Les scènes philosophiques de la marionnette

Marionnettes
Réflexion

Les scènes philosophiques de la marionnette

Le 16 Juil 2018
Dés(équilibres, conception Odradek/Pupella Noguès, 2014. Photo Bruno Wagner.
Dés(équilibres, conception Odradek/Pupella Noguès, 2014. Photo Bruno Wagner.
Dés(équilibres, conception Odradek/Pupella Noguès, 2014. Photo Bruno Wagner.
Dés(équilibres, conception Odradek/Pupella Noguès, 2014. Photo Bruno Wagner.
Article publié pour le numéro
135

Le théâtre de mar­i­on­nettes pose, par essence, des ques­tions aus­si essen­tielles que : qu’est-ce que l’homme ? Qu’est-ce qu’être vivant ? Qu’est-ce que la lib­erté ? Com­ment envis­ager les liens entre l’esprit et la matière ? Le ques­tion­nement sur la nature et la con­di­tion humaine ain­si que sur les fron­tières entre le vivant et le non-vivant sont au cen­tre de sa représen­ta­tion. Les récents développe­ments de la pen­sée sci­en­tifique autour des ques­tions du post-humain réac­tivent le mod­èle de la mar­i­on­nette, aux côtés d’autres fig­ures telles que l’automate, le robot, l’avatar numérique, le cyborg. En somme, la mar­i­on­nette nous aide depuis longtemps à penser ce qu’il y a en nous d’« autre » que l’humain. C’est ce à quoi s’emploie l’ouvrage col­lec­tif Les Scènes philosophiques de la mar­i­on­nette, édité aux édi­tions L’Entretemps, dans la col­lec­tion « La Main qui par­le » de l’Institut Inter­na­tion­al de la mar­i­on­nette de Charleville-Méz­ières. Il y a deux manières de penser la mar­i­on­nette. Soit la philoso­phie per­met d’interpréter les scènes mar­i­on­net­tiques – les énon­cés philosophiques délivrent alors des énon­cés clairs et explicites sur les spec­ta­cles pour penser des ques­tions d’envergure comme la tech­nique, la matière, l’âme, l’animation… Ici, la philoso­phie est pre­mière et le spec­ta­cle, sec­ond. Soit la mar­i­on­nette et son écri­t­ure sont approchées comme des pen­sées en soi, pen­sées de plateau, pen­sées de ter­rain. Cette « pen­sée-mar­i­on­nette » qui fait de la mar­i­on­nette une forme de pen­sée spé­ci­fique s’appréhende dans la mise en sit­u­a­tion de con­cepts sur scène. La mar­i­on­nette devient alors une pen­sée qui jail­lit au sein de pra­tiques expéri­men­tales. On peut tout à fait répon­dre philosophique­ment à la ques­tion : la mar­i­on­nette a‑t-elle une âme ? L’article de Philippe Choulet mobilise en effet Pla­ton, Descartes, Leib­niz, Kant, Spin­oza et Niet­zsche pour com­pren­dre cette « illu­sion d’animation ». Mais il est aus­si pos­si­ble, comme le pro­pose Noémie Lorentz, de met­tre à l’épreuve ces pré­sup­posés philosophiques en les con­frontant à la con­cep­tion des mar­i­on­nettes à fils de Frank Soehn­le, si recon­naiss­ables par leur mou­ve­ment sou­ple de bal­anci­er rel­a­tive­ment libre (per­me­t­tant de revendi­quer mali­cieuse­ment que c’est bien la mar­i­on­nette qui dirige), ou bien à la pra­tique de Stephen Mot­tram qui dédie à la pré­ci­sion tech­nique et au con­trôle la « vie » de ses mar­i­on­nettes, sans entretenir une quel­conque mytholo­gie de l’âme pré­sup­posée des mar­i­on­nettes.

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Co-écrit par Flore Garcin-Marrou
Flo­re Garcin-Mar­rou est maîtresse de con­férences en études théâ­trales à l’Université Toulouse Jean Jau­rès. Ses recherch­es por­tent essen­tielle­ment...Plus d'info
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et Hélène Beauchamp
Hélène Beauchamp est maîtresse de con­férences en lit­téra­ture com­parée à l’université de Toulouse-Jean Jau­rès, ses recherch­es ont porté...Plus d'info
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Par Bernard Debroux
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