L’insupportable légèreté de l’auteur (dramatique)

Théâtre
Parole d’artiste

L’insupportable légèreté de l’auteur (dramatique)

Le 27 Mar 2017
Hanna Gandor, Vincenzo Tatti, Jo Schmitt, Der Reservist, de Thomas Depryck (traduction Frank Weigand), mise en scène Inka Neubert, Mannheim, 2016.
Hanna Gandor, Vincenzo Tatti, Jo Schmitt, Der Reservist, de Thomas Depryck (traduction Frank Weigand), mise en scène Inka Neubert, Mannheim, 2016.

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Hanna Gandor, Vincenzo Tatti, Jo Schmitt, Der Reservist, de Thomas Depryck (traduction Frank Weigand), mise en scène Inka Neubert, Mannheim, 2016.
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Article publié pour le numéro
Couverture de numéro 131 - Écrire, comment?
131

« Avant d’être oubliés, nous serons changés en kitsch.
Le kitsch, c’est la sta­tion de cor­re­spon­dance entre l’être et l’oubli. »

Milan Kun­dera

Pourquoi, pour qui, com­ment, j’écris ? 

Écrire pour la scène est-il quelque chose de rel­a­tive­ment insen­sé aujourd’hui ? Prob­a­ble­ment. Plus qu’hier ? Je dirais que ça l’a tou­jours été. Et que ça le sera tou­jours ? Je ne sais pas. Il sem­ble cela dit qu’aujourd’hui les auteurs dra­ma­tiques doivent muter, s’adapter, c’est-à-dire se rap­procher du plateau. C’est du dar­win­isme social à échelle cul­turelle. Les met­teurs en scène, les acteurs, les directeurs de théâtre, etc. devraient, devront, pour­raient, pour­ront leur faire un peu plus de place. 

Quelque chose comme ça. 

Ça me sem­ble presque équitable, et pas inin­téres­sant. Mais en fait on n’a pas telle­ment le choix, sauf à vouloir, pour beau­coup, tomber dans l’oubli. Et pourquoi pas cela dit, mais peut-être pas tout de suite. Il y a du reste cer­tains endroits où ça se fait déjà, et ça ne marche pas si mal. Je fais par­tie, je crois, des auteurs qui entrent dans ce sché­ma. J’aime le con­tact du plateau. Pas trop, mais un peu, juste ce qu’il faut pour pou­voir retourn­er à mon bureau et m’y remet­tre. Je n’ai donc pas vrai­ment à me plain­dre de ce point de vue, mais c’est quand même génial de pou­voir le faire un peu mal­gré tout. 

Alors je ne vais pas m’en priv­er. 

Il n’y a pas de petits plaisirs. 

Donc, en ce moment, je con­seillerais à toute per­son­ne intéressée par l’écriture en tant que telle, et qui aime le théâtre aus­si (qui a le virus, le sacré virus), qui, donc, veut, souhaite, désire, se lancer dans l’écriture dra­ma­tique, mais qui préfère faire ça exclu­sive­ment de chez lui, de plutôt s’adonner à tout autre chose qu’une pièce de théâtre. 

Un bon gros roman, ou un petit bien nerveux. 

Oui. 

L’auteur de roman a en effet aujourd’hui beau­coup plus de chance d’être lu par un met­teur en scène ou un directeur de théâtre ou même par n’importe qui, et du coup a une petite chance (aus­si mince soit-elle, elle existe) d’être mon­té. C’est comme ça. 

Il ne faut plus écrire de théâtre, surtout plus, en tout cas faut pas que ça y ressem­ble trop. Mais écrire un roman n’est pas à la portée de tout le monde. Que faire dès lors ? Il ne reste peut-être plus qu’à dis­paraître. Je plaisante, mais la ques­tion que peut soulever ce con­stat est : « Les auteurs dra­ma­tiques du genre à faire des pièces dra­ma­tiques sont-ils à côté de la plaque ? Sont-ils des dinosaures ? Sont-ils des frus­trés de ne pas être, de ne pas pou­voir être, des Bernard-Marie Koltès ? » Ce n’est pas impos­si­ble, mais ça ne peut pas exclure cet impondérable psy­chologique qui fait que les gens, sou­vent, se con­for­ment à l’image que l’on a d’eux, c’est-à-dire que si on dit à quelqu’un qu’il n’est pas Shake­speare ou Tchekhov, qu’il n’est pas Racine, Molière, ou Hein­er Müller, ou je ne sais pas qui, il ne le devien­dra jamais, et ne pour­ra que se mor­fon­dre dans la médi­ocrité qu’on lui attribue (en se deman­dant qui dia­ble est donc ce satané Koltès ?).

C.Q.F.D. Ou presque (on est d’accord). 

Soit.

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Thomas Depryck
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Thomas Depryck
Thomas Depryck est auteur et dramaturge principalement au sein de la compagnie De Facto (dirigée...Plus d'info
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