Rodriguez Vangama est le chef d’orchestre de Coup fatal. Il est guitariste et arrangeur sur le projet. Musicien autodidacte, il continue sans cesse à apprendre et progresser. Il travaille régulièrement comme accompagnateur avec les grands musiciens de Kinshasa. On le voit aussi en Belgique où il a travaillé avec Pierre Vaiana et Fabrizio Cassol. Il a aussi son propre groupe, (une formation composée d’un guitariste, d’un bassiste, d’un percussionniste, d’un claviériste et de quelques chanteurs) qui donne des concerts à Kinshasa.
Deb’s Bukaka est artiste musicien professionnel. Il a commencé tout petit comme chanteur d’une chorale dirigée par un prêtre hollandais. Cette chorale lui donné le goût de la musique. En grandissant, il s’est engagé dans une formation à l’Institut National des arts de Kinshasa. Pendant ses études à l’INA, il se perfectionnait dans des structures comme le Cedar, le centre d’études et de diffusion d’arts dont l’objectif est la préservation et la promotion des expressions traditionnelles et populaires et plus particulièrement de revaloriser les savoirs endogènes en les mettant à contribution dans la société d’aujourd’hui. Il était chercheur dans cette structure avec l’objectif de revaloriser les musiques et instruments traditionnels en les intégrant à la musique d’aujourd’hui. Cette expérience lui a permis de voyager, de jouer en Chine par exemple, ou en Belgique à l’occasion du projet Yambi et d’être sollicité pour participer à des projets comme Coup fatal.
Russel Tshiebua est avant tout chanteur mais joue aussi de la guitare d’accompagnement. Il est auteur compositeur et travaille également en solo. Il a commencé la musique très tôt en passant par la chorale mais il n’a pas suivi de filière classique d’école comme l’INA. Il est autodidacte. C’est aux contacts de musiciens, de maîtres, qu’il a approfondi son métier de musicien chanteur. Certains ont joué un rôle important comme Ferdinand Richard, le bassiste français. Il a eu l’occasion aussi de travailler avec le musicien malien Salif Keita et a suivi des ateliers avec Lokua Kanza.
Rodriguez Vangama : Coup fatal est un projet qu’on m’a proposé comme un « work in progress ». J’ai décidé de tenter l’aventure. Arrivé à Kin, j’ai proposé qu’on fasse des essais avec plusieurs musiciens et qu’on décide dans un deuxième temps d’une sélection avec ceux qui semblaient les mieux intégrés à l’esprit du projet et les plus avancés musicalement. Ce fut un long processus qui a duré quatre ans ! Il y a des gens qui étaient là au début et qui ne sont plus là maintenant.
Bernard Debroux : Qu’est ce que cette expérience de Coup fatal a de particulier pour vous ?
Rodriguez Vangama : Pour moi, c’est une expérience vraiment nouvelle. Ce n’était pas simple au début de s’adapter à cette forme de travail. Nous avions reçu chacun la musique classique sur CD. Il a fallu l’écouter et l’apprivoiser car elle ne correspondait pas à nos codes musicaux habituels. Il y a eu ensuite tout un travail d’adaptation de cette musique aux instruments traditionnels ; ce n’était pas évident ! Personnellement, ça m’a pris un travail de trois mois de réflexion pour entrer dans ce nouvel univers et pouvoir l’intégrer et l’adapter. Quand on s’est vu à la première répétition, c’était étrange pour tout le monde.
Russell Tshiebua : Ce n’était pas facile. C’était vraiment une nouvelle expérience, très exigeante. Aucun d’entre nous ne pouvait s’attendre à un résultat. Chaque fois qu’il y a un résultat, c’est surprenant ! C’est une démarche très motivante. Par certains côtés, c’est comme un atelier d’apprentissage. Le résultat de cette création n’est pas dû au hasard ; il n’est pas le fruit d’un tour de magie. Il y a beaucoup de travail, c’est une expérience vraiment « inouïe ». L’adaptation a été la partie la plus compliquée. Mettre le son d’un balafon sur de la musique baroque, ce n’est pas fait pour ! Ce qui est passionnant c’est que nous découvrons en travaillant des sons inédits, c’est très simulant.
B. D. : Croyez-vous que le public congolais va entrer dans cette démarche ?
R. V. : C’est une question d’habitude. Le public congolais n’a pas l’habitude d’écouter de la musique classique.
B. D. : Il y a, à Kinshasa, l’orchestre symphonique des kibanguistes.
R. V. : Oui, mais c’est réservé à un certain public.