Avec le soutien de l’Union européenne

Entretien
Théâtre

Avec le soutien de l’Union européenne

Conversation en 10 000 signes avec Robert Abirached

Le 8 Oct 2015
L’action de l’Union européenne vu par Corinne Rigaud. Ce soutien invisible qu’il faut aller parfois chercher dans les coulisses, les" "loges, les machineries et en l’occurrence sous les gradins du public du festival d’Avignon, juillet 2015. Photo D. R.
L’action de l’Union européenne vu par Corinne Rigaud. Ce soutien invisible qu’il faut aller parfois chercher dans les coulisses, les" "loges, les machineries et en l’occurrence sous les gradins du public du festival d’Avignon, juillet 2015. Photo D. R.

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L’action de l’Union européenne vu par Corinne Rigaud. Ce soutien invisible qu’il faut aller parfois chercher dans les coulisses, les" "loges, les machineries et en l’occurrence sous les gradins du public du festival d’Avignon, juillet 2015. Photo D. R.
L’action de l’Union européenne vu par Corinne Rigaud. Ce soutien invisible qu’il faut aller parfois chercher dans les coulisses, les" "loges, les machineries et en l’occurrence sous les gradins du public du festival d’Avignon, juillet 2015. Photo D. R.
Article publié pour le numéro
126 – 127

« A liv­ing, Mr Kem­per, is made by sell­ing some­thing that every­body needs at least once a year. And a mil­lion is made by pro­duc­ing some­thing every­body needs every day. you artists, you painters, pro­duce noth­ing that nobody needs, nev­er. »1

QUAND ALTERNATIVES Théâ­TRALES m’a con­tac­tée pour écrire un papi­er sur le thème « Théâtre, Argent, Europe », je me suis d’abord inter­rogée sur l’intérêt de la com­mande avant d’en assumer, après réflex­ion, sa légitim­ité. La chose était intéres­sante et légitime, je m’en étais pro­gres­sive­ment per­suadée, mais était-elle utile ? Je n’en étais tou­jours pas con­va­in­cue. Je ne lâchai pas l’affaire pour autant, taraudée par le sen­ti­ment qu’il y avait là plus qu’une occa­sion à dire ou à écrire, quelque chose à faire. Quand il s’agit des arts de la scène et a for­tiori du théâtre, l’action de l’Union européenne n’est pas, il faut l’avouer, notoire­ment con­nue ; et quand elle l’est, il arrive par­fois que ce soit pour de mau­vais­es raisons ; en règle générale, il faut l’admettre, on ne sait pas ce qu’il se fait et com­ment ; on ne va pas s’en éton­ner, encore moins s’en offus­quer, mais on pour­rait le regret­ter. Je le regrette et je sup­pose que – même si nous ne sommes pas nom­breux –, je ne suis pas la seule. Un con­stat, une hypothèse et un regret, je venais de me con­stru­ire le bien-fondé de l’exercice, ou pour le moins son util­ité : dire pourquoi l’Union européenne sou­tient le Théâtre et com­ment. En 10 000 signes. En 10 000 signes ? En 10 000 signes, c’est la con­signe. Intéres­sant, légitime et finale­ment utile, voilà que l’exercice deve­nait main­tenant impos­si­ble. Com­ment définir, débat­tre, inter­roger, illus­tr­er, échang­er, et informer, en si peu d’espace ? Quar­ante ans de pas­sion pour le théâtre et 20 ans d’«Europe2 » n’ont pas réus­si à me laiss­er croire que je pou­vais le faire et encore moins le faire seule. C’est ain­si que tout de suite après avoir dit oui au comité de rédac­tion, je me voy­ais lui pro­pos­er non pas un arti­cle mais plusieurs : une série, inti­t­ulée : « Théâtre, Argent et Poli­tique », dont chaque épisode serait l’occasion d’une con­ver­sa­tion par­ti­c­ulière avec une per­son­nal­ité du théâtre en Europe, sur un aspect pré­cis du thème général tout en ques­tion­nant – ou en témoignant de – l’action de l’Union européenne dans le domaine. Parce que si la néces­sité d’un art, quel qu’il soit, ne s’éprouve, comme j’en ai la con­vic­tion, qu’à tra­vers l’expérience privée, à titre indi­vidu­el ou col­lec­tif, il faut créer les con­di­tions afin que cette expéri­ence soit vécue, au moins une fois, par le plus grand nom­bre. Avec cette série, je pou­vais faire en sorte que des auteurs, des met­teurs en scène, des directeurs, des acteurs, bref, des gens du théâtre qui ont été impliqués dans un pro­jet européen, nous racon­tent, cha­cun à leur endroit, com­ment, con­crète­ment, ils ont pu créer les con­di­tions de cette expéri­ence et en quoi le sou­tien de l’Union européenne a pu y con­tribuer ou aurait pu y con­tribuer. Com­ment ils ont pu con­tredire, au moins une fois, horace Van­dergelder.
«Avant de par­ler d’argent et de dépense publique, il importe de savoir si l’art théâ­tral a quelque chose à voir, dans son exer­ci­ce même, avec le bien de ses spec­ta­teurs, con­sid­érés ou non dans leur qual­ité de citoyens et, plus générale­ment, au profit immé­di­at ou loin­tain, de la société où il se pro­duit.»3
J’avais trou­vé mon cadre, mon champ d’opération, je venais de trou­ver mon homme.
Robert Abirached. homme de let­tres et de théâtre, homme d’affaires… politique(s), homme de parole et de cœur, l’homme de la sit­u­a­tion et des insti­tu­tions. Celui qui n’a pas dit – je l’en remer­cie – non à ma presque indé­cente propo­si­tion : répon­dre à des ques­tions pousse-au-crime qui n’attendent pas for­cé­ment de réponse mais qui devaient forcer plus qu’une opin­ion, une prise de posi­tion ; répon­dre à des ques­tions cent fois posées, sans rechign­er à répéter ce qui a déjà été dit, quand ce qui se répète est ce qui doit être inlass­able­ment rap­pelé : à savoir l’essentiel : Un théâtre pub­lic : pourquoi ? Pour qui ? 

Corinne Rigaud : Soutenir une cul­ture « inclu­sive » et notam­ment tra­vailler au développe­ment des publics, est une des mis­sions d’Europe Créa­tive4, le seul pro­gramme de finance­ment de l’Union européenne qui vient exclu­sive­ment en sou­tien à des secteurs de la cul­ture et de la créa­tion ; « inclu­sion », « démoc­ra­ti­sa­tion », peu­vent par­fois son­ner, je veux dire irrit­er, comme « les gros mots » d’une langue de bois, celle du dis­cours par­fois dém­a­gogique de « l’élitaire pour tous ». Finale­ment, en quoi et pour qui le théâtre est néces­saire ? L’acquis lente­ment engrangé depuis soix­ante-dix années, dont vous par­lez, trou­ve-t-il ses fruits dans la pra­tique et la par­tic­i­pa­tion cul­turelles aujourd’hui ? 

  1. Horace Van­dergelder à Ambrose dans HELLO, DOLLY ! comédie musi­cale améri­caine réal­isée en 1969 par Gene Kel­ly. ↩︎
  2. Pour être plus juste, vingt ans à tra­vailler à la Com­mis­sion européenne pour l’Union européenne. ↩︎
  3. Robert Abirached. ↩︎
  4. La cul­ture dans l’Union européenne : http://europa.eu/pol/cult/index_fr.htm Europe Créa­tive : http://ec.europa.eu/programmes/creative-europe/index_en.htm ↩︎
  5. Le bud­get « Europe Créa­tive » est iné­gale­ment répar­ti sur trois sous- pro­grammes : MEDIA qui con­cerne le ciné­ma et l’audiovisuel, CULTURE qui con­cerne tous les autres secteurs cul­turels, et un volet trans­ver­sal qui vient en appui logis­tique – dis­ons – des deux pre­miers. ↩︎
  6. Le pro­gramme est ouvert non seule­ment aux 28 états-mem­bres de l’Union européenne mais égale­ment aux pays asso­ciés qui ont signé une con­ven­tion ; à ce jour : l’Islande, la Norvège, La Bosnie-herzé­govine, L’ex-République you­go- slave de Macé­doine, l’Albanie, la Ser­bie, le Mon­téné­gro, la Turquie, la Géorgie, et la Mol­davie. ↩︎

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Corinne Rigaud est née à Orange, un trois avril. Elle a déjà dit qu’elle aimait...Plus d'info
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