Coups de foudre amicaux

Théâtre
Portrait

Coups de foudre amicaux

À propos de Gisèle Vienne

Le 21 Oct 2015
Nils Dreschke dans ThE VENTRILoQUISTS CoNVENTIoN, texte Dennis Cooper, mise en scène Gisèle Vienne, en collaboration avec le Puppentheater halle (création 2015 - hamburg, Internationales Sommerfestival Kampnagel). Photo Falk Wenzel.
Nils Dreschke dans ThE VENTRILoQUISTS CoNVENTIoN, texte Dennis Cooper, mise en scène Gisèle Vienne, en collaboration avec le Puppentheater halle (création 2015 - hamburg, Internationales Sommerfestival Kampnagel). Photo Falk Wenzel.

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Nils Dreschke dans ThE VENTRILoQUISTS CoNVENTIoN, texte Dennis Cooper, mise en scène Gisèle Vienne, en collaboration avec le Puppentheater halle (création 2015 - hamburg, Internationales Sommerfestival Kampnagel). Photo Falk Wenzel.
Nils Dreschke dans ThE VENTRILoQUISTS CoNVENTIoN, texte Dennis Cooper, mise en scène Gisèle Vienne, en collaboration avec le Puppentheater halle (création 2015 - hamburg, Internationales Sommerfestival Kampnagel). Photo Falk Wenzel.
Article publié pour le numéro
126 – 127

SUBTIL MÉLANGE d’apparente fragilité et de force intérieure, Gisèle Vienne ne tar­it pas d’éloges pour ses col­lab­o­ra­teurs, notam­ment artistes, dont cer­tains sont devenus des amis. on con­naît cette jeune créa­trice pour son goût pour le dépasse­ment des lim­ites, formelles, esthé­tiques, éthiques. Avec son monde déshu­man­isé – poupées et masques de mort –, et sa manière froide d’exhiber des sujets guère représenta­bles – éro­tisme, désir ou vio­lence –, Gisèle Vienne a inven­té un type de jeu trou­blant entre des corps réels et artifi­ciels. « Mon­treuse » des parts d’ombres de l’humanité. À moitié autrichi­enne par sa mère1, cette femme en quête d’«extra-ordinaire » à la ville comme à la scène, noue des rela­tions intens­es avec des créa­teurs hors normes.

Dans la con­stel­la­tion de ses ami­tiés fon­da­tri­ces, Jonathan Capde­vielle appa­raît dès le con­cours d’entrée à l’ESNAM2 : « J’ai vu dès notre pre­mière ren­con­tre que c’était un comé­di­en génial et sin­guli­er ». Ils col­la­borent dès leur sor­tie d’école en 1999, lui en tant que comé­di­en, et elle comme met­teure en scène en duo avec éti­enne Bideau-Rey à cette époque : « La col­lab­o­ra­tion avec éti­enne, quoique plus courte (1999 – 2003), reste néan­moins fon­da­trice puisque notre pro­jet artis­tique a été créé avec notre com­pag­nie à ce moment-là. » La rela­tion de tra­vail avec Jonathan dure tou­jours. L’acteur-manipulateur, dont le numéro de ven­tril­o­quie3 dans JERK4 a mis en état de choc quelques spec­ta­teurs, ne cesse de l’inspirer. En dehors de THE PYRE5, il appa­raît dans toutes ses pièces. Ni par fidél­ité, ni par ami­tié, puisqu’une des règles de la direc­trice artis­tique est d’incessamment remet­tre en ques­tion la néces­sité de toute col­lab­o­ra­tion. Mal­gré ce rude code du désir à renou­vel­er, Jonathan œuvre au sein de la com­pag­nie de Gisèle Vienne depuis leurs vingt-trois ans respec­tifs. Dans JERK, cette pièce extrême­ment dérangeante, Jonathan atteint des som­mets dans l’interprétation du texte de Den­nis Coop­er. Psy­chopathe fiévreux, il prête voix et corps à un ser­i­al-killer améri­cain des années 70, et à son lot de vic­times… Pour Gisèle Vienne, la réal­i­sa­tion de cette pièce était pos­si­ble grâce aux neuf ans de col­lab­o­ra­tion en garde rap­prochée qui la précé­daient, ain­si qu’à la confiance et au respect absolu qui règ­nent entre les artistes qui en ont per­mis la con­struc­tion. C’est ce respect et cette confiance qu’elle entre­tient avec ses col­lab­o­ra­teurs qui leur per­me­t­tent la réal­i­sa­tion d’expériences artis­tiques si fortes et sin­gulières.

  1. « Vienne », le patronyme de son père français n’a éton­nam­ment rien à voir avec la cap­i­tale de l’Autriche dont elle porte le nom, et n’est pas non plus son pseu­do­nyme quoiqu’en dis­ent cer­taines rumeurs. ↩︎
  2. ESNAM, école Supérieure Nationale des Arts de la Mar­i­on­nette, à Charleville-Méz­ières. ↩︎
  3. Elle crée actuelle­ment un spec­ta­cle pour ven­tril­o­ques : ThE VENTRILOQUISTS CONVENTION, Gisèle Vienne / Den­nis Coop­er / Pup­penthe­ater halle, Spec­ta­cles et con­certs, 7 – 11 octo­bre 2015, Cen­tre Pom­pi­dou, Paris et 27 novem­bre — 4 décem­bre 2015, Théâtre Nan­terre- Amandiers, dans le cadre de l’édition 2015 du Fes­ti­val d’automne à Paris. Toute la tournée sur : www.g‑v.fr ↩︎
  4. JERK, 2008, solo pour un mar­i­on­net­tiste, d’après une nou­velle de Den­nis Coop­er. Con­cep­tion et mise en scène de Gisèle Vienne. ↩︎
  5. THE PYRE, 2013, con­cep­tion, mise en scène, choré­gra­phie et scéno­gra­phie de Gisèle Vienne. ↩︎
  6. Com­pos­i­teur que nous n’évoquerons pas ici car il est devenu son com­pagnon. ↩︎
  7. SHOWROOMDUMMIES, pièce créée en 2001 par Gisèle Vienne et Éti­enne Bideau-Rey. ↩︎
  8. « ami­tie », du verbe « ami­ti­er », en référence à l’ouvrage de Gilles A. Tiberghien : AMITIER, éd. du Félin, « coll. Poche », 2008. ↩︎

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Gisèle Vienne
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Sylvie Martin-Lahmani
Professeure associée à la Sorbonne Nouvelle, Sylvie Martin-Lahmani s’intéresse à toutes les formes scéniques contemporaines....Plus d'info
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