La multitude des voix : représentation sonore de la foule au théâtre

Entretien
Théâtre

La multitude des voix : représentation sonore de la foule au théâtre

Entretien avec François Leymarie réalisé par Alisonne Sinard

Le 20 Oct 2016
Ça ira (1) Fin de Louis de Joël Pommerat, conception du son François Leymarie. Photo Elizabeth Carecchio.
Ça ira (1) Fin de Louis de Joël Pommerat, conception du son François Leymarie. Photo Elizabeth Carecchio.

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Ça ira (1) Fin de Louis de Joël Pommerat, conception du son François Leymarie. Photo Elizabeth Carecchio.
Ça ira (1) Fin de Louis de Joël Pommerat, conception du son François Leymarie. Photo Elizabeth Carecchio.
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 130 - Ancrage dans le réel / Théâtre National (Bruxelles) 2004-2017
130

Défla­gra­tions de canons, débor­de­ments de l’Assemblée et vir­u­lences de la foule : Ça ira (1) Fin de Louis plonge le spec­ta­teur dans une expéri­ence immer­sive du son. Joël Pom­mer­at donne à voir autant qu’à enten­dre le proces­sus révo­lu­tion­naire en marche. Dans une esthé­tique où la musique cède la place à la voix, la parole s’impose à l’aide des micros, et si les motifs sonores chers à l’esthétique de Pom­mer­at sont présents, ils n’en sont pas moins revis­ités. François Ley­marie, créa­teur son de la Com­pag­nie Louis Brouil­lard depuis 1993, nous racon­te, à la lumière des pièces précé­dentes, le proces­sus de créa­tion sonore.

Démultiplier les voix 

As Com­ment a débuté pour vous le proces­sus de créa­tion de Ça ira (1) Fin de Louis 

Fl Joël m’a téléphoné env­i­ron deux ans avant le début de la créa­tion. Il s’interrogeait à divers sujets : com­ment penser le son dans la per­spec­tive de représen­ter la foule au théâtre ? Com­ment don­ner à enten­dre et trou­ver le réal­isme de la mul­ti­tude, même avec peu de comé­di­ens, ou plutôt, était-il pos­si­ble de trich­er avec le son pour attein­dre une mul­ti­tude de voix ? Ces ques­tions fai­saient écho à une recherche sur la voix que nous avions déjà entamée à l’IRCAM1 avec Olivi­er Warus­fel et Manuel Polet­ti. Nous avons donc ten­té de résoudre une demande très pré­cise de Joël, com­ment faire enten­dre une voix à un endroit pré­cis du gradin sans pour autant que ça soit une per­son­ne physique. Il voulait que ces voix puis­sent être perçues comme très local­isées par le spec­ta­teur, pour qu’il tourne la tête vers quelqu’un qui serait en train de par­ler.

As Dans quelle(s) direction(s) avez-vous chem­iné pour résoudre cette ques­tion ? 

Fl Nous avons fait plusieurs ten­ta­tives : la pre­mière avec un sys­tème dévelop­pé par l’IRCAM qui s’appelle le WFS. Pour vous don­ner une image con­crète, c’est comme un objet sonore, une source recon­stru­ite à un endroit local­isé de la salle, une sorte d’holophonie2. Mais ce sys­tème, très util­isé pour la dif­fu­sion de la musique clas­sique ou con­tem­po­raine, est com­plexe et dif­fi­cile­ment trans­pos­able au théâtre, sans cesse en mou­ve­ment. Nous avons ensuite pen­sé à met­tre des enceintes à la place d’un spec­ta­teur, c’est-à-dire qu’en vous asseyant dans la salle, vous pou­viez avoir un voisin avec un cha­peau étrange, et ce serait en réal­ité un haut-par­leur déguisé. Cette solu­tion fonc­tion­nait mais était loin de don­ner l’idée de la mul­ti­tude sonore. Joël a ensuite eu une idée aus­si géniale qu’évidente : faire appel à des forces vives. Ce sont des gens volon­taires, qui vien­nent en plus des comé­di­ens, qui ont accep­té de jouer le jeu et de venir à des répéti­tions. Tout était donc basé sur la réal­ité sonore de la présence mul­ti­ple dans l’assemblée, ce qui revient à exploiter le réal­isme de l’humain, la présence humaine. 

As Le rôle du col­lec­tif est puis­sant dans Ça ira (1) Fin de Louis. Le spec­ta­teur est placé en immer­sion, les voix vien­nent de tous les côtés de la salle. 

Fl Joël imag­i­nait mal présen­ter l’action de manière frontale sur le plateau, cela ne cor­re­spondait pas à l’idée de foule autour de l’assemblée et de men­ace du peu­ple. Il a très vite pen­sé à cet aspect d’immersion du pub­lic, pour l’associer le plus pos­si­ble à l’action et qu’il se sente englobé dans ce proces­sus révo­lu­tion­naire. 

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Théâtre
François Leymarie
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Alisonne Sinard
Après un parcours d’études théâtrales, de littérature française (Paris III Sorbonne Nouvelle) et de management...Plus d'info
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