Territoires — Un artiste protéiforme

Territoires — Un artiste protéiforme

Le 12 Avr 2005
TIVOLI, bic ink on cibachrome, 1991.
TIVOLI, bic ink on cibachrome, 1991.

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Article publié pour le numéro
L'épreuve du risque-Couverture du Numéro 85-86 d'Alternatives ThéâtralesL'épreuve du risque-Couverture du Numéro 85-86 d'Alternatives Théâtrales
85 – 86
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1. L’art est comme un exer­ci­ce spir­ituel, c’est une pra­tique des­tinée à opér­er un change­ment rad­i­cal de l’être. C’est le leit­mo­tiv des philosophes et, notam­ment, de Pierre Hadot. Tout véri­ta­ble artiste tend par son art vers ce but. La réflex­ion comme manière de vivre. L’artiste Jan Fab­re a, tout au long de sa car­rière, allié dans ses dif­férentes pra­tiques artis­tiques (théâtre, per­for­mances, films, choré­gra­phies, pièces et mono­logues, objets, sculp­tures, dessins au bic bleu, instal­la­tions divers­es) cette com­bi­na­toire sin­gulière, baroque, hyper sym­bol­ique, se rap­por­tant à de nom­breuses références de l’Histoire de l’art et, bien sûr, à l’entomologiste français, Jean-Hen­ri Fab­re, l’auteur de Le Monde mer­veilleux des insectes. Jan Fab­re en a con­sti­tué sa « base » de pro­liféra­tion, en élab­o­rant dans son œuvre des sculp­tures avec des scarabées-bijoux, en inter­venant sur des insectes, en con­stru­isant des nou­velles Van­ités, et en réin­ter­pré­tant à sa manière ce qu’on nomme la Nature morte (Still life).

2. Jan Fab­re est aus­si un dessi­na­teur insoupçon­né dont l’imaginaire nous révèle des images qui per­me­t­tent de rêver et de penser aux mul­ti­ples imbri­ca­tions de sa volon­té de dire. Il suf­fit de voir l’ensemble de son œuvre dess­inée depuis une ving­taine d’années, qui fut mon­trée tout d’abord au SMAK de Gand (2002), puis au Musée d’art con­tem­po­rain de Lyon en 2004, inti­t­ulée « Gaude suc­cur­rere vitae », pour s’en ren­dre compte. On en ver­ra une par­tie à Avi­gnon cette année. Cette expo­si­tion sans chronolo­gie présente une cinquan­taine d’œuvres, mon­trant sa tra­jec­toire mul­ti­ple des débuts (avec des films-per­for­mances) jusqu’à ce jour.

3. Les scarabées occu­pent une place priv­ilégiée dans le tra­vail plas­tique de Jan Fab­re. Le Mur de la mon­tée des anges est cette fameuse robe conçue entière­ment de scarabées, sans tête, tel un man­nequin de mag­a­sin, présen­tée tou­jours sus­pendue en l’air. Sym­bole de la méta­mor­phose, du pas­sage de la vie à la mort, mais dans la per­spec­tive d’une autre vie. L’artiste a imag­iné des cocons, des armures, des têtes, des crânes faits de ces innom­brables scarabées. Jan Fab­re s’est appro­prié à sa manière la thé­ma­tique et la sym­bol­ique de la vie des insectes pour engager un dia­logue sur la mort. L’artiste met en scène quelques clins d’œil aux œuvres du passé. Il rap­pelle, à tra­vers ses signes, que toute œuvre d’art pos­sède un sens plus ou moins vis­i­ble, plus ou moins des­tiné à être déchiffré par le spec­ta­teur ou le lecteur. Les séries ini­tiées par Fab­re inter­vi­en­nent comme des phras­es, des gestes, des mou­ve­ments choré­graphiques : apicul­teurs, masse de chair sus­pendue, armures de guer­ri­ers éva­porés dans l’espace-temps. Ré-habités par des mil­liers de scarabées. Puis vien­nent les objets-insectes qui illus­trent son dis­cours : uri­noir de Duchamp, la croix, les robes, la bicy­clette, toute une imagerie qui met en scène une con­tra­dic­tion : le monde ancien, un cer­tain Moyen Âge, et le nôtre, tra­ver­sé par les effets du Baroque, à tra­vers les siè­cles. Tel cet écho de Rim­baud écrivant : « Depuis longtemps je me van­tais de pos­séder tous les paysages pos­si­bles, et trou­vais dérisoires les célébrités de la pein­ture et de la poésie mod­erne. (…) Je rêvais croisades, voy­ages de décou­vertes dont on n’a pas de rela­tions, républiques sans his­toires, guer­res de reli­gion étouf­fées, révo­lu­tions de mœurs, déplace­ments de races et de con­ti­nents : je croy­ais à tous les enchante­ments. »

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Jan Fabre
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Patrick Amine
Patrick Amine est essayiste, critique d’art et de littérature au magazine Art press.Plus d'info
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