Résider autrement : Decoratelier et Le Lac. Deux expériences de partage spatial

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Résider autrement : Decoratelier et Le Lac. Deux expériences de partage spatial

Le 17 Déc 2020
Alco Degurutieni, Matthieu Ha, Simon Bollet, Kwande Park, Maxime Dardeau, Émelie, Louis Neuville, Théophile Roux et Jacques-Janvier (le chien) dans l’événement performatif « Le Lac op de boot», en collaboration avec le Boot Tenace dans le cadre des concerts sauvages du lac. Canal Charleroi- Bruxelles, Bruxelles, juin 2016. Photo Caroline Scheyven.
Alco Degurutieni, Matthieu Ha, Simon Bollet, Kwande Park, Maxime Dardeau, Émelie, Louis Neuville, Théophile Roux et Jacques-Janvier (le chien) dans l’événement performatif « Le Lac op de boot», en collaboration avec le Boot Tenace dans le cadre des concerts sauvages du lac. Canal Charleroi- Bruxelles, Bruxelles, juin 2016. Photo Caroline Scheyven.

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Alco Degurutieni, Matthieu Ha, Simon Bollet, Kwande Park, Maxime Dardeau, Émelie, Louis Neuville, Théophile Roux et Jacques-Janvier (le chien) dans l’événement performatif « Le Lac op de boot», en collaboration avec le Boot Tenace dans le cadre des concerts sauvages du lac. Canal Charleroi- Bruxelles, Bruxelles, juin 2016. Photo Caroline Scheyven.
Alco Degurutieni, Matthieu Ha, Simon Bollet, Kwande Park, Maxime Dardeau, Émelie, Louis Neuville, Théophile Roux et Jacques-Janvier (le chien) dans l’événement performatif « Le Lac op de boot», en collaboration avec le Boot Tenace dans le cadre des concerts sauvages du lac. Canal Charleroi- Bruxelles, Bruxelles, juin 2016. Photo Caroline Scheyven.
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27 août 2020, pas de fes­ti­val inter­na­tion­al des Brigit­tines pour pal­li­er l’absence de spec­ta­cles vivants dans la cap­i­tale belge durant cet été. Mais à Molen­beek-Saint-Jean, dans la cour de l’ancienne Raf­finer­ie Gra­effe (dont l’une des ailes est occupée par l’antenne brux­el­loise de Charleroi danse), des enfants finis­sent de pein­dre des instal­la­tions en bois et des tech­ni­ciens ten­tent des glis­sades sur un tobog­gan arti­sanal. Dans quelques heures, Dec­o­rate­lier1, le lieu-pro­jet de Jozef Wouters et de Men­no Van­de­velde, accueillera une fête des enfants pré­parée par l’artiste Ezra Fiere­mans. Au pro­gramme : pein­ture, piano, danse, tobog­gan, crêpes et jus. Inti­t­ulée « Some­thing when it doesn’t rain », la pro­gram­ma­tion esti­vale de Dec­o­rate­lier fut élaborée dans le con­texte du con­fine­ment qui a mis en exer­gue le manque sig­ni­fi­catif d’espaces publics ain­si que les sit­u­a­tions d’injustice spa­tiale vécues par les Brux­el­lois. Une prob­lé­ma­tique à laque­lle la struc­ture tente de répon­dre avec les moyens qui sont les siens, un espace et des out­ils, un espace qui devient out­il : « Durant le con­fine­ment, nous avons trans­for­mé notre cour intérieure en un parc semi-pub­lic avec un théâtre, un ciné­ma, une salle gym et un café, tous en plein air. Un out­il qui peut être util­isé par des organ­i­sa­tions qui n’ont pas d’infrastructures leur per­me­t­tant d’organiser des événe­ments en cette péri­ode. Avec ce pro­gramme, nous souhaitons met­tre à l’honneur le réseau des petites struc­tures à Brux­elles qui ont prou­vé leur ver­sa­til­ité et leur effi­cac­ité durant ces derniers mois étranges.2 » Cette atten­tion portée au quarti­er et aux modes de rela­tions qu’un lieu et/ou une instal­la­tion artis­tique développe vis-à-vis des habi­tants et plus large­ment de la ville est une préoc­cu­pa­tion con­stante des créa­teurs de Dec­o­rate­lier. Déjà active­ment posée au sein du précé­dent lieu situé à quelques cen­taines de mètres de la nou­velle adresse3, la ques­tion de l’accessibilité et de l’appropriation spa­tiale se trou­ve mise en exer­gue par la nou­velle implan­ta­tion, en mai 2020, rue Man­ches­ter, entre le cen­tre d’art Recyclart4 et la Raf­finer­ie Charleroi danse. De fait, par la prox­im­ité avec ces infra­struc­tures artis­tiques, l’initiative se trou­ve directe­ment con­fron­tée au défi de résis­ter à la pro­duc­tion d’un « clus­ter cul­turel » au sein d’un quarti­er indus­triel et pop­u­laire. Défi auquel la pro­gram­ma­tion de ce fes­ti­val esti­val a ten­té, par le partage des ressources, d’apporter des pre­mières ten­ta­tives de répons­es. 

De l’autre côté du canal, les portes du Lac5 demeurent fer­mées au pub­lic depuis la mi-mars, frap­pé par le con­fine­ment comme l’ensemble des struc­tures cul­turelles belges. Le lieu n’était pas vide pour autant, abri­tant cinq rési­dents privés de leur tâche de pro­mo­tion du lieu. Pen­sée comme « une expéri­ence anthro­pologique qui cherche à fab­ri­quer un nou­veau par­a­digme socio­pro­fes­sion­nel6 », l’infrastructure fonc­tionne depuis le 31 décem­bre 2017 comme abri en même temps qu’outil de tra­vail, les rési­dents tro­quant des heures d’organisation d’événements (con­certs, expo­si­tions, fêtes) et d’entretien de l’espace con­tre un loge­ment. Ou plus pré­cisé­ment, comme l’explique son fon­da­teur Louis Neuville, les revenus générés par les activ­ités organ­isées dans l’espace (deux activ­ités par semaine, trois semaines par mois) ser­vent à pay­er les loy­ers des locataires, selon un mode de fonc­tion­nement alter­natif au marché du tra­vail et au secteur immo­bili­er. Sur la ter­rasse de cet ancien bâti­ment indus­triel avoisi­nant le Petit Château7, ils cul­tivent un potager en per­ma­cul­ture. L’idée est d’étendre ce mode de fonc­tion­nement à l’ensemble de la struc­ture de façon à en faire un écosys­tème en dévelop­pant, selon l’expression de Louis Neuville, des « car­refours d’optimisation » per­me­t­tant de max­i­malis­er chaque action entre­prise, en con­for­mité avec le cadre dans lequel elle se développe : « C’est une manière d’être prag­ma­tique. Ce sont les principes de résilience appliqués au monde de la cul­ture et adap­tés au réel. » Ici donc, vie, créa­tion, cul­ture et entre­tien s’entremêlent et ryth­ment le quo­ti­di­en de ces rési­dents qui ont choisi d’identifier leur exis­tence, pour une durée vari­able, à celle du lieu. 

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Écrit par Karolina Svobodova
Karoli­na Svo­bodo­va est chercheuse post­doc­tor­ale à l’Université libre de Brux­elles. Après avoir réal­isé une thèse sur la créa­tion...Plus d'info
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