Mnémosyne est une nouvelle étape dans l’oeuvre protéiforme de Josef Nadj qui, rappelons-le, a étudié les beaux-arts à Budapest avant de se former au théâtre corporel auprès d’András Kecskés et de découvrir, dans les années 1980 à Paris, la danse contemporaine. Cette double proposition, exposition de photographies et performance dansée, fait intrinsèquement partie de son langage artistique qui oeuvre – simultanément ou non – à travers différents médiums pour mieux se concentrer sur son sujet.
Les photographies exposées sont des portraits de grenouilles écrasées sur les routes de sa ville natale, Kanizsa, qu’il collectait dans son enfance : « Certaines de ces grenouilles passent des jours durant par le rouleau compresseur des bicyclettes, des voitures et des camions et quelquefois aussi des tanks, jusqu’à atteindre cet état quasi vibrant et incandescent de la tôle » raconte Ottó Tolnai1. Parce qu’un jour ces « tôles de crapaud » se sont « données à voir », qu’elles ont « parlé et chanté », ces oubliées de l’histoire ont pris place dans son imaginaire. Il les photographie aujourd’hui en des natures mortes et des mises en scène où le flou du socle sur lequel il les dispose parfois donne l’impression qu’elles dansent.