Pour tendre l’oreille au génie du son

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Pour tendre l’oreille au génie du son

Entretien avec Bogumił Misala

Le 27 Avr 2022
Kontr-akt, installation performative IP Group + Wrocławski Teatr Pantomimy de Henryk Tomaszewski, créée dans le cadre de la 18e Biennale d’Art Média HUMAN ASPECT, Pantomime Wrocław (Pologne), 2019, IP Studio. Photo Natalia Kabanov. (Idem page suivante).
Kontr-akt, installation performative IP Group + Wrocławski Teatr Pantomimy de Henryk Tomaszewski, créée dans le cadre de la 18e Biennale d’Art Média HUMAN ASPECT, Pantomime Wrocław (Pologne), 2019, IP Studio. Photo Natalia Kabanov. (Idem page suivante).

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Kontr-akt, installation performative IP Group + Wrocławski Teatr Pantomimy de Henryk Tomaszewski, créée dans le cadre de la 18e Biennale d’Art Média HUMAN ASPECT, Pantomime Wrocław (Pologne), 2019, IP Studio. Photo Natalia Kabanov. (Idem page suivante).
Kontr-akt, installation performative IP Group + Wrocławski Teatr Pantomimy de Henryk Tomaszewski, créée dans le cadre de la 18e Biennale d’Art Média HUMAN ASPECT, Pantomime Wrocław (Pologne), 2019, IP Studio. Photo Natalia Kabanov. (Idem page suivante).
Article publié pour le numéro
146

Diplômé de philoso­phie à l’Université de Wro­claw en Pologne, Bogu­mił Mis­ala est com­pos­i­teur, auteur d’arrangements sonores pour des per­for­mances, spec­ta­cles, films et instal­la­tions. Au théâtre, il a notam­ment tra­vail­lé avec Krys­t­ian Lupa et Łukasz Twarkows­ki.

Com­ment es-tu devenu créa­teur sonore ?

Quand j’avais douze ans, je pos­sé­dais un ordi­na­teur Ami­ga 1200 sur lequel j’avais surtout des jeux mais aus­si beau­coup d’autres logi­ciels (le piratage bat­tait alors son plein dans ces années [1990]). Sur l’une des dis­quettes, j’ai décou­vert un pro­gramme pour faire de la musique : Pro Track­er v 3.15. La com­po­si­tion con­sis­tait en qua­tre pistes et en des séquences de soix­ante- qua­tre pas max­i­mum. Pour une com­po­si­tion plus longue, il fal­lait savoir quelle com­mande utilis­er avant de pass­er à la séquence suiv­ante – ce que je ne savais pas. À l’époque on n’avait ni inter­net ni tuto­riels ni manuels, donc je ten­tais et je voy­ais ce que ça don­nait. Cela pre­nai des heures ! Con­crète­ment, ça sig­ni­fie qu’une seule et même séquence tenace de soix­ante-qua­tre pas tour­nait en boucle dans les haut-par­leurs. Au bout d’un moment, ma mère a craqué : elle est apparue sur le pas de la porte et a ain­si mis fin à la com­po­si­tion. C’est là que j’ai décidé de devenir com­pos­i­teur [rire]. Même si ce soir-là je n’ai pas réus­si, j’ai con­tin­ué à expéri­menter et ce jusqu’à aujourd’hui. Entre-temps, j’ai obtenu un diplôme en philoso­phie qui m’a ouvert l’esprit. Mon mémoire en esthé­tique por­tait sur la musique de Richard D. James, con­nu sous le nom d’Aphex Twin, et fai­sait appel aux out­ils cri­tiques de T. W Adorno. Je crois qu’on devrait tous avoir la pos­si­bil­ité de suiv­re un cours de réflex­ion intense. Cela vous change vrai­ment un homme. Ma pro­fesseure de philoso­phie clas­sique, Jan­i­na Gaj­da, dis­ait sou­vent « nous com­mençons à fréquenter des cab­i­nets de psy, ça devient à la mode en Pologne et nous y lais­sons beau­coup d’argent, alors qu’il suf­fi­rait de lire les Dia­tribes ou le Manuel d’Épictète, pour se sen­tir mieux tout de suite ».

Tu col­la­bores avec dif­férents arts scéniques, com­ment varie le tra­vail de créa­tion sonore selon ces pro­jets ?

Bien qu’au théâtre la musique et les sons dif­fusés soient générale­ment créés à l’avance, les moments de leur appari­tion, de péné­tra­tion, d’intensifi- cation, de dis­sim­u­la­tion, d’émersion, par­fois de plongée sub­lim­i­nale – en un mot, de mou­ve­ment – se déroulent en direct ! Et donc tou­jours dif­férem­ment, tou­jours à nou­veau. La créa­tion sonore dépend moins de ce qui se passe sur scène que de la manière dont cela s’y déroule : de l’état des acteurs et du pub­lic, de la manière dont le régis­seur son réag­it, inter­ag­it et coex­iste avec tout cela. C’est une con­struc­tion sym­bi­o­tique, un organ­isme.

En revanche, lorsqu’il s’agit des instal­la­tions et des arts visuels ou encore de l’art média, le domaine dans lequel j’ai aus­si un fort besoin de m’exprimer, c’est moins théâ­tral. Il s’agit plutôt d’une sit­u­a­tion 1:1, comme l’a mon­tré notre der- nière instal­la­tion Ifthenelse1. Quand il s’agit d’une œuvre pure­ment inter­ac­tive ou d’une instal­la­tion, en tant que IP Group nous essayons d’obtenir une forme d’immersion, surtout dans le tra­vail avec le vidéaste Jakub Lech. Cette immer­sion est quelque chose qui m’anime, qui me stim­ule.

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