Du texte-matériau au texte-fondation

Du texte-matériau au texte-fondation

Le 23 Juil 2002
Danièle Panneton, Pierre Chagnon, Carl Béchard et Bernard Meney dans MERZ OPÉRA d’après Kurt Schwitters, mise en scène de Denis Marleau, 1987. Photo Josée Lambert.
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Danièle Panneton, Pierre Chagnon, Carl Béchard et Bernard Meney dans MERZ OPÉRA d’après Kurt Schwitters, mise en scène de Denis Marleau, 1987. Photo Josée Lambert.
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Article publié pour le numéro
Modernité de Maeterlick-Couverture du Numéro 73-74 d'Alternatives ThéâtralesModernité de Maeterlick-Couverture du Numéro 73-74 d'Alternatives Théâtrales
73 – 74
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LES DIFFICULTÉS de faire ressor­tir la spé­ci­ficité du fait théâ­tral, tan­tôt iden­ti­fié avec la réal­i­sa­tion scénique, tan­tôt avec le texte écrit pronon­cé par un acteur, ne datent pas d’aujourd’hui. On pour­rait résumer cette alter­nance dans le long par­cours où se tis­sent les rela­tions entre l’image et la parole (du moins selon les paramètres util­isés dans la cul­ture occi­den­tale qui est la nôtre). Depuis « ut pic­tura poe­sis » de Horace, l’histoire de la cri­tique d’art a éte ponc­tuée par des posi­tions con­tra­dic­toires don­nant la pri­mauté tan­tôt à la pein­ture, au voir et au mon­tr­er, tan­tôt à la parole, au dire. On notera au pas­sage com­bi­en il pour­rait être enrichissant d’intégrer de plus en plus l’histoire du théâtre à l’histoire de l’art et de con­sid­ér­er de manière plus sys­té­ma­tique les rap­ports entre le dire et le voir, entre la pein­ture et l’écriture, entre l’image et la parole.

L’enjeu du théâtre con­siste à mon­tr­er ce qui est indi­ci­ble et à dire ce qui est invis­i­ble. Sur ces deux néga­tions, impli­quant cha­cune l’impossibilité, mais aus­si la néces­sité de dépass­er leurs pro­pres lim­ites, naît le geste théâ­tral, trou­vant sa place sur un ter­rain insta­ble, néces­sité de bouch­er les vides, les trous, les béances lais­sées ouvertes par l’un des deux lan­gages util­isés par les vides, les trous, les béances lais­sées ouvertes par l’autre. Le texte dra­ma­tique a été perçu tan­tôt sous l’angle exclusif de la forme lit­téraire ou de son con­tenu nar­ratif, tan­tôt comme le pré­texte à la réal­i­sa­tion d’un autre texte sous-jacent, non écrit. La querelle entre théâtre de texte et théâtre d’images con­tin­ue car les nou­velles tech­no logies d’un côté et les nou­velles écri­t­ures de l’autre se super­posent sans trou­ver un espace de dia­logue qui soit véri­ta­ble­ment nou­veau. 

À ce point de vue le par­cours de Denis Mar­leau (qu’on lui souhaite encore très riche, acci­den­té et donc fécond) me parait symp­to­ma­tique des change­ments inter venus dans la con­cep­tion du texte théa­tral et de son util­i­sa­tion sur la scène, et donc des change­ments inter­venus dans l’idée même de théâ­tral­ité de ces vingt dernières années.

Ma con­nais­sance de Denis Mar­leau remonte au début des années qua­tre-vingt à l’époque de CŒUR À GAZ, MERZ OPÉRA, OULIPO SHOW et, naturelle­ment, d’UBU CYCLE, où Mar­leau affichait son esthé­tique du col­lage. Ce qui m’avait frap­pée surtout chez lui c’était le choix des textes, sa recherche d’auteurs rad­i­cale­ment d’avant-garde, por­teurs d’une con­cep­tion de l’art résol­u­ment mod­erne.

Notre ter­rain de ren­con­tre, à ce moment-là, se trou­vait dans les théories et dans l’écriture théâ­trale et lit­téraire de Jar­ry, ou plutôt dans une cer­taine con­cep­tion de l’art comme frag­men­ta­tion, comme sig­ni­fi­ca­tion insta­ble, pro­vi­soire, con­tin­uelle­ment renou­velée par le jeu décon­cer­tant des per­spec­tives con­tra­dic­toires super­posées.

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Brunella Eruli
Brunella Eruli enseigne à l’Institut d’Études théâtrales de Paris 3 et est membre du laboratoire...Plus d'info
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