Portrait de Jean-Marie Piemme

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Portrait de Jean-Marie Piemme

Entretien avec Philippe Sireuil

Le 4 Juil 1999
Article publié pour le numéro
Écrire le théâtre aujourd'hui-Couverture du Numéro 61 d'Alternatives ThéâtralesÉcrire le théâtre aujourd'hui-Couverture du Numéro 61 d'Alternatives Théâtrales
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ALTERNATIVES THÉÂTRALES : Com­ment avez-vous décou­vert l’œu­vre de Jean-Marie Piemme ?

Philippe Sireuil : Quand en 1986, Jean-Marie Piemme écrit NEIGE EN DÉCEMBRE sa, pre­mière pièce, voilà déjà huit années qu’il col­la­bore de façon très atten­tive et régulière en tant que dra­maturge à l’ensem­ble des spec­ta­cles que je mets en scène tan­tôt au théâtre, tan­tôt à l’opéra. Alors qu’il était mon pre­mier spec­ta­teur, je deviens tout naturelle­ment son pre­mier lecteur. La lec­ture de cette pièce achevée, il allait de soi que si je n’ar­rivais pas à met­tre en scène la pièce moi-même, j’aiderais dans la mesure de mes moyens à la mise sur pied de la pro­duc­tion. Le théâtre de la Place, sous la férule de Jacques Deck et dans une mise en scène de François Beuke­laers a assuré la créa­tion de NEIGE EN DÉCEMBRE.

Je pen­sais et pense tou­jours qu’il n’y pas d’écri­t­ure dra­ma­tique qui puisse se dévelop­per, s’af­firmer, trou­ver sa per­ti­nence et sa sin­gu­lar­ité sans être en con­tact con­stant avec le plateau, les acteurs et le pub­lic ; pour cela, il faut du temps, de l’e­space aus­si et c’est ain­si que durant cinq années, j’ai invité Jean-Marie Piemme (j’é­tais alors respon­s­able de la pro­gram­ma­tion artis­tique du Théâtre Varia, out­re mon tra­vail de met­teur en scène) à l’af­fiche de nos saisons, soit en invi­tant des spec­ta­cles dont je ne partageais pas for­cé­ment le point de vue (SANS MENTIR mis en scène par Bernard Debroux, LES YEUX INUTILES mis en scène par
Janine God­i­nas ), soit en por­tant moi- même à la scène ses pièces ( comme COMMERCE GOURMAND ou LE BADGE DE LÉNINE).Cette con­stance, cette régu­lar­ité opiniâtre ont sans doute aidé à la mat­u­ra­tion de son tra­vail d’écrivain, elles lui ont don­né en tour cas le goût et la force de pour­suiv­re.

A. T. : Voyez-vous se dessin­er une évo­lu­tion dans l’œu­vre de Jean-Marie Piemme ?

P. S.: L’œu­vre de Piemme est tra­ver­sée par des thé­ma­tiques récur­rentes : la trahi­son, notam­ment, celle de l’idéal, celle de l’amour ou celle de soi-même ; le flétrisse­ment des rap­ports humains sous le dou­ble joug de l’his­toire et de l’é­conomie ; la bouf­fon­ner­ie des illu­sions et des utopies, la vul­gar­ité du pou­voir, le cynisme de nos com­porte­ments con­tem­po­rains ; mais il est évi­dent qu’en­tre sa pre­mière pièce et celle que j’ai mise en scène cette sai­son au théâtre Varia, CAFÉ DES PATRIOTES il, y a une grande évo­lu­tion car­ac­térisée avant tout par une écoute de plus en plus atten­tive des acteurs, écoute qui l’a con­duit vers des formes et des manières d’écrire qu’il aurait refusées à ses débuts.

Son écri­t­ure est dev­enue moins corsetée — il accepte aujour­d’hui que ses per­son­nages lui échap­pent et je pense qu’il attend tou­jours secrète­ment que les acteurs les lui révè­lent ; elle s’est frot­tée à l’épreuve de la banal­ité et du quo­ti­di­en ; elle a affir­mé ce qu’il faut bien appel­er un style ; écrire lui est tou­jours autant néces­saire — plus que jamais sans doute ! — mais ce n’est plus un obsta­cle qui l’en­ferme, mais bien un trem­plin qui le faire rebondir là où il ne pen­sait pas aller ; son écri­t­ure est aus­si plus provo­cante, plus ludique aus­si.

Jean-Marie Piemme sait que le théâtre et l’écri­t­ure dra­ma­tique se doivent d’in­ven­ter « des formes nou­velles », mais ce n’est plus aujour­d’hui qu’un aspect, qu’un souci et qu’un désir par­mi d’autres de son tra­vail d’écrivain.

Son adap­ta­tion à la réal­ité et aux con­tin­gences du plateau l’amè­nent ain­si presque à « for­mater » le reg­istre nar­ratif et lan­gagi­er util­isé en fonc­tion du pro­jet de pro­duc­tion : CAFÉ DES PATRIOTES a peu à voir avec 1953 par exem­ple roue comme TORÉADORS (que j’ai mis en scène au Théâtre Le Pub­lic au cours de la sai­son 98 – 99) est très éloigné de PIÈCES D’IDENTITÉ. Je dirais volon­tiers qu’avec Jean-Marie Piemme nous avons affaire à un écrivain-caméléon capa­ble de pren­dre des couleurs dif­férentes, mais tou­jours sur le qui-vive, à l’af­fût, sur la même branche : celle d’un théâtre qui ne cul­pa­bilise pas d’être devenu un « art minori­taire », mais qui ne se com­plaît pas non plus à se réfugi­er nar­cis­sique­ment dans la con­tem­pla­tion désolée de lui même.

Pro­pos recueil­lis retran­scrits par Julie Bir­mant.

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Jean-Marie Piemme
Auteur, dramaturge. www.jeanmariepiemme.bePlus d'info
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