Les Naufragés du Fol Espoir (Aurores)

Théâtre
Portrait

Les Naufragés du Fol Espoir (Aurores)

Le 8 Avr 2010
Serge Nicolaï dans LES NAUFRAGÉS DU FOL ESPOIR d’Hélène Cixous, librement inspiré d’un roman de Jules Verne, mise en scène Ariane Mnouchkine et le Théâtre du soleil, La Cartoucherie, Paris, 2010. Photo Michèle Laurent.
Serge Nicolaï dans LES NAUFRAGÉS DU FOL ESPOIR d’Hélène Cixous, librement inspiré d’un roman de Jules Verne, mise en scène Ariane Mnouchkine et le Théâtre du soleil, La Cartoucherie, Paris, 2010. Photo Michèle Laurent.

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Serge Nicolaï dans LES NAUFRAGÉS DU FOL ESPOIR d’Hélène Cixous, librement inspiré d’un roman de Jules Verne, mise en scène Ariane Mnouchkine et le Théâtre du soleil, La Cartoucherie, Paris, 2010. Photo Michèle Laurent.
Serge Nicolaï dans LES NAUFRAGÉS DU FOL ESPOIR d’Hélène Cixous, librement inspiré d’un roman de Jules Verne, mise en scène Ariane Mnouchkine et le Théâtre du soleil, La Cartoucherie, Paris, 2010. Photo Michèle Laurent.
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 104 - Désir de théâtre. Désir au théâtre
104
Heureux qui comme Ariane a fait un beau voyage…

LA NOUVELLE CRÉATION du Soleil1 est assuré­ment le « Fol Espoir » d’un théâtre qui s’accroche à l’aventure, d’un théâtre embar­qué comme un navire des mois durant dans un fab­uleux voy­age. Celui d’une équipée mil­i­tante qui retranche le re- des répéti­tions et des représen­ta­tions, préférant la présen­ta­tion d’un tra­vail et les péti­tions vivantes. Un théâtre qui s’autorise à retarder la date de la pre­mière, autant de fois que le néces­siteront les mou­ve­ments de la mer aux roulis incer­tains.
Ari­ane Mnouchkine accueil­lait les spec­ta­teurs aux ultimes répéti­tions et pre­miers filages en s’excusant des malen­ten­dus pos­si­bles… Le « pas fini » peut se con­fon­dre avec le « pas bien»… « l’essai » avec « l’erreur»… Quel malen­ten­du ? 

Un vrai bonheur que ce malentendu-là ! 

Ari­ane Mnouchkine, en deman­dant lors d’un filage, à la poignée de spec­ta­teurs présents, de bien vouloir con­tin­uer à par­ler, alors qu’assise à sa table de régie au milieu des gradins, elle règle les derniers instants avant l’embarquement, cette requête mar­que com­bi­en le brouil­lage sonore procuré par le pub­lic présent est ras­sur­ant et inquié­tant à la fois. C’est le signe de la ren­con­tre sur le quai d’embarquement, celui des retrou­vailles, mais aus­si celui où l’on peut encore se décider à par­tir ou non. « Cer­tains diront que c’est un priv­ilège, d’autres le vivront comme une épreuve. Une chose est sûre. Celles et ceux qui n’ont jamais sup­porté l’idée d’assister à un accouche­ment doivent ren­tr­er chez eux et revenir une fois l’enfant lavé » prévient Ari­ane Mnouchkine.
Le spec­ta­teur ne sait pas qu’il va s’embarquer dans une folle aven­ture qui s’éloigne certes de la ligne d’horizon atten­due dans un cer­tain théâtre con­tem­po­rain, mais qui résonne d’une his­toire du théâtre. Est-ce un hasard si la pre­mière entrée dans la fic­tion passe par celle d’une thésarde à la recherche des traces du tra­vail de son ancêtre sur « l’Art, le Ciné­ma et l’Éducation Pop­u­laire » ? Est-ce là le pro­gramme d’un temps révolu ? 
Et pour­tant ce passé d’artistes, mil­i­tants défenseurs des valeurs human­istes d’un autre âge, va s’animer devant nous et nous embar­quer à bord du « Fol Espoir ».
La foi dans le bon­heur, le pro­grès et la générosité envers son prochain, sera le cre­do de l’équipage comme il est celui des par­ti­sans du Théâtre du Soleil, leur Espoir insen­sé. Un brin désuets comme les sou­venirs d’enfance réac­tivés entre frères, les naufragés du Fol Espoir n’en sont pas moins touchants. La sincérité de ces pio­nniers émeut, leur naïveté touche, leur ent­hou­si­asme con­va­inc et leur élan emporte.
Le cadre est placé, le ton est don­né, on les suit et l’on s’embarque dans une ver­tig­ineuse mise en abyme du théâtre. Ari­ane Mnouchkine aux com­man­des, le navire nous plonge qua­tre heures durant dans des aven­tures qui sem­blent sor­tir les unes des autres. Avec l’équipage, nous remon­tons dans le temps et nous nous per­dons aux con­fins du monde. Mais c’est pour mieux enten­dre par­ler de notre époque et de notre futur, de notre respon­s­abil­ité et de celle de l’art dans cette re-con­quête de l’Humanité per­due.

Magie du grenier

Et quoi de mieux qu’un gre­nier pour croire encore au pou­voir de l’art et du théâtre ?
Le gre­nier de l’enfance, celui des malles pleines de cos­tumes et de décors pour spec­ta­cles « bouts de ficelle » dont l’artifice est si fort qu’il fait illu­sion. C’est là que la troupe nous emmène, dans le gre­nier d’une guinguette, « Le Fol Espoir », tan­dis qu’en bas, le peu­ple se détend et que la fête bat son plein au son du limon­aire.
Un refuge et un fil­tre aux bruits du monde qui gron­dent et finis­sent par rat­trap­er la fic­tion. Nous sommes le 29 juin 1914, époque de Fol Espoir dans les promess­es du pro­grès, mais que la bêtise et le nation­al­isme fauchent sur leur pas­sage. L’assassinat de François-Fer­di­nand sonne le glas : le feu monte jusqu’au gre­nier tan­dis que l’art du ciné­matographe et la caméra s’érigent en arme con­tre la guerre, la con­voitise, le pou­voir de l’argent et l’ambition.

« Gabrielle, tourne la maniv­elle ! »

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Ariane Mnouchkine
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Véronique Perruchon
Véronique Perruchon est docteur en études théâtrales et auteur d’une thèse intitulée L’ŒUVRE théâtrale d’André...Plus d'info
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