L’archive, la fougère

Compte rendu
Danse

L’archive, la fougère

Le 23 Déc 2020
Lara Barsacq dans Lost in Ballets russes, mise en scène Lara Barsacq, création à Charleroi danse - La Raffinerie (Bruxelles), avril 2018. Photo Diego Andrès Moscoso
Lara Barsacq dans Lost in Ballets russes, mise en scène Lara Barsacq, création à Charleroi danse - La Raffinerie (Bruxelles), avril 2018. Photo Diego Andrès Moscoso
Lara Barsacq dans Lost in Ballets russes, mise en scène Lara Barsacq, création à Charleroi danse - La Raffinerie (Bruxelles), avril 2018. Photo Diego Andrès Moscoso
Lara Barsacq dans Lost in Ballets russes, mise en scène Lara Barsacq, création à Charleroi danse - La Raffinerie (Bruxelles), avril 2018. Photo Diego Andrès Moscoso
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 132 - Bruxelles, ce qui s'y trame
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Lara Barsacq a créé deux choré­gra­phies autour d’I­da Rubin­stein, danseuse, mécène. Dans le solo Lost in Bal­lets russ­es, elle prend pour point de départ une pein­ture de Léon Bakst représen­tant Ida en mou­ve­ment. Lara Barsacq com­mence le spec­ta­cle en imp­ri­mant en séri­gra­phie cette image avec pour fond musi­cal Léonard Bern­stein com­men­tant Le prélude à l’après-midi d’un faune de Debussy. Le spec­ta­cle se déploie au fil de la con­struc­tion d’un autel pour un rite d’adieu. La sec­onde créa­tion, dan­sée en trio, par­court l’oeu­vre d’I­da Rubin­stein et le deuil y appa­raît en fil­igrane. Les deux s’ar­tic­u­lent autour d’élé­ments com­muns : l’archive, la parole, la danse, le rit­uel.    

L’archive :  Dans Lost in Bal­lets russ­es, elle est image, repro­duc­tion d’une pein­ture. Elle n’est pas pas là pour remon­ter le fil de l’his­toire de la danse au XXème siè­cle. L’indice est dans le titre avec le mot “lost” : per­du, dis­paru. Un choix a été opéré dans les archives disponibles, elle est la somme de deux liens : l’un généalogique : le pein­tre est le grand-oncle du père de la danseuse, le deux­ième tient à l’imag­i­naire, au désir. A six ans, Lara Barsacq voulait devenir Ida dont elle voy­ait le poster affiché dans la cui­sine famil­iale. D’autres images peintes par Léon Bakst seront déposées sur la scène, elles représen­tent toutes une choré­gra­phie des Bal­lets russ­es. Lara Barsacq va repren­dre le mou­ve­ment peint sur cha­cune d’elle en citant le titre de la choré­gra­phie à laque­lle cha­cune se rap­porte. 

D’autres archives sont des objets trans­mis de généra­tion en généra­tion : une parure et une ten­ture (issues de décors des bal­lets russ­es), objets sur lesquels la choré­graphe pour­rait pren­dre appui pour racon­ter une his­toire. Mais rien ne sera dit de leur usage passé, ils sont là pour témoign­er, par­ticiper à ce par­cours avec les morts (Ida, Léon, le père).

Ce sont des écrits qui nour­ris­sent, prin­ci­pale­ment, Ida don’t cry me love. Ain­si la choré­graphe cit­era ce que Bro­nisla­va Nijin­s­ka dis­ait d’I­da Rubin­stein et de son corps, situera les par­tic­u­lar­ités de l’art de cette danseuse, syn­théti­sant les cri­tiques de l’époque. Des musiques comme Nar­cisse et Echo de Tcherep­nine, une évo­ca­tion de La Nave, film court réal­isé en 1921 d’après les écrits de Gabriele D’An­nun­zio, seul témoignage filmé du corps d’I­da Rubin­stein en mou­ve­ment et qui est repris par une des danseuses. Ceci per­me­t­tra d’évo­quer plus pré­cisé­ment quelle danseuse fut Ida, sa pra­tique du mime, ses sources d’in­spi­ra­tion puisées dans ses voy­ages en Grèce autour des fig­ures mythologiques féminines. Une let­tre à Léon Bakst est citée, une anec­dote sur la ren­con­tre entre le bébé léopard d’I­da et Diaghilev est con­tée…  

Images, écrits… ces archives sont là pour le sou­venir, pour un “re-mem­ber”, pour redonner corps, pour créer.

La parole/le texte : dans Lost in Bal­lets russ­es, la choré­graphe décrit les actes qu’elle va pos­er. Notam­ment au début où d’un sac elle va tir­er les pre­miers élé­ments d’une instal­la­tion : une boite avec des pho­tos de son père, une parure et une ten­ture provenant d’un décor des Bal­lets russ­es. Lara Barsacq utilise aus­si la voix off pour s’in­ter­roger sur l’in­flu­ence de l’e­space et de lieux sur les corps. Elle ne se place pas dans une per­spec­tive his­torique mais se demande com­ment cer­tains élé­ments agis­sent sur les corps pour les met­tre en mou­ve­ment et les déploy­er. Elle s’in­ter­roge égale­ment sur les traces, sur les forces invis­i­bles qui tra­versent les corps, sur la mémoire cel­lu­laire, en quelque sorte sur la méta­mor­phose. En off tou­jours, elle nous par­le des Hopis qui pensent que dans chaque objet, il y a une âme ; au pub­lic d’en attribuer une à l’in­stal­la­tion amé­nagée sur le plateau.

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Jeannine Dath
Jeannine Dath est spectatrice professionnellePlus d'info
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