Louise Vanneste ou la forme comme émergence

Danse
Portrait

Louise Vanneste ou la forme comme émergence

Le 22 Déc 2020
Louise Vanneste dans Une incursion, chorégraphie Louise Vanneste, créé au Festival XS, Théâtre National (Bruxelles), mars 2019. Photo Stéphane Broc.
Louise Vanneste dans Une incursion, chorégraphie Louise Vanneste, créé au Festival XS, Théâtre National (Bruxelles), mars 2019. Photo Stéphane Broc.

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Louise Vanneste dans Une incursion, chorégraphie Louise Vanneste, créé au Festival XS, Théâtre National (Bruxelles), mars 2019. Photo Stéphane Broc.
Louise Vanneste dans Une incursion, chorégraphie Louise Vanneste, créé au Festival XS, Théâtre National (Bruxelles), mars 2019. Photo Stéphane Broc.
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 132 - Bruxelles, ce qui s'y trame
142

On pour­rait com­mencer par repos­er avec Louise Vanneste cette ques­tion en apparence toute sim­ple, presque enfan­tine dans son inten­tion : pourquoi met­tre la danse sur la scène ? Pourquoi a‑t-on voulu plac­er le corps dansant, cette fête du mou­ve­ment que tous les enfants s’approprient, sur l’espace réservé et séparé d’un plateau de théâtre, d’où il n’est plus adressé qu’aux regards ? Ou, pour le dire autrement : que devient un corps dansant une fois qu’il se présente non plus unique­ment à d’autres corps avec qui il peut danser, mais aux regards mul­ti­ples d’une assis­tance immo­bile et silen­cieuse ? En un mot : que fait la scène à la danse ?

Louise Vanneste a fait de ces inter­ro­ga­tions cer­tains des motifs inau­gu­raux de son tra­vail choré­graphique. La réponse qu’elle y apporte est sans doute celle-ci : la scène éloigne la danse du théâtre. Si le théâtre est tis­su de paroles ou d’actions, la danse sera un enchaîne­ment d’états. Si le théâtre se choisit des lieux et des per­son­nages, la danse ten­tera de faire exis­ter de l’espace autour des corps. Plutôt que d’exprimer par des gestes, elle don­nera aux corps un milieu avec lequel se recom­pos­er, une vis­i­bil­ité nou­velle à acquérir, une organic­ité à inven­ter. 

Louise Vanneste a tou­jours résol­u­ment affir­mé vouloir faire plutôt que dire, laiss­er voir ou sen­tir plutôt que mon­tr­er ou racon­ter. Home (2010), sa pre­mière créa­tion, se présen­tait déjà comme un solo rad­i­cale­ment détaché de toute inten­tion thé­ma­tique, nar­ra­tive ou psy­chologique, une reprise en charge de la ques­tion du corps non pas comme sup­port d’expression ou d’identification, mais comme inter­face matérielle et sen­si­ble, aux pris­es avec des forces cos­miques. Évolu­ant dans une scéno­gra­phie à la fois min­i­male et omniprésente, le corps entrait alors en dia­logue avec un mince frag­ment d’espace : un rec­tan­gle noir dif­fu­sant un mince halo de lumière blanche, comme une éclipse orthog­o­nale sus­pendue à env­i­ron un mètre du sol et immergée dans une obscu­rité sans con­tours. Tou­jours à la lisière de la vis­i­bil­ité, éclairé de der­rière par une lumière elle-même indi­recte, le corps de la choré­graphe ces­sait d’être le véhicule de motifs iden­ti­fi­ables pour devenir la part mou­vante de cette con­fig­u­ra­tion spa­tiale : un météore. 

Lorsqu’on inter­roge la choré­graphe sur cette dis­tance revendiquée avec la dimen­sion nar­ra­tive (chose somme toute assez courante s’agissant de la danse con­tem­po­raine), ce qu’elle exprime ne ren­voie pas tant au réc­it qu’à la ques­tion de son for­mat imposé (l’inévitable struc­ture début-milieu-fin), à l’exigence de lis­i­bil­ité que cette forme pre­scrit implicite­ment, à celle presque aus­si impérieuse de traiter d’une thé­ma­tique, d’avoir un « sujet », d’être à pro­pos de quelque chose ou d’exhiber une « logique ». En somme, à la demande faite à la danse de se com­porter comme un lan­gage : d’avoir sa gram­maire et ses énon­cés, ou, à tout le moins, de s’interroger sur les con­di­tions aux­quelles elle peut, comme danse, pro­duire son pro­pre dis­cours. 

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