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Entretien avec Händl Klaus

Le 25 Sep 2021
Koma, musique de Georg Haas, texte de Händl Klaus, mise en scène Immo Karaman, Schwetzingen, 2016. Photo Bärbl Hohmann.
Koma, musique de Georg Haas, texte de Händl Klaus, mise en scène Immo Karaman, Schwetzingen, 2016. Photo Bärbl Hohmann.

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Koma, musique de Georg Haas, texte de Händl Klaus, mise en scène Immo Karaman, Schwetzingen, 2016. Photo Bärbl Hohmann.
Koma, musique de Georg Haas, texte de Händl Klaus, mise en scène Immo Karaman, Schwetzingen, 2016. Photo Bärbl Hohmann.
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 144-145 - Opéra et écologie(s)
144 – 145

Händl Klaus est un dra­maturge autrichien dont les pièces, films et livrets tis­sent des liens très sub­tils entre humain et non-humain. L’étrange douceur de son écri­t­ure cherche à attein­dre les zones obscures des émo­tions, et con­duit au cœur des méta­mor­phoses du vivant. Vio­let­ter Schnee de Beat Fur­rer a été mon­té à Berlin dans une mise en scène de Claus Guth (2019, 2020)1. Son dernier texte, Liebesge­sang (musique de Georg Friedrich Haas) sera présen­té à l’Opéra de Berne dans une mise en scène de Tobias Kratzer.

Com­ment fais-tu pass­er ton engage­ment écologique dans un livret d’opéra ? 

Tout d’abord, je m’efforce de men­er une vie sobre en ter­mes d’énergie. Mais en ce qui con­cerne le tra­vail, je dois avouer que je ne me préoc­cupe pas d’écrire un « opéra écologique ». Selon moi, c’est aux maisons d’opéra qu’il revient de per­fec­tion­ner les tech­niques de pro­duc­tion. Et si des voix s’élèvent pour exiger qu’on ferme des opéras et des musées, parce qu’ils sont trop éner­gi­vores, je répondrais qu’il y a d’autres chantiers plus urgents que de fer­mer des bâti­ments aus­si essen­tiels à l’être humain. Il y a des activ­ités plus futiles, qui con­som­ment énor­mé­ment d’énergie, comme les cours­es auto­mo­biles, les jeux vidéo, le stream­ing de pitoy­ables séries Net­flix, et il existe des cen­taines de lieux de spec­ta­cle qui n’ont d’autres straté­gies que le diver­tisse­ment et qui sont de pures manœu­vres de détourne­ment de l’attention, qui nous éloignent de notre human­ité. Avec l’opéra, même si on a affaire à un art où une par­tie du pub­lic est là pour se mon­tr­er, la forme de l’art en tant que telle est si forte que la cathar­sis est pos­si­ble.

En tant que libret­tiste, com­ment peux-tu con­tribuer  à cette cathar­sis ? 

Cela se fait de manière très naturelle, parce que mes textes trait­ent tou­jours de la fragilité humaine et leurs sujets se situent à prox­im­ité de la mort. On ne peut pas sor­tir du théâtre en se dis­ant qu’on a juste écouté deux heures de très belle musique. Cela tient aus­si beau­coup aux com­pos­i­teurs, et tous ceux avec lesquels j’ai tra­vail­lé, que ce soit Beat Fur­rer, Georg Friedrich Haas, Arnulf Her­rmann, Heinz Hol­liger, Klaus Lang, Isabel Mundry ou Hèc­tor Par­ra sont des chercheurs, au sens où ils inter­ro­gent la société et ce que sig­ni­fie être humain. La con­science écologique devrait et pour­rait être le sujet d’un opéra en soi. Et si on veut, une œuvre comme Vio­let­ter Schnee de Beat Fur­rer traite effec­tive­ment de cela. Il s’agit de la trans­for­ma­tion de la société à l’intérieur même d’une cat­a­stro­phe qui a déjà eu lieu. Alors que la capac­ité à com­mu­ni­quer se perd, se décom­pose, les per­son­nages ne peu­vent plus que répéter des paroles dis­lo­quées, qui sont comme les ves­tiges de leurs précé­dents dia­logues. 

Quelle est la fonc­tion du per­son­nage de Tania dans cette pro­gres­sion de la destruc­tion ? 

Koma, musique de Georg Haas, texte de Händl Klaus, mise en scène Immo Karaman, Schwetzingen, 2016.
Photo Bärbl Hohmann.
Koma, musique de Georg Haas, texte de Händl Klaus, mise en scène Immo Kara­man, Schwet­zin­gen, 2016. Pho­to Bär­bl Hohmann.

J’ai exaucé le vœu de Beat Fur­rer de faire venir cette femme d’un autre monde. Tania est un rôle par­lé, inspiré par le film Solaris d’Andreï Tarkovs­ki, qui est une très grande référence pour Beat Fur­rer. C’est une femme morte qui revient, une pro­jec­tion. C’est pourquoi elle est la seule à par­ler (au lieu de chanter). Et elle con­t­a­mine les autres avec sa langue. 

Est-ce qu’il y a un lien entre Vio­let­ter Schnee et Liebesge­sang, ton prochain opéra ?

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Isabelle Moindrot
Isabelle Moindrot est Professeure d'Études théâtrales à l'Université Paris 8, membre senior de l'Institut universitaire...Plus d'info
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