Collectif Clinic Orgasm Society  — Entretien complet

Entretien
Théâtre

Collectif Clinic Orgasm Society  — Entretien complet

Le 5 Mai 2020
Si tu me survis... 2016. Crédit : Alice Piemme
Si tu me survis... 2016. Crédit : Alice Piemme
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 139 - Nos alternatives
139

Ils étaient en Belgique, au Théâtre Varia puis au Théâtre de Namur en janvier et février 2020, avec Ton joli rouge-gorge.

Ton joli rouge-gorge est une créa­tion de la COS ; ce groupe réu­nis­sant des per­son­nes de toutes allégeances scéniques et artis­tiques inter­roge à tra­vers des œuvres, spec­ta­cles et autres « trucs », l’être humain, cher­chant à faire jail­lir comme un orgasme com­mun des soubre­sauts de réflex­ions. Cette entité libre se cristallise autour de Math­ylde Demarez et Ludovic Barth.

Le fonc­tion­nement en col­lec­tif a plutôt l’air de se généralis­er. C’est une très bonne chose, à l’heure où les réseaux soci­aux encour­a­gent le nar­cis­sisme. C’est une aven­ture risquée mais qui vaut la peine.

Cie Clin­ic Orgasm Soci­ety

QU’EST-CE QUE VOUS FAITES ENSEMBLE ?

Nous essayons d’in­ven­ter des formes scéniques qui puis­sent nous sur­pren­dre et nous ravir. Nous parta­geons un cer­tain goût pour le décalage, l’i­con­o­claste, l’ex­péri­men­ta­tion bricolée et ludique. Un esprit de con­tra­dic­tion peut-être aus­si. Nous sommes extrême­ment dif­férents, mais nous avons réus­si à décou­vrir un ter­ri­toire artis­tique où nous pou­vions fonc­tion­ner de façon com­plé­men­taire. Depuis des années nous essayons d’é­ten­dre ce ter­ri­toire, de l’ex­plor­er, d’en son­der les lim­ites. Mais comme la vie nous fait évoluer, et l’ex­péri­ence aus­si, ces lim­ites sont mou­vantes.

COMMENT VOUS ÊTES-VOUS TROUVÉS ?

En jouant ensem­ble, tout sim­ple­ment. Nous avons tra­vail­lé plusieurs années comme comédien.ne.s/performeur.euse.s dans la com­pag­nie Jours Tran­quilles (fondée par Fab­rice Gorg­er­at, un ami ren­con­tré à l’IN­SAS), où nous avons dévelop­pé un lan­gage com­mun, un rap­port à l’im­pro­vi­sa­tion et une com­plic­ité de plateau. Nous pou­vons avoir plein de points de diver­gences théoriques dans nos créa­tions, mais jusqu’à présent ça s’est tou­jours résolu de façon très naturelle en étant ensem­ble sur un plateau. C’est le jeu qui décide au final.

DTC_2009, Daniel Cor­do­va

QUE REFUSEZ-VOUS ? QU’AFFIRMEZ-VOUS ?

Dif­fi­cile de dire ce que nous refu­sons au théâtre ou à la scène en général.

Peut-être l’aspect pous­siéreux qui peut lui être asso­cié ? Ou son héritage ?

 Nous aimons l’idée que c’est un art de l’ex­péri­ence du présent, qui peut foutre en l’air tout ce qui a été fait avant (même si c’est prob­a­ble­ment une illu­sion), et qui sera bal­ayé dans le futur. C’est quelque chose de très rare dans notre société, où l’ex­péri­ence du présent est con­stam­ment soumise à la ten­ta­tion de l’en­reg­istrement pour la vivre plus tard. Nous ne lais­serons peut-être aucune trace de notre présence sur terre, mais les moments vécus en représen­ta­tion ont bel et bien existé, et ces moments res­teront avec un peu de chance (même — et surtout — de manière défor­mée) dans l’imag­i­naire de certain.e.s spec­ta­teurs ou spec­ta­tri­ces. C’est cette impos­si­bil­ité de repro­duire une expéri­ence du présent sans la déformer qui nous fascine.

QUELS SONT VOS OBJECTIFS ?

Depuis le début de notre col­lab­o­ra­tion, rien n’est vrai­ment plan­i­fié, si ce n’est de répon­dre scénique­ment à des impul­sions qui nous tra­versent, et dont nous ne com­prenons sou­vent les véri­ta­bles enjeux que très tard dans le proces­sus de créa­tion, par­fois bien après la “pre­mière”. Nous n’avons donc pas d’ob­jec­tif par­ti­c­uli­er et con­scient, à part de nous libér­er de ces impul­sions.

Entretien
Théâtre
Mathylde Demarez
Ludovic Barth
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Écrit par Sylvie Martin-Lahmani
Pro­fesseure asso­ciée à la Sor­bonne Nou­velle, Sylvie Mar­tin-Lah­mani s’intéresse à toutes les formes scéniques con­tem­po­raines. Par­ti­c­ulière­ment atten­tive aux...Plus d'info
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