Porter une expression comme on porte un masque

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Porter une expression comme on porte un masque

Satoshi Miyagi, héraut d’un « jeu qui emporte »

Le 29 Mar 2020
Le Lièvre blanc d’Inaba et des Navajos, mise en scène Satoshi Miyagi, S.P.A.C., musée du quai Branly – Jacques Chirac, 2016. Photo K. Miura.
Le Lièvre blanc d’Inaba et des Navajos, mise en scène Satoshi Miyagi, S.P.A.C., musée du quai Branly – Jacques Chirac, 2016. Photo K. Miura.
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 140 - Les enjeux du masque
140

Par­mi les car­ac­téris­tiques sail­lantes du tra­vail théâ­tral mené par Satoshi Miya­gi, le directeur artis­tique de S.P.A.C.1, à Shizuo­ka, au Japon, que ce dernier pour­rait rassem­bler en un man­i­feste, je serais ten­tée de met­tre en avant la ques­tion du rap­port d’un jeu et d’une parole au ser­vice de la théâ­tral­ité ; la place cen­trale de la musique ; la dif­fu­sion de ces dernières dans des « non lieux de théâtre » ; l’étendue des réper­toires tra­vail­lés et leur force de réc­on­cil­i­a­tion du passé et de la moder­nité, comme de l’Orient et de l’Occident faisant de ce qui sem­blait oxy­mores, l’évidence des syn­crétismes – le tout sur fond de tournées et d’échanges inter­na­tionaux et d’une éthique human­iste. Quid du masque ? Ce dernier, plus comme mod­èle que comme objet, est égale­ment une con­stante du fait même de ce jeu très sou­vent partagé dans ses créa­tions entre l’acteur-voix (speak­er) et l’acteur-gestuelle (mover) pour chaque rôle, ce « deux pour un rôle » (futari-hito-yaku) – tech­nique­ment le socle de la méth­ode et de l’esthétique que Satoshi Miya­gi put faire exis­ter dans la com­pag­nie qu’il créa en 1990, Ku Na’uka, puis à sa prise de direc­tion de S.P.A.C., en 2007 – et qu’il met en lien directe­ment avec le masque.

Peu de masques ?
L’usage du masque pro­pre­ment dit, comme objet placé sur le vis­age ou la tête de l’acteur, reste très lim­ité dans l’œuvre de Satoshi Miya­gi.
Nous pou­vons observ­er sa présence et analyser son usage pour Turan­dot en 1992, mais aus­si pour Mugen-Nô Oth­el­lo en 1994, pour Mahab­hara­ta en 2013 ou encore pour Le Lièvre blanc d’Inaba et des Nava­jos en 2016 soit, dans qua­tre pro­duc­tions – même si des masques géométriques mêlant le por­trait du Fay­oum et l’esthétique d’Oskar Schlem­mer se don­nent aus­si à voir à l’ouverture de sa Médée en 1994 et que nous pour­rions égale­ment con­sacr­er un arti­cle au masquil­lage de cette com­pag­nie. 

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Satoshi Miyagi
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Écrit par Brigitte Prost
Entre autres, Maître de Con­férences en Études théâ­trales du départe­ment Arts du Spec­ta­cle de l’U­ni­ver­sité de Rennes.  Plus d'info
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