La passion du Galiléen

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Le 24 Mai 1991

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Théâtre testamentaire Oeuvre ultime-Couverture du Numéro 37 d'Alternatives ThéâtralesThéâtre testamentaire Oeuvre ultime-Couverture du Numéro 37 d'Alternatives Théâtrales
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« Et seule­ment quand nous aurons échoué, défini­tive­ment bat­tus et sans espoir, léchant nos blessures, dans le plus triste état, alors nous com­mencerons à nous deman­der si nous n’avions pas tout de même eu rai­son et que la terre tourne. »

Bertolt Brecht

« LEBEN DES GALILEI » — comme on dirait « vie de Jésus », cet autre galiléen — relate en une suite de paraboles la pas­sion d’un homme, témoin et fon­da­teur d’une nou­velle alliance. Œuvre tes­ta­men­taire d’un apoc­ryphe sans doute — Christ et Judas ne font qu’un en la per­son­ne de Galilée — mais néan­moins exem­plaire en ce qu’elle révèle. Que cette révéla­tion galiléenne ne nous préserve pas de l’apocalypse et donc de l’anéantissement, c’est là, sem­ble-t-il, la « bonne nou­velle » que le siè­cle de Brecht n’a pas démen­tie.

Galileo Galilei a voca­tion à l’univers. Il est un homme catholique en somme, au sens éty­mologique du terme. Frère en utopie du Don Rodrigue de Claudel, lui aus­si veut élargir le monde à sa manière et, au désen­clave­ment géo­graphique de la vieille Europe, adjoin­dre le désen­clave­ment de l’esprit lui-même. Mais c’est sur le doute et non pas sur la foi qu’il fonde son espérance. Précurseur des Lumières, il se doit de faire la lumière, d’interpréter l’univers qui lui fait signe au tra­vers de sa lunette astronomique. Et ce qu’il voit, c’est que le ciel est aboli. Notre galiléen des temps nou­veaux proclame un monde sans Dieu. Voilà l’homme entre sa con­science et son rien. « Ô doute seule éter­nité » pour­rait être son cre­do.

Cette parole pro­fondé­ment « dysangélique », Galilée la dis­pense à tour ce qui gravite autour de lui. Chaque fig­ure qui lui fait face est comme une ten­ta­tion incar­née de la pen­sée adverse, et cette grav­i­ta­tion théâ­trale galiléo-cen­trique décrit les dif­férentes sta­tions de l’homme jusqu’à son abju­ra­tion. A chaque étape, se renou­velle l’invitation à pactis­er avec le Dia­ble, autrement dit l’Église et son Ponce Pilate de Pape. Et Galilée finit par trébuch­er et décevoir celui de ses dis­ci­ples qu’il aimait le plus. La chair est faible, il est vrai, et qui n’abjurerait sa croy­ance, même fondée en rai­son, sous la men­ace de la tor­ture ? Andrea cepen­dant, son fils par la semence de l’esprit, aurait bien voulu croire qu’il s’agissait d’une ruse. La ruse n’est-elle pas l’une des cinq con­di­tions selon Brecht pour écrire la vérité ? Mais Galilée dénonce à la fin le pacte, s’accuse avec véhé­mence d’avoir trahi la nou­velle alliance.

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Éloi Recoing
Éloi Recoing, écrivain, traducteur, metteur en scène, maître de conférences en Études Théâtrales à Paris...Plus d'info
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