Ils étaient en Belgique, au Théâtre Varia puis au Théâtre de Namur en janvier et février 2020, avec Ton joli rouge-gorge.
Ton joli rouge-gorge est une création de la COS ; ce groupe réunissant des personnes de toutes allégeances scéniques et artistiques interroge à travers des œuvres, spectacles et autres « trucs », l’être humain, cherchant à faire jaillir comme un orgasme commun des soubresauts de réflexions. Cette entité libre se cristallise autour de Mathylde Demarez et Ludovic Barth.
Le fonctionnement en collectif a plutôt l’air de se généraliser. C’est une très bonne chose, à l’heure où les réseaux sociaux encouragent le narcissisme. C’est une aventure risquée mais qui vaut la peine.
Cie Clinic Orgasm Society
QU’EST-CE QUE VOUS FAITES ENSEMBLE ?
Nous essayons d’inventer des formes scéniques qui puissent nous surprendre et nous ravir. Nous partageons un certain goût pour le décalage, l’iconoclaste, l’expérimentation bricolée et ludique. Un esprit de contradiction peut-être aussi. Nous sommes extrêmement différents, mais nous avons réussi à découvrir un territoire artistique où nous pouvions fonctionner de façon complémentaire. Depuis des années nous essayons d’étendre ce territoire, de l’explorer, d’en sonder les limites. Mais comme la vie nous fait évoluer, et l’expérience aussi, ces limites sont mouvantes.
COMMENT VOUS ÊTES-VOUS TROUVÉS ?
En jouant ensemble, tout simplement. Nous avons travaillé plusieurs années comme comédien.ne.s/performeur.euse.s dans la compagnie Jours Tranquilles (fondée par Fabrice Gorgerat, un ami rencontré à l’INSAS), où nous avons développé un langage commun, un rapport à l’improvisation et une complicité de plateau. Nous pouvons avoir plein de points de divergences théoriques dans nos créations, mais jusqu’à présent ça s’est toujours résolu de façon très naturelle en étant ensemble sur un plateau. C’est le jeu qui décide au final.
QUE REFUSEZ-VOUS ? QU’AFFIRMEZ-VOUS ?
Difficile de dire ce que nous refusons au théâtre ou à la scène en général.
Peut-être l’aspect poussiéreux qui peut lui être associé ? Ou son héritage ?
Nous aimons l’idée que c’est un art de l’expérience du présent, qui peut foutre en l’air tout ce qui a été fait avant (même si c’est probablement une illusion), et qui sera balayé dans le futur. C’est quelque chose de très rare dans notre société, où l’expérience du présent est constamment soumise à la tentation de l’enregistrement pour la vivre plus tard. Nous ne laisserons peut-être aucune trace de notre présence sur terre, mais les moments vécus en représentation ont bel et bien existé, et ces moments resteront avec un peu de chance (même — et surtout — de manière déformée) dans l’imaginaire de certain.e.s spectateurs ou spectatrices. C’est cette impossibilité de reproduire une expérience du présent sans la déformer qui nous fascine.
QUELS SONT VOS OBJECTIFS ?
Depuis le début de notre collaboration, rien n’est vraiment planifié, si ce n’est de répondre scéniquement à des impulsions qui nous traversent, et dont nous ne comprenons souvent les véritables enjeux que très tard dans le processus de création, parfois bien après la “première”. Nous n’avons donc pas d’objectif particulier et conscient, à part de nous libérer de ces impulsions.