Le travestissement au cinéma, une exacerbation du théâtre ?

Théâtre
Réflexion

Le travestissement au cinéma, une exacerbation du théâtre ?

Le 9 Jan 2007
Jack Lemmon dans CERTAINS L’AIMENT CHAUD de BillyWilder, 1959. Photo collection Cahiers du cinéma.
Jack Lemmon dans CERTAINS L’AIMENT CHAUD de BillyWilder, 1959. Photo collection Cahiers du cinéma.

A

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Jack Lemmon dans CERTAINS L’AIMENT CHAUD de BillyWilder, 1959. Photo collection Cahiers du cinéma.
Jack Lemmon dans CERTAINS L’AIMENT CHAUD de BillyWilder, 1959. Photo collection Cahiers du cinéma.
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 92 ) Le corps travesti
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Mon maître avait l’habitude de dire : « N’oublie jamais : Tu es un homme dans une forme de femme… Ou bien n’était-ce pas plutôt le con­traire ? » 1

AU CINEMA, pour des raisons avant tout morales (dues, aux États-Unis, au respect du code Hays), le per­son­nage du trav­es­ti n’est guère placé au pre­mier plan avant les années 60 2. De plus, même après cette date, le trav­es­tisse­ment y est longtemps abor­dé essen­tielle­ment sous l’angle du comique 3. Mais surtout, il appa­raît presque indis­so­cia­ble­ment lié à la représen­ta­tion théâ­trale : art de la mime­sis reposant sur l’imitation des car­ac­téris­tiques de l’autre sexe à l’aide de procédés visant à la créa­tion de l’illusion (voix, cos­tume, pos­tich­es, coif­fure, maquil­lage…), il est sou­vent asso­cié dans les films à une per­for­mance scénique de l’ordre du music-hall (VICTOR/VICTORIA ), du théâtre élis­abéthain (SHAKESPEARE IN LOVE, STAGE BEAUTY), du cabaret (LES DAMNES ), de l’opéra chi­nois (Adieu ma con­cu­bine ), M. BUTTERFLY ) ou du kabu­ki (VISAGE ECRIT ), il sym­bol­ise par excel­lence l’art de l’acteur. Redou­blant le tra­vail de l’interprète ciné­matographique, le trav­es­ti rap­pelle au spec­ta­teur qu’il regarde une illu­sion.

Le trav­es­tisse­ment est donc un moyen de désign­er le théâtre et, au-delà, le tra­vail de tout acteur pour « fab­ri­quer » son rôle. En ren­voy­ant au pou­voir créa­teur du jeu théâ­tral (pou­voir de créer une nou­velle iden­tité, donc pou­voir aus­si de per­former le genre, selon la per­spec­tive de Judith But­ler), le trav­es­tisse­ment devient la métaphore de l’art théâ­tral. Comme le théâtre, qui crée des sit­u­a­tions d’illusion, le trav­es­ti joue sur la fron­tière réalité/illusion, être/apparence, montrer/cacher. Toute­fois, grâce au cadrage resser­ré et au mon­tage, l’illusion pro­duite par l’acteur de ciné­ma est générale­ment beau­coup plus forte que celle de l’acteur de théâtre qui colle beau­coup moins à son per­son­nage. C’est en ce sens que le trav­es­ti au ciné­ma, qui fait sans cesse se sou­venir de l’acteur réel sous le rôle, théâ­tralise sa per­for­mance d’autant mieux que la caméra est à même de mon­tr­er, en con­tre­point, la réac­tiv­ité du regard du spec­ta­teur face au spec­ta­cle.

Travestissement et comédie

Dans les comédies améri­caines clas­siques, d’abord en rai­son du code Hays puis par tra­di­tion, le mâle améri­cain se trav­es­tit tou­jours mal­gré lui, par stratégie : pour échap­per à la mafia (CERTAINS L’AIMENT CHAUD 4 de Bil­ly Wilder), pour faire plus facile­ment car­rière dans le milieu du spec­ta­cle (TOOTSIE 5 de Syd­ney Pol­lack) ou encore pour des raisons affec­tives, voire famil­iales (MRS DOUBTFIRE de Chris Colom­bus 6). Les sit­u­a­tions comiques impli­quant des trav­es­tis cor­re­spon­dent pour beau­coup à des sché­mas hérités des formes comiques du théâtre (farce, comédie d’intrigue, comédie de mœurs ou de car­ac­tère). Pour CERTAINS L’AIMENT CHAUD, Bil­ly Wilder choisit de trans­former en femme deux spéci­mens du macho améri­cain : Jer­ry, qui envis­age les femmes comme de déli­cieuses pâtis­series qu’il voudrait toutes goûter, et Joe, beau par­leur insen­si­ble et prof­i­teur sans scrupule, se trou­vent à leur tour changés en objets de con­voitise pour la lubrique gent mas­cu­line. Cette inver­sion des rôles installe une sit­u­a­tion éduca­tive sim­i­laire aux ambi­tions de la comédie savante pra­tiquée par Molière : les deux hommes, prenant con­science de leur com­porte­ment passé, sont incités à se réformer.

Source qua­si-inépuis­able de quipro­qu­os, renoue avec la forme pop­u­laire de la farce. Tou­jours dans CERTAINS L’AIMENT CHAUD, un vieux mil­liar­daire pince les fess­es de Daph­né alias Jer­ry dans l’ascenseur tan­dis qu’un groom à la sil­hou­ette d’enfant fait régulière­ment des propo­si­tions indé­centes à la grande Joséphine alias Joe.

Comme dans les pièces de Shake­speare ou de Mari­vaux, la force per­tur­ba­trice voire trans­gres­sive du trav­es­ti y dépasse rarement cer­taines lim­ites et l’ordre est la plu­part du temps restau­ré à la fin. Le tri­om­phe des normes hétéro­sex­uelles, posé comme garant de l’ordre social, con­stitue l’un des élé­ments essen­tiels des codes du hap­py end, notam­ment hol­ly­woo­d­i­en. En effet, dans la comédie, la puis­sance de l’amour pousse le ou la travesti(e) à se démas­quer et, dans la plu­part des cas, à renon­cer à sa pra­tique du trav­es­tisse­ment. Cepen­dant, quelques excep­tions, comme SYLVIA SCARLETT 7 (1935) de Cukor ou bien CERTAINS L’AIMENT CHAUD (1959) pour le ciné­ma améri­cain clas­sique, ou plus récem­ment CHOUCHOU (2002) de Merzak Allouache pour le ciné­ma français, méri­tent d’être soulignées. C’est ce qu’atteste le devenir femme de Jerry/Daphné dans le film de Wilder à tra­vers le choix d’un prénom féminin orig­i­nal non dérivé de son prénom mas­culin, les vête­ments et le maquil­lage, mais surtout une série d’habitus, et une autre posi­tion par rap­port au lan­gage. Ain­si Jer­ry, devenu totale­ment Daph­né, est-il /elle tout excité(e) par la demande en mariage du vieux mil­liar­daire qu’il/elle repous­sait au début. Et il lui faut le rap­pel à l’ordre de Joe et un tra­vail d’auto-persuasion qui passe par la répéti­tion en boucle de la phrase « Je suis un homme » pour faire retomber l’euphorie et lui faire retrou­ver ses esprits. Mal­gré cela, le film s’achève sur la per­spec­tive d’un mariage homo­sex­uel : à la série d’objections con­tre le mariage avancées par Daphné/Jerry qui cul­mi­nent avec la révéla­tion « Je suis un homme », le vieux fiancé n’a d’autre réponse que « Per­son­ne n’est par­fait ! » Une autre sit­u­a­tion de ren­verse­ment des rôles dans le film con­cerne Shell Jr, faux mil­liar­daire soi-dis­ant frigide joué par Tony Cur­tis pour séduire la belle et vul­nérable Sug­ar (Mar­i­lyn Mon­roe). Celle-ci prend alors l’initiative du flirt, tient un dis­cours ras­sur­ant bien que voilé sur la sex­u­al­ité, adop­tant ain­si une posi­tion nor­male­ment dévolue à l’homme selon le stéréo­type du cou­ple de ciné­ma. Il n’y a donc pas de nature fémi­nine ni de nature mas­cu­line ; les rap­ports féminin/masculin sont con­stru­its par le dis­cours et par les normes imposées par la société. La sub­ver­sion amenée par le trav­es­ti, qui reprend et détourne des sché­mas-types de la comédie en les faisant explos­er, est désamor­cée par le rire.

Par ailleurs, le traite­ment bur­lesque du trav­es­ti atténue ce que la prob­lé­ma­tique de l’identité du genre pour­rait avoir de trop dérangeant. Le cou­ple homo­sex­uel tel qu’il est représen­té dans LA CAGE AUX FOLLES de Moli­naro ou dans son remake améri­cain THE BIRDCAGE repose sur la réaf­fir­ma­tion de la répar­ti­tion des rôles homme/femme au sein du cou­ple, c’est-à-dire sur la recon­duc­tion du cou­ple hétéro­sex­uel comme norme indé­pass­able. Le cou­ple homo­sex­uel appa­raît dès lors comme une imi­ta­tion grotesque du cou­ple hétéro­sex­uel et le trav­es­ti est don­né d’emblée comme une femme ratée. Si le trav­es­ti est intrin­sèque­ment lié à une cer­taine théâ­tral­ité, c’est en tant que mau­vais acteur qu’il déclenche le rire. Chez l’homme trav­es­ti mal­gré lui en femme, c’est tan­tôt le con­traste entre les signes résis­tants de sa mas­culin­ité et les signes exac­er­bés d’une féminité affichée qui provoque l’hilarité, tan­tôt c’est sa ten­dance à rompre régulière­ment le pacte d’illusion théâ­trale (une voix qui rede­vient très mas­cu­line, par exem­ple, lorsque la pseu­do-femme veut se débar­rass­er d’un dragueur impor­tun). Quant au trav­es­ti con­sen­tant de la comédie de mœurs, sur le mod­èle de LA CAGE AUX FOLLES notam­ment, il est d’emblée « théâ­tral » au mau­vais sens du terme. Il sur­joue la femme en créant un per­son­nage con­sti­tué par la sat­u­ra­tion de signes ren­voy­ant à une féminité exac­er­bée. Les goûts « féminins » qu’il exhibe sont sou­vent, d’abord, de mau­vais goût : Albin (Michel Ser­rault), dans LA CAGE AUX FOLLES, lit dans le regard des autres qu’il/elle est « trop voyant(e)». D’ailleurs, en tant que vedette vieil­lis­sante de cabaret, Albin alias Zaza est devenu(e) un per­son­nage tout à fait comique. Le trav­es­ti peut alors allè­gre­ment se moquer de lui-même en tant que car­i­ca­ture de la féminité : c’est aus­si ce qui se pro­duit à la fin de VICTOR/VICTORIA de Blake Edwards où Todd (Robert Pre­ston) prend la place du beau Vic­tor dans son numéro à suc­cès. Com­pressé dans une robe folk­lorique espag­nole, les traits du vis­age out­rés par le maquil­lage, la démarche chao­tique, les gestes mal­adroits, il trébuche inopiné­ment et les gags s’enchaînent jusqu’à la fin où le ridicule est à son comble : au final, sa voix monte dans les aigus pour écorcher les oreilles des spec­ta­teurs jusqu’à sa chute au sol.

Les secrets du travesti

Le/la travesti(e) est un(e) initié(e): il/elle con­naît les secrets des femmes (ou des hommes), y com­pris ceux de leur corps. Les deux trav­es­tis de CERTAINS L’AIMENT CHAUD se retrou­vent dans l’intimité de ces demoi­selles, recueil­lant leurs con­fi­dences, les aidant à cacher leurs petits vices, partageant leurs rouges à lèvres. N’est-ce pas un fan­tasme mas­culin, au fond, que de pass­er de l’autre côté du miroir, de suiv­re les pas de Tirésias, lui qui a vécu comme femme et comme homme, et con­naît leurs deux jouis­sances ?

Le trav­es­ti est-il un entre-deux sex­es, dans un espace d’indécision, d’indétermination qui le rendrait inof­fen­sif pour la femme ou bien une total­i­sa­tion des deux sex­es, béné­fi­ciant de leurs deux savoirs ? Inof­fen­sif, le trav­es­ti Letal (Miguel Bosé) ne l’est pas pour Rebec­ca, l’héroïne de TALONS AIGUILLES de Pedro Almod­ovar. Au con­traire, de con­fi­dent il devient amant, en prof­i­tant d’une sit­u­a­tion à plusieurs titres embar­ras­sante pour la jeune femme. Ce pas­sage du rôle de l’ami à celui d’amant, et même à celui de père, est l’une des orig­i­nal­ités du traite­ment du trav­es­ti par Almod­ovar, qu’il exploite, après TALONS AIGUILLES, dans TOUT SUR MA MERE.

Mais le trav­es­ti a lui-même un secret, et ce qu’il mon­tre tout autant que ce qu’il cache crée une énigme. Pour ce qui est des secrets des hommes, quand ils ne sont pas liés au corps et à la sex­u­al­ité, ils relèvent sou­vent de l’intellect. Trans­for­mée en jeune étu­di­ant de Yeshiv­ah, Yentl est ini­tiée aux mys­tères du texte sacré comme on trans­gresse un inter­dit : par la ruse, le fruit défendu de la con­nais­sance est dérobé, non plus à Dieu mais aux hommes cette fois.

Gael Garcia-Bernal dans LA MAUVAISE ÉDUCATION de Pedro Almodovar, 2004. Photo collection Cahiers du cinéma.
Gael Gar­cia-Bernal dans LA MAUVAISE ÉDUCATION de Pedro Almod­ovar, 2004. Pho­to col­lec­tion Cahiers du ciné­ma.

Le nom du trav­es­ti joue un rôle par­ti­c­uli­er : un prénom de femme choisi qui se sub­stitue à un nom d’homme subi et ne cor­re­spon­dant pas à l’identité de genre qu’il/elle se recon­naît, un prénom qui cor­re­spond à celui de la star sinon imitée du moins prise comme mod­èle (Sara pour Sara Mon­tiel dans LA MAUVAISE EDUCATION). Dans TALONS AIGUILLES, le trav­es­ti se fait appel­er Letal. Sou­vent accolé à « Femme » sur les affich­es de son spec­ta­cle, le mot letal (con­traire­ment à fatal et à l’expression mujer fatal, « femme fatale »), ne se rat­tache pas à l’idée de des­tin, de fatal­ité. Au con­traire, letal sig­ni­fie « mor­tel » au sens médi­cal, clin­ique, de ce qui donne la mort (un poi­son, un her­bi­cide, un venin, etc.). À la ques­tion de Manuel, le mari de Rebec­ca, sur son nom, le trav­es­ti répond : « Comme dit la chan­son, on m’appelle comme on veut. Mes amis m’appellent Letal. » (C’est donc l’attitude, le rap­port affec­tif, le degré de rela­tion qui con­di­tionne le nom.) Et Manuel renchérit : « Letal, c’est un nom mas­culin ou féminin ? » En effet, l’adjectif letal, neu­tre en espag­nol, ne per­met pas d’ôter l’ambiguïté sur l’identité sex­uelle du trav­es­ti, ne dévoile pas son secret, fonc­tion­nant comme un masque sup­plé­men­taire. Et Letal de ren­voy­er Manuel à sa pro­pre posi­tion (mas­cu­line ou fémi­nine?) par rap­port au trav­es­ti : ce dernier est une énigme de théâtre dans laque­lle il pour­rait, comme le spec­ta­teur, se pro­jeter.

Avec LA MAUVAISE ÉDUCATION, Almod­ovar enri­chit con­sid­érable­ment cette per­spec­tive en mul­ti­pli­ant les jeux de mise en abîme du trav­es­tisse­ment, du théâtre et du ciné­ma. Un très beau jeune homme, Juan (Gael Gar­cia Bernal), qui com­mence sa car­rière d’acteur sous le pseu­do­nyme d’Angel, se fait pass­er pour son frère mort Igna­cio (Fran­cis­co Boira) auprès d’Enrique (Fele Mar­tinez), un jeune et tal­entueux cinéaste. Il lui apporte une nou­velle de son frère qu’il fait pass­er pour sienne. Le per­son­nage prin­ci­pal de cette nou­velle est un trav­es­ti, appelé lui aus­si Igna­cio et qui se pro­duit par­fois dans des cabarets sous le nom de Sara. Angel veut absol­u­ment jouer le per­son­nage de Sara pour lancer sa car­rière. Mais au-delà de la per­for­mance d’acteur, jouer un trav­es­ti implique d’autres enjeux et le men­songe sur son iden­tité d’autres motifs que l’opportunisme. Qui est Angel ? C’est la ques­tion qui obsède Enrique le cinéaste. Com­ment cern­er son iden­tité entre le mas­culin (Juan), le féminin (Sara) et le neu­tre (l’ange)? La fig­ure du trav­es­ti n’est pas un masque de plus mais sem­ble rassem­bler les couch­es iden­ti­taires de ce per­son­nage énig­ma­tique : Sara, en tant que per­son­nage mi-auto­bi­ographique (son nom mas­culin est Igna­cio) mi-fic­tif, est la pro­jec­tion idéal­isée de son créa­teur Igna­cio, trans­sex­uel en cours de trans­for­ma­tion qui se vivait comme corps impar­fait. Angel trav­es­ti en Sara sait qu’il joue de manière à peine trans­for­mée l’histoire de son frère, et surtout rejoue la mort de celui-ci, qu’il a com­plotée. La dernière prise du film, avec la mort de son per­son­nage, le fait éclater en san­glots : le rôle du trav­es­ti est pour l’acteur qu’est Angel une incar­na­tion où il ressus­cite quelque chose de son frère, de l’amour aus­si qu’Ignacio avait pour Enrique, et où il meurt sym­bol­ique­ment avec lui en même temps que le per­son­nage, mais dans un proces­sus de libéra­tion cathar­tique. La caméra nous mon­tre cela comme un proces­sus d’essence théâ­trale, où Angel, tel un acteur trop près de ses rôles, se con­fondrait avec eux et les garderait comme une couche com­posant son iden­tité, le point cul­mi­nant et la syn­thèse des iden­tités se pro­duisant dans le rôle du trav­es­ti où s’amalgament toutes les com­posantes de sa per­son­nal­ité.

Pour Mar­tin (Hel­mut Berg­er), le jeune aris­to­crate alle­mand des DAMNES, il s’agirait plutôt d’une dépos­ses­sion de toute per­son­nal­ité pro­pre par sa mère (Ingrid Thulin) depuis l’enfance. Comme s’il était une mar­i­on­nette, elle lui souf­fle son texte et lui dicte ses agisse­ments. Pour l’anniversaire de son grand-père pater­nel, Mar­tin a pré­paré un numéro de trav­es­ti où il repro­duit l’image mater­nelle (mêmes cheveux, mêmes yeux, mêmes pos­tures de séduc­trice sûre de son pou­voir) sous l’œil d’une mère qui, depuis les couliss­es, sur­veille, en met­teur en scène vig­i­lant, cha­cun des mou­ve­ments. La mère a pris pos­ses­sion du corps de son fils et l’a façon­né à son image, en le trav­es­tis­sant. La sit­u­a­tion se ren­verse par l’inceste : le fils prend pos­ses­sion de la mère, la « tue » sym­bol­ique­ment pour tuer le féminin en lui.

Le trav­es­tisse­ment peut même aller jusqu’au dédou­ble­ment de per­son­nal­ité : dans GLEN ORGLENDA ? , film loufoque et raté d’Ed Wood où le pro­tag­o­niste est mon­tré comme menant une dou­ble vie, dans PSYCHOSE 8 d’Hitchcock où le fils (Antho­ny Perkins), par iden­ti­fi­ca­tion totale à la mère, tente de la faire revivre ou dans LE LOCATAIRE 9 de Polan­s­ki où le trav­es­tisse­ment prend la forme d’un proces­sus de pos­ses­sion par une morte lors duquel une iden­tité en fait en oubli­er une autre. L’identification du locataire (inter­prété par Polan­s­ki lui-même) à Simone Choule, la précé­dente locataire de l’appartement, va jusqu’à la repro­duc­tion de son sui­cide. Au fur et à mesure du film, le locataire est de plus en plus per­suadé d’être un objet de spec­ta­cle pour les autres occu­pants de l’immeuble qui l’épient et le poussent à incar­n­er la défunte Simone Choule. Le point d’orgue de ce proces­sus de spec­tac­u­lar­i­sa­tion, selon la vision défor­mée du per­son­nage don­née par la caméra sub­jec­tive, est la scène de sui­cide. Dans les habits de la morte, emper­ruqué et maquil­lé, le locataire se défen­estre deux fois de suite, devant les habi­tants de l’immeuble instal­lés à leurs bal­cons et fenêtres comme des spec­ta­teurs d’un théâtre à l’italienne qui applaudi­raient et s’agiteraient bruyam­ment pour exiger que le spec­ta­cle com­mence. Si l’explication d’un glisse­ment dans la psy­chose sem­ble s’imposer pro­gres­sive­ment à cause de plusieurs élé­ments don­nés comme hal­lu­ci­na­tions audi­tives ou visuelles, la fin du film ren­verse cette hypothèse pour restau­r­er celle de la pos­ses­sion fan­tas­tique. La séquence ultime est filmée en caméra sub­jec­tive, c’est-à-dire par les yeux du per­son­nage alité entière­ment recou­vert de ban­dages que nous iden­ti­fions comme le locataire (Roman Polan­s­ki) après sa dou­ble défen­es­tra­tion. Or, dans le champ de la caméra appa­rais­sent Roman Polan­s­ki (le locataire) et Isabelle Adjani (Stel­la) qui échangent exacte­ment les mêmes pro­pos que lors de leur ren­con­tre au chevet de la sui­cidée alors mécon­naiss­able à cause de ses ban­dages sur tout le corps. La reprise de la même scène mais filmée depuis un autre point de vue invite à réin­ter­préter le cri du per­son­nage réduit à l’état de momie sur lequel se clôt le film. Cri d’horreur face à une malé­dic­tion infer­nale vouée à se répéter ? Con­tre l’abomination d’une trans­mi­gra­tion d’âme con­sciente ? Par­mi les très rares élé­ments four­nis sur Simone Choule fig­ure la déc­la­ra­tion de Stel­la : « Vous savez bien qu’elle n’aimait pas les hommes ». De son côté, le pro­tag­o­niste sem­ble avoir fort peu de goût pour les femmes : mal­gré les avances appuyées de la belle Stel­la, il ne cherche pas à aller plus loin, et les deux nuits passées dans le même lit restent tout à fait chastes. Simone Choule s’est-elle pro­gres­sive­ment trans­for­mée en homme avant que lui-même ne se trans­forme en femme ? Sont-ils devenus jumeaux au point de s’interchanger ? Le film de Polan­s­ki ne per­met pas d’en décider.

Sous l’œil du spectateur : travestissement et désir

Au ciné­ma, le trav­es­ti appa­raît le plus sou­vent comme un objet de spec­ta­cle qui a pour lieu d’élection les cabarets de Paris, Berlin, Madrid ou Syd­ney. Surha­bil­lé (bas, gants, corset), le trav­es­ti asso­cie théâ­tral­ité et éro­tique du vête­ment selon un rit­uel pré­cis d’habillage et de désha­bil­lage. L’image peut-être la plus emblé­ma­tique de ce jeu entre mon­tr­er et cacher est la robe « corps nu » créée par Jean-Paul Gaulti­er pour Gael Gar­cia Bernal dans LA MAUVAISE EDUCATION de Pedro Almod­ovar : cette robe fig­ure le corps entière­ment dénudé d’une femme, comme une sec­onde peau sur laque­lle sont dess­inés les ongles ver­nis des mains, la pointe des seins et les poils du pubis.

Helmut Berger dans LES DAMNÉS de Luchino Visconti, 1969. Photo collection Cahiers du cinéma.
Hel­mut Berg­er dans LES DAMNÉS de Luchi­no Vis­con­ti, 1969. Pho­to col­lec­tion Cahiers du ciné­ma.

Le proces­sus de théâ­tral­i­sa­tion du corps est poussé à son parox­ysme par les drag-queens qui créent de nou­veaux codes de jeu, comme le mon­tre le film aus­tralien PRISCILLA FOLLE DU DESERT de Stephan Elliott 10. C’est qu’en lui-même le trav­es­tisse­ment allie recherche sur soi (ou con­nais­sance de soi) et expéri­men­ta­tion théâ­trale. « Le trav­es­tisse­ment, écrit Lau­ra Mar­i­ani, est une manière d’être sur scène qui per­met de se con­naître en se réal­isant : il con­firme ain­si le théâtre comme lieu de la représen­ta­tion non nat­u­ral­iste de la dif­férence sex­uelle et de l’altérité. » À tra­vers les per­for­mances scéniques des drag-queens, Stephan Elliott souligne cette fonc­tion par­ti­c­ulière du théâtre. Quand un habi­tant d’une ville reculée d’Australie, médusé par l’allure extra­or­di­naire de ces per­son­nages, leur demande d’où ils vien­nent, l’un d’eux répond « d’Uranus ! », revendi­quant à la fois l’appartenance à un troisième sexe dit « uranien » et à une étrangeté plus rad­i­cale encore, celle de la sci­ence-fic­tion. En effet, ce ne sont plus tant des femmes qui sont imitées que des créa­tures nou­velles qui sont inven­tées, des hybrides aux cheveux ros­es ou aux langues bleues, avec des vête­ments détour­nant les objets du quo­ti­di­en (par exem­ple une robe en tongs). Cette hybri­da­tion qui se glisse à la fois entre les gen­res et entre les règnes (ailes géantes d’oiseaux, queues et langues de lézards…), entre le naturel et l’artificiel repose sur la fic­tion d’un corps remod­e­lable à volon­té dans et par la théâ­tral­i­sa­tion.

En fait, par référence à ses déter­mi­na­tions biologiques, le corps du trav­es­ti est celui d’un tricheur, d’un acteur pro­téi­forme qui s’autodésigne, voire s’autodénonce comme utopie ou comme illu­sion : Letal, dans TALONS AIGUILLES, offre l’un de ses faux seins qu’il/elle ôte à Becky, son idole. De plus, quand Rebec­ca l’aide à se désha­biller, elle démonte un à un les trucages de l’illusion théâ­trale (per­ruque, faux seins, fauss­es hanch­es, corset et bas) pour faire appa­raître la vérité de la nudité. Celui qui n’a pas de nom, juste un surnom (« Letal »), et qui a même pris pen­dant quelque temps cette iden­tité de « Letal », en prend d’autres au cours du film. Pour­tant, Rebec­ca (Vic­to­ria Abril) parvient finale­ment à le recon­naître et à l’identifier un peu plus tard dans le film, grâce au grain de beauté qu’il porte sur le pénis : le mar­queur de l’identité de ce trav­es­ti, c’est donc ce détail intime qui, tout en soulig­nant son appar­te­nance au sexe mas­culin, le sin­gu­larise. Si les gestes, les voix et les vis­ages peu­vent être imités et donc brouiller les traits indi­vidu­els, ce n’est pas le cas de la nudité et en par­ti­c­uli­er du sexe, ren­du unique ici.

D’une cer­taine manière, il est néces­saire qu’à la fin de son numéro, le trav­es­ti se dénonce comme tel pour être pleine­ment recon­nu comme un grand artiste. À la fin des saluts, sur un air d’orchestre qui pré­pare et souligne son geste, Vic­to­ria ôte d’un geste ample et solen­nel la per­ruque qui cou­vre ses cheveux coupés courts en même temps que son vis­age cesse de sourire et se crispe : Vic­to­ria est rede­venu Vic­tor. La rup­ture de l’illusion, claire­ment mise en scène, per­met à l’art du trav­es­tisse­ment d’être recon­nu dans sa dimen­sion esthé­tique. Ciné­ma et trav­es­ti se con­juguent donc aisé­ment pour pro­duire une mise en abîme de l’illusion théâ­trale.

VICTORIA/VICTORIA, le film de Blake Edwards, repose presque entière­ment sur le regard que le spec­ta­teur porte sur la per­for­mance du trav­es­ti. En effet, le cinéaste a filmé les numéros de music-hall qua­si­ment tou­jours depuis le pub­lic, et le plus sou­vent depuis l’une des places des spec­ta­teurs per­son­nages comme celle de Todd (Robert Pre­ston) ou surtout celle de King Marc­hand (James Gar­ner), l’impresario améri­cain qui tombe amoureux du trav­es­ti. Ce dernier est cap­tivé par le spec­ta­cle : émer­veil­lé, ent­hou­si­aste, applaud­is­sant à tout rompre, puis soudain glacé lorsqu’il com­prend que Vic­to­ria est un homme. Or King Marc­hand est le stéréo­type du macho améri­cain, sûr de sa viril­ité, et con­va­in­cu de ne jamais se laiss­er abuser puisqu’il est par pro­fes­sion habitué à tous les arti­fices de la scène. La réus­site du spec­ta­cle de trav­es­ti néces­site la croy­ance du spec­ta­teur, c’est-à-dire la mise en jeu d’un pacte d’illusion théâ­trale. Aus­si, dans les films met­tant en scène des numéros de trav­es­ti, le pacte d’illusion ciné­matographique dépend-il étroite­ment de ce pacte d’illusion théâ­trale. « Si le pub­lic dans le film y croit, alors le pub­lic regar­dant le film y croit aus­si », insiste Blake Edwards.

Si le ciné­ma a besoin de pass­er par le théâtre pour nous mon­tr­er le pou­voir de fas­ci­na­tion du trav­es­ti, le théâtre a besoin en retour du ciné­ma pour voir au plus près le regard du spec­ta­teur sur la représen­ta­tion. Scru­tant les vis­ages, la caméra a le pou­voir de capter le moment où se révè­lent le désir et le fan­tasme de chaque spec­ta­teur. Dès lors, la per­for­mance scénique du trav­es­ti est à l’intersection de ces désirs et de ces fan­tasmes, à l’exemple du show de Letal présen­té dans TALONS AIGUILLES. « Femme Letal : la vraie Becky » : tel est le texte qui accom­pa­gne la pho­to d’un vis­age très maquil­lé entouré de plumes rouges et qui fixe le spec­ta­teur. L’affiche du spec­ta­cle se veut l’exacte réplique d’un por­trait très glam­our de Becky (Marisa Pare­des), star du ciné­ma et de la chan­son inven­tée par Almod­ovar et mère de Rebec­ca. Tout en ras­sur­ant sa mère sur son car­ac­tère unique, irrem­plaçable, Rebec­ca légitime l’imitation de Letal : « Quand tu me man­quais, j’allais le voir », con­fie-telle à sa mère. Ain­si, le trav­es­ti se change-t-il pour elle en image de la mère (« j’adore que tu imites ma mère » avoue-t-elle à Letal) puisque l’imitation de Letal est suff­isam­ment belle pour qu’elle puisse y retrou­ver l’icône mater­nelle qu’elle a gardée depuis son enfance. Or, cette fille, Rebec­ca, que son prénom même inscrit comme imi­ta­tion de sa mère, se voit comme un sim­u­lacre dégradé. Ne réus­sis­sant pas à imiter sa mère, elle demande au trav­es­ti de le faire pour elle. Celui-ci devient le sub­sti­tut de l’icône de la femme par­faite qu’elle ne pour­ra jamais être et de la fig­ure mater­nelle adorée mais man­quante.

Mais la per­for­mance de Letal, parce qu’elle met en scène un moment de séduc­tion absolue et lui ren­voie une image de son passé, va aus­si servir de medi­um au désir de Becky. Letal inter­prète une vieille chan­son de Becky inti­t­ulée Un año de amor en por­tant les mêmes vête­ments qu’elle et en repro­duisant exacte­ment les gestes dont elle l’accompagnait alors. Sans le savoir, Letal réveille à tra­vers cette chan­son la pas­sion mal éteinte de Becky et de Manuel (Feodor Atkine), le mari de Rebec­ca. C’est ce que mon­trent les regards élo­quents de Manuel sur Letal puis sur Becky, de Becky sur Letal qui, telle une madeleine prousti­enne, rend ses sou­venirs presque pal­pa­bles (ce que l’insert du flash-back d’une étreinte pas­sion­née sur une plage sud-améri­caine nous rend man­i­feste); les regards, enfin, de Rebec­ca qui cir­cu­lent de l’un à l’autre. Ceux-ci lui con­fir­ment ce que Becky et surtout Manuel ne pren­nent pas vrai­ment soin de cacher : le désir de revivre cette « année d’amour » dont par­le la chan­son.

Quand il réus­sit à capter la quin­tes­sence de la féminité et à façon­ner une icône de femme idéale, le trav­es­ti fascine le spec­ta­teur (tel que nous le mon­tre le film) tout en réveil­lant la com­posante homo­sex­uelle, avouée ou non, de sa per­son­nal­ité. Il arrive alors que, vic­time de ce désor­dre qu’il ne soupçon­nait pas, ce spec­ta­teur-per­son­nage voie s’effondrer ses repères (le diplo­mate français Gal­li­mard (Jere­my Irons) dans M. BUTTERFLY de Cro­nen­berg refuse jusqu’au bout d’accepter que le dan dont il est l’amoureux et le con­cu­bin soit un homme), et devi­enne par­fois pro­vi­soire­ment impuis­sant (comme King Marc­hand dans VICTOR/VICTORIA).

Si le trav­es­tisse­ment théâ­tral, dans les tra­di­tions scéniques qui y ont eu sys­té­ma­tique­ment recours, tel le théâtre élis­abéthain, tend à faire fusion­ner le mas­culin dans le féminin (voire, plus rarement, le féminin dans le mas­culin, comme c’était par exem­ple le cas aux orig­ines du kabu­ki), sa mise en per­spec­tive ciné­matographique tend davan­tage à con­stru­ire le mas­culin et le féminin dans un jeu de ten­sions récipro­ques, en anamor­phose l’un par rap­port à l’autre, comme l’explique dans STAGE BEAUTY l’acteur Kynas­ton (Bil­ly Crud­dup), spé­cial­iste des rôles féminins shake­speariens. Ce dernier, objet de tous les fan­tasmes, épouse les désirs de tous les spec­ta­teurs : « Ce qu’ils veu­lent, c’est de l’illusion », dit-il très lucide­ment de ses nom­breux admi­ra­teurs et admi­ra­tri­ces. Aus­si n’apparaît-il hors scène devant eux et elles que dans ses atours féminins. Même pour son amant Buck­ing­ham (Ben Chap­lin), s’il lui laisse voir son corps nu d’homme, il porte sou­vent une per­ruque, à la demande expresse du duc, qui prend un plaisir par­ti­c­uli­er à faire l’amour sur la scène du théâtre. En fait, le désir du duc est un désir de théâtre : amoureux de Des­dé­mone et d’Ophélie, il vit sa pas­sion en pos­sé­dant le corps du trav­es­ti. Sup­port de toutes les pro­jec­tions désir­antes de la part de tous les sex­es, il sus­cite de manière ultime le désir de théâtre, notam­ment pour Maria la petite habilleuse (Claire Danes) qui va devenir la toute pre­mière actrice sur la scène anglaise sous le nom de Mar­garet Hugh­es : pour elle, il est l’acteur par excel­lence.

Victoria Abril et Miguel Bosè dans TALONS AIGUILLES de Pedro Almodovar, 1992. Photo collection Cahiers du cinéma.
Vic­to­ria Abril et Miguel Bosè dans TALONS AIGUILLES de Pedro Almod­ovar, 1992. Pho­to col­lec­tion Cahiers du ciné­ma.

Tel que le ciné­ma le mon­tre depuis une trentaine d’années, le trav­es­ti s’éloigne donc tou­jours plus des rôles cod­i­fiés, des sit­u­a­tions stéréo­typées et des effets comiques très large­ment emprun­tés aux tra­di­tions de la scène théâ­trale (en par­ti­c­uli­er celles de la farce), dans lesquels il était main­tenu notam­ment dans la comédie clas­sique hol­ly­woo­d­i­enne. Qu’il emprunte ou non à l’imaginaire extrav­a­gant des drag-queens, le ciné­ma con­tem­po­rain tend en pre­mier lieu à exac­er­ber la théâ­tral­ité intrin­sèque du trav­es­tisse­ment, spec­ta­cle sur le spec­ta­cle, dans un enchevêtrement mimé­tique où les indices du vrai et du faux ne cessent de per­muter. Mais, surtout, parce qu’il peut nous mon­tr­er le spec­ta­teur en même temps que le trav­es­ti qu’il regarde, le ciné­ma met en scène les zones de trou­ble et de désir qui sur­gis­sent dans les jeux de mise en abîme de l’identité du genre.

  1. STAGE BEAUTY de Richard Eyre, scé­nario de Jef­frey Hatch­er d’après une pièce de Jef­frey Hatch­er, 106 mn, couleurs, Roy­aume-Uni / Alle­magne / États-Unis, 2004. ↩︎
  2. Par­mi les rares excep­tions, GLEN OR GLENDA (1953) d’Ed Wood, l’un des pre­miers films entière­ment con­sacré à un trav­es­ti qui, tout comme le cinéaste qui inter­prète lui-même le rôle, aime à porter des vête­ments féminins, ten­dance qui va jusqu’au dédou­ble­ment de per­son­nal­ité. ↩︎
  3. Plus rarement, le trav­es­ti est util­isé comme un motif presque trag­ique. Dans L’ANNEE DES TREIZE LUNES (1978) de Fass­binder, le trans­sex­uel devenu Elvi­ra est con­duit, par détresse sex­uelle et affec­tive, à repren­dre des habits d’homme pour ten­ter d’obtenir en payant les faveurs de quelque jeune homme dans les lieux de ren­dez-vous noc­turnes des homo­sex­uels. Si l’habit mas­culin rend sa présence d’abord tolérable et… ↩︎
  4. CERTAINS L’AIMENT CHAUD (SOME LIKE IT HOT) de Bil­ly Wilder, scé­nario de Bil­ly Wilder et I. A. L. Dia­mond, 120 mn, noir et blanc, États-Unis, 1959. ↩︎
  5. TOOTSIE de Syd­ney Pol­lack, scé­nario de Lar­ry Gel­bart, 119 mn, couleurs, États-Unis,1982. ↩︎
  6. MRS DOUBTFIRE de Chris Colom­bus, scé­nario de Ran­di Mayem Sin­geret et Leslie Dixon d’après un roman de Anne Fine, 125 mn, couleurs, États-Unis,1993. ↩︎
  7. SYLVIA SCARLETT de George Cukor, scé­nario de Gladys Unger, John Col­lier et Mor­timer ↩︎
  8. PSYCHOSE (PSYCHO) d’Alfred Hitch­cock, scé­nario de Joseph Ste­fano d’après le roman de Robert Bloch, 109 mn, noir et blanc, États-Unis, 1960. ↩︎
  9. LE LOCATAIRE (THE TENANT) de Roman Polan­s­ki, scé­nario de Gérard Brach, Roman Polan­s­ki d’après le roman de Roland Topor, 125 mn, couleurs, France / États-Unis, 1976. ↩︎
  10. PRISCILLA FOLLE DU DESERT (THE ADVENTURES OF PRISCILLA QUEEN OF THE DESERT) de Stephan Elliott, scé­nario de Stephan Elliott, 104 mn, couleurs, Aus­tralie, 1994. ↩︎

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Carole Guidicelli
Carole Guidicelli enseigne à l’Université de Caen. Sa thèse de doctorat, dirigée par Georges Banu,...Plus d'info
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