Réécrire RICHARD III

Théâtre
Critique

Réécrire RICHARD III

Le 20 Juil 2007
LES REINES de Normand Chaurette, mise en scène Denis Marleau. Photo Yannick Macdonald.
LES REINES de Normand Chaurette, mise en scène Denis Marleau. Photo Yannick Macdonald.

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LES REINES de Normand Chaurette, mise en scène Denis Marleau. Photo Yannick Macdonald.
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Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 93 - Ecrire le monde autrement
93

RICHARD, le mon­stre, le tyran con­tin­ue à hanter l’imagination des dra­maturges à la fin du XXe siè­cle. Carme­lo Bene, Bernard Char­treux ou Nor­mand Chau­rette s’amusent à dire l’histoire de Shake­speare à leur manière, à con­stru­ire leur pro­pre Richard, à per­turber les sens ini­ti­aux et à en créer d’autres.

Dans son RICHARD III OU L’HORRIBLE NUIT D’UN HOMME DE GUERRE (1977), Carme­lo Bene pro­pose un Richard qui refuse de se figer dans une image établie à l’avance, et que l’on pour­rait re-présen­ter. Son per­son­nage se con­stru­it à même le texte, essaie des vari­antes de lui-même, con­naît des bal­bu­tiements, des moments d’incertitude, se perd, se retrou­ve, subit une dynamique dans le présent de la scène.

Comme le remar­que Gilles Deleuze1, le point de départ dans cette réécri­t­ure est représen­té par la sous­trac­tion de tous les élé­ments de pou­voir, des rois et des princes qui impo­saient une cer­taine lec­ture à la pièce shake­speari­enne. Une fois la lutte pour le trône achevée, le matéri­au textuel développe de nou­velles dimen­sions, présentes tout de même, en tant que vir­tu­al­ités, dans le texte ini­tial, shake­spearien. Comme la scène de Carme­lo Bene est occupée seule­ment par Richard et les femmes, la car­rière poli­tique rime désor­mais avec la con­quête éro­tique.

Dans un décor qui rap­pelle une loge d’acteur (miroirs, fleurs, un crâne, truquages), on assiste à la nais­sance du mon­stre. Le Richard de Bene se dédou­ble, il est à la fois le per­son­nage et l’acteur en quête de son rôle. D’abord une fig­ure en creux, un sem­blant de mon­stre dont la « petite nor­mal­ité » n’impressionne per­son­ne, il se con­stru­it en ajoutant à son habit noir des acces­soires défor­mants, pro­thès­es et mem­bres arti­fi­ciels. Le dra­maturge sur­prend les vari­a­tions du per­son­nage, ses hési­ta­tions. Les femmes qui le regar­dent devenir Richard répon­dent à ce proces­sus, en sont com­plices : la dif­for­mité les attire, et alors elles devi­en­nent aimantes, con­sen­tantes, et la nor­mal­ité sem­ble les effray­er.

L’intérêt de la réécri­t­ure de Carme­lo Bene con­siste, selon Gilles Deleuze, dans cette oscil­la­tion per­pétuelle, dans cette vari­a­tion con­tin­ue des gestes et des mou­ve­ments et, à tra­vers eux, du matériel textuel, qui change de sens au gré des méta­mor­phoses de Richard. En effet, la pièce de Bene naît dans les didas­calies, par­ti­c­ulière­ment nom­breuses qui, par les indi­ca­tions sur les gestes des per­son­nages, mod­i­fient des sens du texte emprun­té à Shake­speare.

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Dana Monah
Dana Monah est diplômée en langues modernes de l’Université Al. I. Cuza de Iasi, en...Plus d'info
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