De l’école du TNS aux forêts du Nicaragua

De l’école du TNS aux forêts du Nicaragua

Entretien avec Yves Ferry

Le 7 Sep 1995

A

rticle réservé aux abonné·es
Article publié pour le numéro
Article fraîchement numérisée
Cet article rejoint tout juste nos archives. Notre équipe le relit actuellement pour vous offrir la même qualité que nos éditions papier. Pour soutenir ce travail minitieux, offrez-nous un café ☕

Yves Fer­ry est comé­di­en. C’est pour lui que Koltès écriv­it, en 1977, LA NUIT JUSTE AVANT LES FORÊTS qu’il créa en Avi­gnon off.

Anne-Françoise Ben­hamou : Com­ment avez-vous ren­con­tré Bernard- Marie Koltès ?

Yves Fer­ry :,C’é­tait après 68. J’é­tais à l’Ecole du TNS. A cette époque, le TNS était une sorte de phare pour le théâtre. Tous les courants pas­saient, les dis­cus­sions étaient sérieuses, les enjeux de la créa­tion beau­coup plus idéologiques qu’au­jour­d’hui. Il y avait aus­si des spec­ta­cles qui se jouaient en dehors du TNS.

Un jour, dans une église, — l’Église Saint-Nico­las‑, j’ai assisté au pre­mier spec­ta­cle de Koltès. Cela s’ap­pelait LES AMERTUMES. Il avait écrit le texte d’après ENFANCE de Gor­ki. Déjà, à ce moment-là, on avait le sen­ti­ment d’être devant une voix par­ti­c­ulière. Les acteurs étaient tous des ama­teurs, mais ce qui était for­mi­da­ble, c’é­tait la grande tenue du spec­ta­cle, la rigueur de l’écri­t­ure et de la mise en scène. Je me sou­viens que c’é­tait très frag­men­té, sans beau­coup de dia­logues. Le texte sem­blait tail­lé dans des espèces de blocs bruts, des blocs brut mono­logues que les acteurs dis­aient par­fois au bout d’eux- mêmes, au bout de leur voix, et ça don­nait l’im­pres­sion d’une grande pureté de tra­vail.

On avait donc vu ce spec­ta­cle, et c’est à par­tir de là, je crois, qu’Hu­bert Gig­noux s’est intéressé à Bernard, et qu’il l’a, tout de suite, encour­agé. Gig­noux, c’é­tait un peu « le père » de beau­coup à ce moment-là. Tous les pre­miers textes de Koltès ont été lus par Hubert d’abord, et je sais qu’il tenait compte de ses avis. Gig­noux a fait entr­er Bernard au TNS comme élève- régis­seur, c’est là qu’on s’est vrai­ment ren­con­trés.

La pre­mière pièce de Koltès que j’ai jouée était une adap­ta­tion de CRIME ET CHÂTIMENT. Cela s’ap­pelait : PROCÈS IVRE. Koltès avait lu tout Dos­toïevs­ki, c’é­tait une de ses admi­ra­tions. Jean-Marie Sénia avait com­posé la musique. Là, encore, il s’agis­sait d’un texte très frag­men­té qui ne racon­tait pas vrai­ment d’in­trigue, mais plutôt des rêves des per­son­nages. Ceux-ci s’or­gan­i­saient en scène comme des images qui écra­saient Raskol­nikov, que je jouais, pas­sant de l’un à l’autre, brisé par eux.
Il y a eu une tournée de ce spec­ta­cle, une dizaine de villes en Bre­tagne. Jean-Louis Bertsch, élève comme moi au TNS jouait Por­phyre, et Lise Dambrin était aus­si de cette aven­ture.

A.-F.B. : Com­ment dirigeait-il les acteurs ?

A

rticle réservé aux abonné·es
Envie de poursuivre la lecture?

Les articles d’Alternatives Théâtrales en intégralité à partir de 5 € par mois. Abonnez-vous pour soutenir notre exigence et notre engagement.

S'abonner
Déjà abonné.e ?
Identifiez-vous pour accéder aux articles en intégralité.
Se connecter
Accès découverte 1€ - Accès à tout le site pendant 24 heures
Essayez 24h
1
Partager
auteur
Écrit par Anne-Françoise Benhamou
Anne-Françoise Ben­hamou est pro­fesseure en Études théâ­trales à l’ENS-PSL et dra­maturge.Plus d'info
Partagez vos réflexions...
Précédent
Suivant
Article publié
dans le numéro
Précédent
6 Sep 1995 — Avec Hubert Gignoux, Lucien et Micheline Attoun furent parmi les premiers à contribuer à la découverte des textes de Bernard-Marie…

Avec Hubert Gig­noux, Lucien et Miche­line Attoun furent par­mi les pre­miers à con­tribuer à la décou­verte des textes de Bernard-Marie Koltès. Serge Saa­da : Com­ment avez-vous décou­vert le théâtre dr Bernard-Marie Koltès ? Lucien Attoun…

Par Serge Saada
La rédaction vous propose
Mon panier
0
Ajouter un code promo
Sous-total

 

Bonjour

Vous n'avez pas de compte?
Découvrez nos
formules d'abonnements