Architecture de l’espace et expérience du vivant

Entretien
Théâtre

Architecture de l’espace et expérience du vivant

Entretien avec Simon Siegmann

Le 25 Oct 2019
Vanessa Compagnucci et Yannick Regnier dans Les enfants du soleil d’après Maxime Gorki, mise en scène Christophe Sermet. Scénographie et lumières Simon Siegmann. Photo Marc Debelle.
Vanessa Compagnucci et Yannick Regnier dans Les enfants du soleil d’après Maxime Gorki, mise en scène Christophe Sermet. Scénographie et lumières Simon Siegmann. Photo Marc Debelle.

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Vanessa Compagnucci et Yannick Regnier dans Les enfants du soleil d’après Maxime Gorki, mise en scène Christophe Sermet. Scénographie et lumières Simon Siegmann. Photo Marc Debelle.
Vanessa Compagnucci et Yannick Regnier dans Les enfants du soleil d’après Maxime Gorki, mise en scène Christophe Sermet. Scénographie et lumières Simon Siegmann. Photo Marc Debelle.
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 138 - Arts de la scène et arts plastique
138

Benoît Hen­naut — Le méti­er de scéno­graphe est par déf­i­ni­tion à la croisée des chemins entre arts visuels et arts vivants, entre art plas­tique et art scénique. Dans ta pra­tique, com­ment artic­ules-tu ces deux aimants et l’engagement qu’ils sup­posent, autant sur le plan artis­tique que tech­nique d’ailleurs ?

Simon Sieg­mann — La scéno­gra­phie est une pra­tique qui se situe à la croisée des arts visuels et de l’architecture. Les arts scéniques en sont un puis­sant moteur, mais ce n’est pas son unique moti­va­tion. On la retrou­ve dans une mul­ti­tude de champs d’applications tels que la muséo­gra­phie, l’évènementiel – type salon de l’auto ou ouver­ture des Jeux Olympiques – et le scénique au sens large. C’est une pra­tique poly­mor­phe et à géométrie vari­able. Même à l’intérieur du champ plus spé­ci­fique du scénique, c’est-à-dire du spec­ta­cle, on trou­ve de la scéno­gra­phie de mode, de musique, de danse et de théâtre. Qua­tre sous-ensem­bles qui, bien que con­nex­es, fonc­tion­nent sur des codes et avec des besoins dif­férents. Ce que je veux exprimer en appor­tant ces pré­ci­sions, c’est que la scéno­gra­phie ne peut pas se définir par son con­tenu.

C’est une pra­tique qui pro­pose un dis­posi­tif visuel dans lequel des corps vont pren­dre place. Elle développe une plas­tique de l’espace. Elle est bien sûr au ser­vice d’un pro­jet col­lec­tif, mais ce n’est d’une cer­taine façon que la par­tie vis­i­ble de l’iceberg.

Ce qui motive vrai­ment une scéno­gra­phie, c’est l’espace qui lui préex­iste et le rap­port qu’elle entre­tient avec le spec­ta­teur. Il s’agit de pos­er un objet/espace qui doit con­di­tion­ner le regard du spec­ta­teur et créer une dynamique, une ten­sion, avec le lieu dans lequel le dis­posi­tif prend place. Dans le cas d’un spec­ta­cle, idéale­ment, il faut que la scéno­gra­phie inter­roge la notion d’espace de représen­ta­tion à tra­vers le dis­posi­tif qu’elle induit en pro­posant des appuis à la mise en scène.

Je pense ma pra­tique comme celle d’un archi­tecte-plas­ti­cien spé­cial­isé dans le domaine de la scène. La scéno­gra­phie de spec­ta­cle, comme tout art, doit penser et ratio­nalis­er ses pro­pres lim­ites. J’aime réfléchir à la boîte noire du théâtre de la même façon que l’on peut envis­ager la planéité de la toile peinte ou inter­roger la notion du socle en sculp­ture. Et, dans un même temps, je dois pou­voir inté­gr­er des notions de nar­ra­tion, de mise en scène aux­quelles s’ajoute un tra­vail de design tech­nique. Le scéno­graphe doit avoir une grande capac­ité de syn­thèse pour plac­er dans un seul et même objet un ensem­ble de con­di­tions par­fois con­tra­dic­toires afin de créer un dis­posi­tif qui se suf­fit à lui-même et en même temps accom­pa­gne et sup­porte le pro­jet dans lequel il s’inscrit. On pour­rait pouss­er la com­para­i­son à une équa­tion à plusieurs incon­nues qui vous réveille la nuit et vous oblige à vous lever pour aller au bureau tra­vailler…!

BH — On con­naît ton intérêt pour la lumière et sa plas­tic­ité. En même temps qu’elle est au ser­vice de ce qui se passe au plateau, elle fait bien sûr l’objet d’un tra­vail esthé­tique qui lui est pro­pre. Ton tra­vail avec la lumière t’a d’ailleurs à plusieurs repris­es emmené loin des plateaux de théâtre.

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Simon Siegmann
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Benoit Hennaut
Benoît Hennaut est Docteur en lettres de l’ULB et de l’EHESS à Paris. Il est...Plus d'info
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