Le travail d’équipe autour de Stefan Herheim

Opéra
Portrait

Le travail d’équipe autour de Stefan Herheim

Le 8 Juil 2012

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Couverture numéro 113_113 - Le théâtre à l’opéra, la voix au théâtre
113 – 114

AU PRINTEMPS 2012, au moment où cet essai voit le jour, Ste­fan Her­heim met en scène SERSE de Georg Friedrich Haen­del au Komis­che Oper de Berlin. Il y est ques­tion des pas­sions débor­dantes qui préoc­cu­per­ont ultérieure­ment un August Strind­berg ou qui sont aujourd’hui le thème de soap-opéras. À l’origine, « opéra » veut dire « œuvre ». Ste­fan Her­heim a déjà mis en scène un opéra de Haen­del. En 2005, GIULIO CESARE IN EGITTO fut plébisc­ité au Folketeatret d’Oslo, la salle où l’on don­nait le théâtre musi­cal avant l’ouverture en 2008 du nou­v­el opéra. Quelque deux cent qua­tre-vingts ans après la créa­tion de l’œuvre, César atter­rit dans un OVNI en forme de lus­tre au milieu de per­son­nes vivant aujourd’hui = au milieu du peu­ple qui le regarde mi incré­d­ule, mi admi­ratif. De cette manière, l’opéra vient « à nous ». Ste­fan Her­heim le sait bien : un pro­duc­teur est sans réserve esclave de l’opéra – sur une scène où, en l’espace de trois heures en moyenne (soit la durée de deux matchs de foot­ball ou d’une super­pro­duc­tion hol­ly­woo­d­i­enne), notre exis­tence entière s’écoule en reflets entre utopie et cauchemar.

Axiome

En réal­ité, il est pré­ten­tieux de vouloir décrire en mots un met­teur en scène. Il est un archi­tecte qui tra­vaille délibéré­ment dans l’ombre au gros œuvre d’un édi­fice. Qui donc s’intéresse aux plans de con­struc­tion une fois l’ouvrage ter­miné ? N’entretient-on pas pré­cisé­ment à l’opéra le préjugé que l’on s’en est longtemps très bien tiré sans met­teur en scène ? On racon­te qu’autrefois, le chanteur le plus expéri­men­té indi­quait aux mem­bres d’une troupe ce qu’ils devaient faire sur scène. Faux ! Il suf­fit de lire ne serait-ce qu’une phrase d’une let­tre de Mozart ou de Ver­di au sujet des jeux de scène. Il y est tou­jours ques­tion de la mise au banc d’essai d’un « inter­prète » impliqué. Existe-t-il une fidél­ité à l’œuvre au sens « Ça ne marche que comme ça » ? Non : plus les indi­ca­tions pré­cisant « com­ment » faire sem­blent être claire­ment notées dans une par­ti­tion, plus l’obsession de lib­erté est grande pour l’interprète. Le sys­tème de signes et de sym­bol­es est garant de la dialec­tique entre don­née fixe et lib­erté. Le met­teur en scène est un archéo­logue qui pénètre les dessous d’une par­ti­tion, qu’il dis­sèque tel un médecin – organe après organe, prenant même le risque de se per­dre dans des labyrinthes souter­rains. Le terme français « met­teur en scène » est explicite : un met­teur en œuvre est un typographe, un ouvri­er imprimeur, un arti­san, un prestataire de ser­vices qui ne se perd pas en mots mais « agit ». Voilà qui devrait plaire à Ste­fan Her­heim.

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Portrait
Stefan Herheim
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Écrit par Wolfgang Willaschek
Wolf­gang Willaschek a débuté son activ­ité de dra­maturge en 1981 au Staat­sop­er de Ham­bourg et a depuis tra­vail­lé...Plus d'info
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