Donner corps au mouvement d’une pensée

Entretien
Théâtre

Donner corps au mouvement d’une pensée

Entretien avec Éléonore Weber

Le 18 Juil 2007
Éléonore Weber est cinéaste (TEMPS MORTS, 2005 et LES HOMMES SANS GRAVITÉ, 2007). Pour le théâtre, elle a mis en scène JE M’APPELLE VANESSA de Laurent Quinton; elle est l’auteur de DÉCADRAGES (2003), et TU SUPPOSES UN COIN D’HERBE, écrit et mis -en scène en 2005.
Éléonore Weber est cinéaste (TEMPS MORTS, 2005 et LES HOMMES SANS GRAVITÉ, 2007). Pour le théâtre, elle a mis en scène JE M’APPELLE VANESSA de Laurent Quinton; elle est l’auteur de DÉCADRAGES (2003), et TU SUPPOSES UN COIN D’HERBE, écrit et mis -en scène en 2005.

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Éléonore Weber est cinéaste (TEMPS MORTS, 2005 et LES HOMMES SANS GRAVITÉ, 2007). Pour le théâtre, elle a mis en scène JE M’APPELLE VANESSA de Laurent Quinton; elle est l’auteur de DÉCADRAGES (2003), et TU SUPPOSES UN COIN D’HERBE, écrit et mis -en scène en 2005.
Éléonore Weber est cinéaste (TEMPS MORTS, 2005 et LES HOMMES SANS GRAVITÉ, 2007). Pour le théâtre, elle a mis en scène JE M’APPELLE VANESSA de Laurent Quinton; elle est l’auteur de DÉCADRAGES (2003), et TU SUPPOSES UN COIN D’HERBE, écrit et mis -en scène en 2005.
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 93 - Ecrire le monde autrement
93

SYLVIE MARTIN-LAHMANI : Dans TU SUPPOSES UN COIN D’HERBE (créa­tion 2005) et dans RENDRE UNE VIE VIVABLE N’A RIEN D’UNE QUESTION VAINE (créa­tion 2007, Avi­gnon), y a‑t-il une parole prépondérante : celle de l’intime ou celle du poli­tique ?

Éléonore Weber : Répon­dre à cette ques­tion est impos­si­ble. L’intime est pris dans le poli­tique et inverse­ment. Dire que l’un ou l’autre prime, c’est aus­si dire que ce sont deux choses dis­tinctes, ce que je ne crois pas. D’ailleurs, une parole rad­i­cale­ment intime est-elle pos­si­ble ? Le tra­vail con­siste à déjouer et à repér­er ces endroits pré­ten­du­ment intimes et qui sont juste­ment pris dans une norme, dans un mod­èle social. Cet exer­ci­ce de lucid­ité me sem­ble incon­tourn­able. Par ailleurs, dire « je » ou pro­pos­er une parole qu’on pour­rait facile­ment associ­er à un « je », ce n’est pas for­cé­ment et seule­ment être dans le réc­it de soi. On con­fond trop sou­vent le « je » et le « moi ». C’est aus­si faire le réc­it de la façon dont le dehors a imprégné le dedans. En réal­ité, à peine a‑t-on dit « je » qu’on est en dan­ger de dépos­ses­sion. C’est ce que je con­state tout le temps lorsque je par­le d’amour ou de sex­u­al­ité par exem­ple. Peut-être une parole per­son­nelle peut-elle exis­ter si elle met au jour les zones de souf­france liée à cette dépos­ses­sion et les lignes de front pos­si­bles.

S. M.-L.: Tout de même, dans TU SUPPOSES…, ton « je » est très présent. À un moment, il est ques­tion du fait que tu pleures à la place de ton père…

É. W. : On est bien d’accord : je demande à un homme de soix­ante ans qui s’est engagé toute sa vie dans des pro­jets de trans­for­ma­tion du monde ayant en grande par­tie échoué si cela le fait par­fois pleur­er. Il me répond que non. Alors je lui demande s’il pense que je pleure à sa place. Et il me demande à son tour si je pleure à sa place parce que je suis sa fille ou si je pleure à sa place parce que j’appartiens à la généra­tion qui est venue après. À quel titre est-ce que je pleure en fait ? Évidem­ment que je ne pleure pas seule­ment sur lui, sur moi ou sur notre rela­tion. À ce moment de l’échange, je n’ai pas le sen­ti­ment qu’il s’agit seule­ment de l’intimité d’un rap­port père-fille, et c’est pour­tant dans cet espace-là que je nous expose.

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Éléonore Weber
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Sylvie Martin-Lahmani
Professeure associée à la Sorbonne Nouvelle, Sylvie Martin-Lahmani s’intéresse à toutes les formes scéniques contemporaines....Plus d'info
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