Dieudonné Niangouna : les déflagrations de rêve d’une écriture explosée

Théâtre
Portrait

Dieudonné Niangouna : les déflagrations de rêve d’une écriture explosée

Le 13 Juil 2007
Dieudonné Niangouna interprétant le rôle du dealer dans DANS LA SOLITUDE DE CHAMPS DE COTON de Bernard-Marie Koltès, mise en scène Dieudonné Niangouna, Festival International des francophonies en Limousin, 2006. Photo Brunel Makoumbou.
Dieudonné Niangouna interprétant le rôle du dealer dans DANS LA SOLITUDE DE CHAMPS DE COTON de Bernard-Marie Koltès, mise en scène Dieudonné Niangouna, Festival International des francophonies en Limousin, 2006. Photo Brunel Makoumbou.

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Dieudonné Niangouna interprétant le rôle du dealer dans DANS LA SOLITUDE DE CHAMPS DE COTON de Bernard-Marie Koltès, mise en scène Dieudonné Niangouna, Festival International des francophonies en Limousin, 2006. Photo Brunel Makoumbou.
Dieudonné Niangouna interprétant le rôle du dealer dans DANS LA SOLITUDE DE CHAMPS DE COTON de Bernard-Marie Koltès, mise en scène Dieudonné Niangouna, Festival International des francophonies en Limousin, 2006. Photo Brunel Makoumbou.
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 93 - Ecrire le monde autrement
93

« Ici on refuse d’être à genoux les mains sur la tête. L’homme marche. Qu’importe où il ira crev­er, vous n’emporterez pas son fagot de rêve et la pous­sière de son crachat. » (D. N.)

C’EST DANS LES RUES dévastées de Braz­zav­ille, sur les débris de maisons en ruine et dans le chaos assour­dis­sant d’une pop­u­la­tion hors d’elle-même et d’un monde sor­ti de ses gonds que Dieudon­né Nian­gouna fonde avec son frère Criss, en 1997, « Les bruits de la rue », une com­pag­nie pour faire du théâtre comme on fait les pieds au mur, pour met­tre sens dessus dessous les habi­tudes et cul­buter la langue et les spec­ta­teurs avec. Quelques pre­miers spec­ta­cles voient le jour, notam­ment CARRÉ BLANC, présen­té au Théâtre Inter­na­tion­al de Langue Française au début des années 2000, puis au Fes­ti­val de Limo­ges. On remar­que alors l’impétuosité de la parole du jeune Con­go­lais et surtout les défla­gra­tions d’une écri­t­ure explosée, d’une langue mise en charpies et remas­tiquée. Digne héri­ti­er de Sony Labou Tan­si, Dieudon­né Nian­gouna ne craint pas les coups de pied icon­o­clastes mais, au lieu de « chauss­er un verbe qui nomme notre époque »1, il choisit car­ré­ment de marcher sur les mains, d’écrire à la ren­verse et de met­tre le français la tête en bas… 2

D’autres textes tout aus­si décon­stru­its suiv­ront : INTÉRIEUR / EXTÉRIEUR, présen­té notam­ment à « Gare au théâtre » en 2003, et PATATI, PATATRA ET DES TRALALAS OU LES CHIENS ÉCRASÉS, mis en scène par Sophie Lecar­pen­tier. Un de ses textes, BALLE À TERRE, a fait par­tie du col­lec­tif PIÈCES D’IDENTITÉS orchestré par le Théâtre de Folle pen­sée et Roland Fichet en 2004. Emmanuel Letourneu a égale­ment mis en scène, dans le cadre des Récréâ­trales 2004 à Oua­gadougou, BANC DE TOUCHE, et PETITES BARBARIES ORDINAIRES a été créé à Juvisy-sur-Orge par Véronique Vel­lard et le Théâtre de l’Éclipse au print­emps 2005. La même année, Eva Doumbia, à son tour, a su saisir l’incandescence de ces mots qui brû­lent la langue et a mon­té ATTITUDE CLANDO pour « Brûlots d’Afrique », un spec­ta­cle qu’elle a repris aux Arg­onautes à Mar­seille, tan­dis qu’au Vieux Colom­bier, la pre­mière édi­tion d’«Écritures d’Afrique » don­nait à enten­dre LA MORT VIENT CHERCHER CHAUSSURES. Acteur et met­teur en scène, Dieudon­né Nian­gouna a aus­si joué cet automne DANS LA SOLITUDE DES CHAMPS DE COTON au Fes­ti­val Inter­na­tion­al des Fran­coph­o­nies de Limo­ges, et cet été 2007 ce sera une reprise dATTITUDE CLANDO que l’on pour­ra décou­vrir au Fes­ti­val d’Avignon.

Avec leur pre­mière créa­tion, Criss et Dieudon­né Nian­gouna cher­chaient à faire un théâtre en rup­ture avec ce qui se jouait à Braz­zav­ille. Tout un pub­lic restait encore attaché à un style clas­sique, à des formes héritées du théâtre nation­al, de son réper­toire et même du Rocadu Zulu de Sony Labou Tan­si qui avait finale­ment une pra­tique assez con­ven­tion­nelle.

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Dieudonné Niangouna
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Sylvie Chalaye
Spécialiste des théâtres d'Afrique et des diasporas, anthropologue des représentations coloniales et historienne des arts...Plus d'info
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