fi­er « poème d’un voy­age du retour » (et d’où dérive le mot nos­tal­gie). Cette idée va guider le met­teur en scène durant tout son par­cours et la manière dont il la décline va ren­dre sa réal­i­sa­tion emblé­ma­tique des car­ac­téris­tiques du spec­ta­cle mod­erne à la fois par la plu­ral­ité des sig­ni­fi­ca­tions qu’il offre à la com­préhen­sion du spec­ta­teur et par la plu­ral­ité des formes qu’il pro­pose à son univers sen­si­ble.

Une rencontre déterminante

William Ken­tridge est né à Johan­nes­bourg. Après une for­ma­tion uni­ver­si­taire, il s’est tourné vers le théâtre, le mime, le ciné­ma et les Beaux-Arts. Tout en étant recon­nu comme plas­ti­cien et réal­isa­teur de films d’animation, il a con­tin­ué à tra­vailler pour le théâtre comme déco­ra­teur et acteur puis comme met­teur en scène.
Au début des années 90 Ken­tridge, qui dévelop­pait une tech­nique de films d’animation à par­tir de dessins au fusain, a vu dans les mar­i­on­nettes un élé­ment moteur pour ses réal­i­sa­tions.

La Hand­spring Pupett Com­pa­ny fondée au début des années 80, notam­ment par Adri­an Kohler et Basil Jones, a tou­jours con­sid­éré la mar­i­on­nette comme un lan­gage théâ­tral à part entière et a expéri­men­té très tôt le mélange d’acteurs et de mar­i­on­nettes.
Basée en Afrique du sud, elle a aus­si, dès son orig­ine, opté pour une col­lab­o­ra­tion entre dif­férents groupes raci­aux. La ren­con­tre entre William Ken­tridge et la com­pag­nie va être déter­mi­nante pour leur évo­lu­tion artis­tique réciproque.

Tan­dis que le cinéaste se mit à utilis­er des fig­urines de bois pour ses films, la com­pag­nie l’invita à par­ticiper à ses réal­i­sa­tions en se ser­vant du lan­gage filmique pour ses spec­ta­cles.

Il ne s’agissait pas seule­ment d’introduire un élé­ment sup­plé­men­taire à l’action mais aus­si et surtout, par la présence sur scène de l’image filmée, d’attribuer à la mar­i­on­nette comme une capac­ité de rêve, et de favoris­er ain­si des asso­ci­a­tions d’idées et d’émotions.

De cette col­lab­o­ra­tion entre le cinéaste et la com­pag­nie sont nées une série d’œuvres remar­quables dont ils sig­nent ensem­ble la mise en scéne : une nou­velle approche de l’œuvre de Büchner,WOYZECK ON THE HIGHVELD, puis de celle de Goethe, FAUSTUS IN AFRICA, et enfin celle de Jar­ry, UBU AND THE TRUTH COMMISSION, les spec­ta­cles de cette trilo­gie prenant appui très forte­ment sur l’histoire de l’Afrique du Sud et son con­texte poli­tique.

IL RITORNO D’ULISSE, en abor­dant l’univers de l’opéra va con­stituer une étape sup­plé­men­taire déci­sive dans l’accomplissement de cette œuvre com­mune.

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Bernard Debroux
Bernard Debroux
Fondateur et membre du comité de rédaction d'Alternatives théâtrales (directeur de publication de 1979 à...Plus d'info
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