La création d’un langage universel

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La création d’un langage universel

Entretien avec Rodriguez Vangama, Deb’s Bukaka et Russell Tshiebua

Le 23 Juil 2014
Rodriguez Vangama et Deb’s Bukaka, répétition de Coup fatal à Kinshasa, 2013. Photo Éric De Mildt.
Rodriguez Vangama et Deb’s Bukaka, répétition de Coup fatal à Kinshasa, 2013. Photo Éric De Mildt.

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Rodriguez Vangama et Deb’s Bukaka, répétition de Coup fatal à Kinshasa, 2013. Photo Éric De Mildt.
Rodriguez Vangama et Deb’s Bukaka, répétition de Coup fatal à Kinshasa, 2013. Photo Éric De Mildt.
Article publié pour le numéro
Couverture du 121-122-123 - Créer à Kinshasa
121 – 122-123

Rodriguez Vanga­ma est le chef d’orchestre de Coup fatal. Il est gui­tariste et arrangeur sur le pro­jet. Musi­cien auto­di­dacte, il con­tin­ue sans cesse à appren­dre et pro­gress­er. Il tra­vaille régulière­ment comme accom­pa­g­na­teur avec les grands musi­ciens de Kin­shasa. On le voit aus­si en Bel­gique où il a tra­vail­lé avec Pierre Vaiana et Fab­rizio Cas­sol. Il a aus­si son pro­pre groupe, (une for­ma­tion com­posée d’un gui­tariste, d’un bassiste, d’un per­cus­sion­niste, d’un clav­iériste et de quelques chanteurs) qui donne des con­certs à Kin­shasa.

Deb’s Buka­ka est artiste musi­cien pro­fes­sion­nel. Il a com­mencé tout petit comme chanteur d’une chorale dirigée par un prêtre hol­landais. Cette chorale lui don­né le goût de la musique. En gran­dis­sant, il s’est engagé dans une for­ma­tion à l’Institut Nation­al des arts de Kin­shasa. Pen­dant ses études à l’INA, il se per­fec­tion­nait dans des struc­tures comme le Cedar, le cen­tre d’études et de dif­fu­sion d’arts dont l’objectif est la préser­va­tion et la pro­mo­tion des expres­sions tra­di­tion­nelles et pop­u­laires et plus par­ti­c­ulière­ment de reval­oris­er les savoirs endogènes en les met­tant à con­tri­bu­tion dans la société d’aujourd’hui. Il était chercheur dans cette struc­ture avec l’objectif de reval­oris­er les musiques et instru­ments tra­di­tion­nels en les inté­grant à la musique d’aujourd’hui. Cette expéri­ence lui a per­mis de voy­ager, de jouer en Chine par exem­ple, ou en Bel­gique à l’occasion du pro­jet Yam­bi et d’être sol­lic­ité pour par­ticiper à des pro­jets comme Coup fatal.

Rus­sel Tshiebua est avant tout chanteur mais joue aus­si de la gui­tare d’accompagnement. Il est auteur com­pos­i­teur et tra­vaille égale­ment en solo. Il a com­mencé la musique très tôt en pas­sant par la chorale mais il n’a pas suivi de fil­ière clas­sique d’école comme l’INA. Il est auto­di­dacte. C’est aux con­tacts de musi­ciens, de maîtres, qu’il a appro­fon­di son méti­er de musi­cien chanteur. Cer­tains ont joué un rôle impor­tant comme Fer­di­nand Richard, le bassiste français. Il a eu l’occasion aus­si de tra­vailler avec le musi­cien malien Salif Kei­ta et a suivi des ate­liers avec Lokua Kan­za.

Rodriguez Vanga­ma : Coup fatal est un pro­jet qu’on m’a pro­posé comme un « work in progress ». J’ai décidé de ten­ter l’aventure. Arrivé à Kin, j’ai pro­posé qu’on fasse des essais avec plusieurs musi­ciens et qu’on décide dans un deux­ième temps d’une sélec­tion avec ceux qui sem­blaient les mieux inté­grés à l’esprit du pro­jet et les plus avancés musi­cale­ment. Ce fut un long proces­sus qui a duré qua­tre ans ! Il y a des gens qui étaient là au début et qui ne sont plus là main­tenant.

Bernard Debroux : Qu’est ce que cette expéri­ence de Coup fatal a de par­ti­c­uli­er pour vous ?

Rodriguez Vanga­ma : Pour moi, c’est une expéri­ence vrai­ment nou­velle. Ce n’était pas sim­ple au début de s’adapter à cette forme de tra­vail. Nous avions reçu cha­cun la musique clas­sique sur CD. Il a fal­lu l’écouter et l’apprivoiser car elle ne cor­re­spondait pas à nos codes musi­caux habituels. Il y a eu ensuite tout un tra­vail d’adaptation de cette musique aux instru­ments tra­di­tion­nels ; ce n’était pas évi­dent ! Per­son­nelle­ment, ça m’a pris un tra­vail de trois mois de réflex­ion pour entr­er dans ce nou­v­el univers et pou­voir l’intégrer et l’adapter. Quand on s’est vu à la pre­mière répéti­tion, c’était étrange pour tout le monde.

Rus­sell Tshiebua : Ce n’était pas facile. C’était vrai­ment une nou­velle expéri­ence, très exigeante. Aucun d’entre nous ne pou­vait s’attendre à un résul­tat. Chaque fois qu’il y a un résul­tat, c’est sur­prenant ! C’est une démarche très moti­vante. Par cer­tains côtés, c’est comme un ate­lier d’apprentissage. Le résul­tat de cette créa­tion n’est pas dû au hasard ; il n’est pas le fruit d’un tour de magie. Il y a beau­coup de tra­vail, c’est une expéri­ence vrai­ment « inouïe ». L’adaptation a été la par­tie la plus com­pliquée. Met­tre le son d’un bal­a­fon sur de la musique baroque, ce n’est pas fait pour ! Ce qui est pas­sion­nant c’est que nous décou­vrons en tra­vail­lant des sons inédits, c’est très sim­u­lant.

Bule Mpanya et Russel Tshiebua, répétition de Coup fatal à Kinshasa, 2013. Photo Éric De Mildt.
Bule Mpa­nya et Rus­sel Tshiebua, répétition de Coup fatal à Kin­shasa, 2013. Pho­to Éric De Mildt.

B. D. : Croyez-vous que le pub­lic con­go­lais va entr­er dans cette démarche ?

R. V. : C’est une ques­tion d’habitude. Le pub­lic con­go­lais n’a pas l’habitude d’écouter de la musique clas­sique.

B. D. : Il y a, à Kin­shasa, l’orchestre sym­phonique des kiban­guistes.

R. V. : Oui, mais c’est réservé à un cer­tain pub­lic.

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Fondateur et membre du comité de rédaction d'Alternatives théâtrales (directeur de publication de 1979 à...Plus d'info
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