BECOMING A MAN IN 127 EASY STEPS

Entretien
Théâtre

BECOMING A MAN IN 127 EASY STEPS

Entretien avec Scott Turner Schofield

Le 22 Avr 2010
Scott Turner Schofield dans BECOMING A MAN IN 127 EASY STEPS de Scott Turner Schofield, mise en scène Steve Bailey, CDDB - Théâtre de Lorient, octobre 2009. Photo Alain Fonteray.
Scott Turner Schofield dans BECOMING A MAN IN 127 EASY STEPS de Scott Turner Schofield, mise en scène Steve Bailey, CDDB - Théâtre de Lorient, octobre 2009. Photo Alain Fonteray.

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Scott Turner Schofield dans BECOMING A MAN IN 127 EASY STEPS de Scott Turner Schofield, mise en scène Steve Bailey, CDDB - Théâtre de Lorient, octobre 2009. Photo Alain Fonteray.
Scott Turner Schofield dans BECOMING A MAN IN 127 EASY STEPS de Scott Turner Schofield, mise en scène Steve Bailey, CDDB - Théâtre de Lorient, octobre 2009. Photo Alain Fonteray.
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 104 - Désir de théâtre. Désir au théâtre
104

SYLVIE MARTIN-LAHMANI : Dans ce spec­ta­cle, BECO- MING A MAN, appa­rais­sent au moins trois formes de désir. Le désir de chang­er de sexe, le désir de chang­er de vie et le désir de faire du théâtre avec sa vie…

Scott Turn­er Schofield : J’ai tou­jours désiré chang­er de sexe et j’ai tou­jours désiré faire du théâtre. Mon iden­tité était que j’étais une femme « mas­cu­line » et lorsque j’étais à l’université, j’avais de très bonnes notes, on me con­sid­érait comme doué mais je n’étais jamais engagé au théâtre, il n’y avait pas de rôles pour moi. On me dis­ait, tu es une femme super mas­cu­line, il n’y a pas de rôles pour toi, c’est la vie… Mais un met­teur en scène m’a dit, on te sou­tien­dra si tu imag­ines un rôle pour toi-même, si tu écris tes pro­pres pièces.

S. M.-L.: Tu étais dans quelle uni­ver­sité ? 

S. T. S. : Emory Uni­ver­si­ty (Atlanta). J’ai donc écrit mon pro­pre spec­ta­cle (UNDERGROUND TRANSIT) qui a ren­con­tré un grand suc­cès avant même que je ter­mine mon cur­sus uni­ver­si­taire.
C’était en décem­bre 2001 et je l’ai beau­coup tourné. C’était un spec­ta­cle basé sur ma volon­té de chang­er de sexe. C’était ma pre­mière ren­con­tre avec le mot, avec l’idée de « trans­genre », j’avais dix-neuf ans. C’était la tra­jec­toire sur la com­préhen­sion de chaque étape qu’il fal­lait franchir pour chang­er de sexe. La dif­férence qu’il y a entre genre et sexe, l’idée qu’on peut être une femme et vouloir devenir un homme, et que c’est pos­si­ble de le faire. J’étais influ­encé par les per­form­ers améri­cains – Holy Hugh­es, Tim Miller, Karen Fin­ley, John Fleck – qui avaient réal­isé des per­for­mances provo­cantes et à con­no­ta­tion sex­uelle. Il y avait un con­flit avec le National­en­dow­ment­fort­heartsqui ne voulait pas les sub­ven­tion­ner et a révo­qué les bours­es qu’il avait don­nées dans un pre­mier temps à ces artistes.

Bernard Debroux : Quelles étaient les raisons de ce change­ment de cap ? 

S. T. S. : Il y a eu des plaintes d’un séna­teur con­ser­va­teur, Jesse Helmes, qui esti­mait que ces per­for­mances fai­saient l’apologie de la nudité, de l’homosexualité, quelles étaient immorales, insul­tantes, obscènes.
Il y a une longue tra­di­tion aux États-Unis de pièces à car­ac­tère auto­bi­ographique, dont le sujet est aus­si le désir, le corps. Cette tra­di­tion m’a beau­coup influ­encé.

B. D.: Com­ment BECOMING A MAN a‑t-il été conçu ? Quel en a été le proces­sus de réal­i­sa­tion ? 

S. T. S. : J’ai reçu une com­mande de la com­mi­sion Nation­al per­for­mance net­work aux États-Unis, et une bourse pour l’écrire en un an. Le con­tenu était lié à mon iden­tité de « genre ». Je dis­po­sais d’un très grand nom­bre de petites his­toires, d’anecdotes, mais rien d’assez général… C’était dif­fi­cile au départ de les rassem­bler. Je me rendais compte que ces his­toires étaient trop indi­vidu­elles, trop liées à moi et qu’il était dif­fi­cile d’en faire une his­toire qui pou­vait intéress­er un pub­lic plus large. Je me dis­ais que le « genre » était une his­toire avec laque­lle il faut par­ticiper. C’est ma vie, c’est ma voie. Et je me suis dit qu’il serait intéres­sant de faire par­ticiper le pub­lic aux dif­férentes étapes qui ont con­duit à être ce que je suis. Et cela en posant des ques­tions comme « qu’est-ce qu’un homme ? », « qu’est-ce que le corps ? » etc. J’ai besoin de créer mon « genre » avec les spec­ta­teurs, j’ai besoin d’eux.
Il y a en ce moment un mou­ve­ment d’artistes « queer », qui regroupe des homo­sex­uels, des les­bi­ennes, un monde « under­ground ». J’avais vu aus­si par­mi eux des per­for­mances acro­ba­tiques, ça m’avait touché et j’avais envie d’essayer…

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Théâtre
Scott Turner Schofield
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Co-écrit par Sylvie Martin-Lahmani
Pro­fesseure asso­ciée à la Sor­bonne Nou­velle, Sylvie Mar­tin-Lah­mani s’intéresse à toutes les formes scéniques con­tem­po­raines. Par­ti­c­ulière­ment atten­tive aux...Plus d'info
Bernard Debroux
et Bernard Debroux
Fon­da­teur et mem­bre du comité de rédac­tion d’Al­ter­na­tives théâ­trales (directeur de pub­li­ca­tion de 1979 à 2015).Plus d'info
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