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Qu’est-ce qui t’a mené à t’intéresser au théâtre musical et à le promouvoir ?
HB C’est lors d’une discussion avec mon ami compositeur Dick Van der Harst, après un spectacle où la musique nous avait paru trop illustrative par rapport au texte, qu’on s’est dit : « Pourquoi ne ferait-on pas un spectacle nous-mêmes, pour chercher d’autres relations entre le théâtre et la musique ? » J’ai endossé le rôle de producteur et Dick s’est lancé dans la composition d’un projet. Du coup, on était tout de suite dans la création vivante, à partir d’une conversation entre copains ! Le nom LOD vient d’ailleurs de « lunch op donderdag » (« déjeuner le jeudi ») parce que notre projet est né dans un café où, durant une saison, on a présenté un petit spectacle tous les jeudis midi. Puis on a créé le Vertel Festival (Festival des Contes) où parole et musique dialoguaient de manière particulière à partir d’histoires racontées. Pendant dix ou quinze ans, ce festival a été une sorte de nid où sont nées des rencontres d’artistes et des créations ; ensuite on a choisi de se concentrer sur le théâtre musical et de devenir une maison de production. On avait élaboré un plan d’avenir avec des objectifs mais je n’aurais jamais imaginé que LOD deviendrait la structure qu’elle est aujourd’hui, avec quatorze employés, huit artistes en résidence et entre 120 et 180 représentations par saison.
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L’engagement avec des artistes en résidence est le premier axe de LOD. Comment cela a‑t-il évolué ?
HB Au début, il n’y avait que des compositeurs : Dick Van der Harst, puis Kris Defoort, Dominique Pauwels, Jan Kuiken. Des plus jeunes se sont ajoutés comme Daan Janssens et Frédéric Neyrinck. Mais on a aussi ouvert les résidences à des metteurs en scène et acteurs comme Josse De Pauw1, Inne Goris2, ainsi qu’au tandem Bildraum3, un architecte et une photographe créateurs de spectacles. C’est important d’avoir comme résidents des artistes de différents médiums quand on travaille sur un genre aussi mixte et ouvert que le théâtre musical.On les aide à développer leur œuvre sur le long terme, à lui donner une dimension internationale aussi… Quand des compositeurs souhaitent créer de plus grandes formes, comme un opéra, on sollicite des structures partenaires parce qu’on n’a pas les moyens de porter ce genre de projets. Ça a été le cas avec La Monnaie/De Munt pour Kris Defoort : après le succès de The Woman Who Walked Into Doors mis en scène par Guy Cassiers en 2001, Kris a créé en 2009, toujours en collaboration avec Cassiers, House Of The Sleeping Beauties à la Monnaie. Son prochain opéra, The Time Of Our Singing, sera soutenu par La Monnaie et par l’Opéra de Philadelphie. Mais Kris tient à rester en résidence chez nous pour des formes plus petites et expérimentales comme An Old Monk ou De Mensheid (L’Humanité) créées avec Josse De Pauw.
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Le développement des jeunes talents est un deuxième axe qui vous tient à cœur. Concrètement, que proposez-vous ?
HB On a créé Young LOD il y a dix ans, pour soutenir des jeunes talents et leur donner l’opportunité de se former ou d’aller en résidence ailleurs. Sur le Bijloke Campus de Gand où nous sommes installés, nous proposons aussi une Summer Academy-Music Theatre, avec des ateliers et des résidences pour des artistes locaux et internationaux. Nous avons également mis sur pied le LAB où les artistes reçoivent un coaching pour une création en cours. Six à huit artistes ou groupes peuvent être accompagnés durant deux semaines par des compositeurs, des auteurs et des metteurs en scène. Ce qui est très stimulant pour la dynamique artistique et les partenariats, c’est que sur le site du Bijloke se trouvent aussi le KASK (Conservatoire de Gand), le Bijloke Muziekcentrum (dont la programmation est ouverte autant à la musique classique que contemporaine ou jazz), l’International Opera Academy… L’ensemble Spectra (spécialisé en musique contemporaine) y travaille aussi. On a développé récemment une collaboration avec le Vooruit (institution artistique de la Communauté flamande à Gand) : on y accueille des artistes qui créent pour la première, deuxième ou troisième fois, pas seulement dans le domaine du théâtre musical, d’ailleurs. On leur donne une salle de répétition pour quelques semaines, une aide à la technique, à la production, et on organise la première.
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Le théâtre musical se déploie aujourd’hui dans toutes sortes de figurations différentes. Lesquelles privilégiez-vous ?
HB Au départ, il n’était pas question pour nous de travailler à partir du répertoire musical ou théâtral : chaque création était censée être inédite dans le domaine du théâtre musical. Aujourd’hui, comme notre priorité est de soutenir des artistes dans leur parcours, si l’un d’eux veut travailler à partir du répertoire, on ne va pas refuser…