Au National s’est développé, depuis 2011, un rendez-vous festif et bientôt impératif des formes courtes. Créé et dirigé par Alexandre Caputo, le Festival XS cultive le risque avec bonheur, et se déploie en réseau.
Pour lui, c’est « une idée politique : la beauté est fruit de la diversité. La découverte de cette diversité – de points de vue, de pratiques, d’usages, d’univers, d’esthétiques… – est le reflet du monde. Cette addition elle-même constitue un élément de beauté. »
Formé ou influencé par « des maîtres comme Lassaad, le Groupov ou Ariane Mnouchkine » (pas les plus figés dans la forme ni sectaires dans le fond), Alexandre Caputo a tiré de ce parcours (cf. encadré) le constat que, « quel que soit le cursus, il implique toujours, à un moment, de se centrer sur un type de théâtre, d’esthétique, d’univers et donc de restreindre son champ de vision ».
« Né d’un désir d’ouverture et de créer un espace dédié à l’expérimentation, à la recherche, à la rencontre », XS signifiait aussi, pour son fondateur et directeur, de « ne plus [se] laisser enfermer dans une vision unique ». « Ça ne veut pas dire que tout y est pertinent et fort. Mais dans des pratiques diverses, dès lors qu’existent un engagement, un regard sur le monde, on peut atteindre une exigence, renvoyer au monde des images troublantes et puissantes sur notre monde et nos manières de vivre. » Tout cela au sein d’une institution – le Théâtre national – elle-même dotée par Jean-Louis Colinet d’une identité forte.
Espace de liberté et d’urgence à la fois
En temps, en énergie, en essais-erreurs, en recherche de fonds : monter un projet scénique est une entreprise longue et complexe. Les arts de la scène sont aussi terre de recherche, d’expérimentation. Or, il s’agissait ici, pour Alexandre Caputo, de créer un espace où montrer un objet « prêt » : pas un laboratoire, pas une répétition ouverte, pas une étape de travail, pas un work in progress. « Ce qui ne l’empêche pas de connaître ensuite une éventuelle évolution. »
Qu’elles demeurent dans leur format initial – moins de 25 minutes, telle est la règle d’XS – ou s’articulent, se déploient autrement, de nombreuses pièces écloses au festival ont connu vie et succès bien au-delà. Ainsi, même la programmation de la saison 16 – 17 du National – la première sous la direction de Fabrice Murgia, et dans laquelle naturellement s’inscrit l’édition 2017 du festival : du 23 au 25 mars – compte-t-elle cinq projets estampillés XS : Frozen, Ali & Nous sommes pareils à ces crapauds…1, Saison 1, La Course, La Convivialité.
XS, s’enthousiasme Alexandre Caputo, conserve sa vocation première : « donner à la fois un espace de liberté et d’expérimentation où il est possible de créer dans l’urgence ».
Conçu dès l’origine comme un terrain de jeu pour les artistes et les spectateurs, le festival a d’emblée posé ses enjeux : « la création, la rencontre des publics, des producteurs, des programmateurs et des créateurs, la défense d’écritures singulières ». « Les enfants ne jouent pas pour rien : même dans les jeux associatifs ou collaboratifs, ils jouent pour gagner et grandir ensemble. »