


CRÉER UNE REVUE DE THÉÂTRE il y a un peu plus de trente-cinq ans à Bruxelles apparaissait comme une nécessité. Les quelques amis que j’avais rassemblés autour de moi partageaient cette conviction qu’il fallait inventer un espace d’analyse et de réflexion où on pourrait décrypter les mouvements de la vie théâtrale en Belgique et à l’étranger. C’est ainsi qu’est née Alternatives théâtrales.
La revue accompagnait un renouveau de la mise en scène théâtrale en Belgique francophone né dans le courant des années 1970 et porté par ce qu’on appelait déjà « les jeunes compagnies ». Celles-ci développaient leurs pratiques en dehors des « institutions », investissant des lieux non conçus au départ pour la présentation de spectacles. Leur travail était marqué par une démarche venue d’Allemagne, la « dramaturgie » (le théâtre produit du sens ; aucun geste, aucune image proposés sur la scène ne sont innocents), et par le développement des « sciences humaines » qui débordaient de l’université pour irriguer le champ artistique.
Ayant moi-même et durant de longues années accompagné la diffusion de ces compagnies (d’abord à la maison de la culture de Tournai puis dans l’organisation de tournées internationales), c’est tout naturellement que les premiers numéros de la revue ont présenté et analysé leurs créations. En même temps, et dès le premier numéro, j’ai voulu ouvrir les fenêtres sur le théâtre venu d’ailleurs en recherchant les auteurs qui pouvaient en rendre compte.
Créer une revue de théâtre aura aussi été pour moi le plaisir d’assouvir un désir ancien : le goût de la lecture et de l’écriture, le « plaisir du texte ».