À travers sa trilogie du monde arabe, composée des pièces Transe (2013), Näss (2015) et Oüm (2020), le chorégraphe mélange ses racines marocaines et son amour du hip-hop. Rencontre.
Ils sont sept à entrer sur scène. Sept corps, dont celui du chorégraphe, à progressivement se laisser posséder entièrement par les secousses qui les électrisent. Ici, break-danseurs et derviches tourneurs se croisent. Nous sommes en 2013 et Fouad Boussouf ressent cette urgence de parler du pays qui l’a vu naître à travers son travail. À Meknès, ancienne ville impériale nichée entre les massifs du Rif et le Moyen-Atlas, au centre du Maroc, l’artiste ne retourne pas souvent. Mais il garde malgré tout des souvenirs très vifs de son berceau. Et surtout des deux bonnes fées qui étaient penchées au-dessus : ses grand-mères. « Elles sont les gardiennes d’une tradition très ancienne. Ce sont des femmes exceptionnelles par leur mémoire et elles me racontent beaucoup de choses. Elles ont un âge avancé mais se souviennent de tout, c’est presque de l’ordre du mystique ! » Dans sa pièce, Transe, c’est donc tout naturellement qu’il convoque les esprits au plateau. À travers le hip-hop, sa discipline de formation, il parvient à mélanger danses traditionnelles et modernité. Un autre héritage de ces femmes qu’il affectionne tant : « Elles ne donnent jamais de leçon et peuvent me raconter tout un tas de choses sans pour autant tomber dans le ‘c’était mieux avant’. Elles sont conscientes de leur âge et du mien et savent que la modernité nous appartient. Au fond, elles incarnent la sagesse. Elles sont d’une force incroyable. »
Le mélange des genres